T’as pas deux balles, cannibales ?
Cannibales se rient de l'enfant-roi (Pascal, Pensées)
Tiens ce matin en petit déjeunant dominical, je me suis mordu profond la langue.
Ça fait mal hein ! Mais ça m’aura au moins donné l’idée de vous causer du cannibalisme.
Une de mes premières notes de ce blogue, de juillet 2005, fut consacrée à ce régime alimentaire hors norme qui m’a toujours intrigué au plus haut point.
Il faut dire qu’en tant que loup-garou je suis concerné pour une moitié au moins par cette terrifiante et ancestrale attitude « sociétale » comme l’on dit au Collège de France, dans les tanières lunaires ou à la boucherie Sanzot…
Il me faut ce soir alors mâchouiller l’étymologie de ce vocable « cannibale » qui date du siècle n°16 au bas mot et qui a été remplacé depuis par le savant « anthropophage » qui vient lui tout simplement du grec anthropos (homme) et phagein (manger) C’est trop banal là hein !
Notre cannibale est exotique américain grave et du sud en plus car il nous vient sans fard de l’Ouest et fut certainement rapporté par le bon Christophe Colomb dont certains marins ont dû se faire mordre où je pense après avoir débarqué dans certaines îles des Caraïbes pour se ravitailler au supermarché du coin.
Selon certaines sources, ce substantif », attesté en Espagnol depuis 1492 et déjà utilisé par mon bon Maître François Rabelais (1483-1553) aurait été emprunté à un mot de la langue Arawak « caniba ou canniba » qui désigne les Caraïbes antillais et partant, les indigènes y survivant de leur cannibalisme ou pas.
D’autres comme Monsieur Rolin (CF XML Littré en lien à droite, pub) pensent que ce substantif provient du mot « callinago » pour les hommes et « callipona » pour les femmes du cru (ou du cuit) et néanmoins indigènes insulaires de ces terres lointaines dans et sous le vent.
Le mot francisé donna le verbe « cannibaliser » et l’adjectif « cannibalesque » que j’aime tout autant et qui me sont chers, sinon chair, surtout en cette période de « carnaval »
Ces Indiens Arawaks vinrent d’Amazonie et s’étaient installés sur ces îles et ils furent les premiers Américains purs beurres à rencontrer les gens bons blancs vêtus de boîte de conserve et importés d’Espagne gratos en grand emballage à fraise et à plume.
Après les mots, passons au signifié : L’anthropophagie n’est pas au départ une maladie ou une folie de pervers déjanté, ce fut une nécessité, une loi de survie pour bon nombre de nos ancêtres de tout poil, de tout pot et de toute cuisine.
Il me faut ici en effet à la fois casser et rétablir le mythe du « bon sauvage » colonisé voire « génocidé » par « l’infâme » Européen civilisé et voyageur.
J’ai lu pas mal de récit de voyage relatant l’extrême précarité de vie de bon nombre de tribus amérindiennes avant même leur contact avec la civilisation occidentale.
La repentance a aussi bien ses défauts que ses travers (de porcs)
Ne nous leurrons pas à cet égard, la plupart des Amérindiens crevaient la dalle six jours sur sept et s’entretuaient comme des bêtes sauvages entre ethnies pour une horde famélique de bisons ou un taillis de fraises des bois.
Ils étaient des nomades cueilleurs et chasseurs et furent bien peu enclins à l’agriculture ou à l’élevage (qui sont trop souvent fatigants, il faut le rappeler)
Bref, quand la bise fut venue, ils bouffaient ce qu’ils avaient sous la dent et par hasard de leur quête, la viande ou la tripaille de leur con de voisin importun et toujours chieur grave comme pas possible.
Toutefois, ils étaient humains comme vous et moi et pour cette gastronomie « hors du commun » ils surent vite mettre les formes, consignes et autres tralalas plus ou moins rituels sinon religieux.
On ne bouffe pas son ennemi comme une vulgaire patate d’eau douce même s’il en était une avant de passer à la casserole.
Il fallait pour ça l’accord et la bénédiction des plus hautes autorités qui soient, du grand chef à cinq plumes, du sorcier casse-couilles, d’une bonne vieille coutume éprouvée de chez Tradition et surtout l’intercession des dieux patentés et couillus poilus profus. Ah mais !
On dit que les Arawaks eux-mêmes avaient une pratique bien particulière quant aux animaux qu'ils tuaient : ils s'excusaient et les remerciaient pour leur viande.
C’est sympa et écologique non ?
Messieurs dames les chasseurs prenez-en de la graine (ou du plomb de la cervelle) !
Pour un cannibale de base, je ne vous raconte pas les formalités qu’il fallait remplir et faire signer pour enfin déguster son pot-au-feu ou son bifteck des familles, surtout qu’il paraît que la viande humaine serait filandreuse et nerveuse, voire dégueulasse fade même aux carottes et petits oignons (beurk !)
D’ailleurs je le sais bien car, il y a moins d’un an, j’ai moi-même bouffé le dernier cannibale de cette planète.
Mais bon, ces Indiens n’étaient pas des asociaux ou autres sauvageons incultes, bestiaux et déracinés de banlieue pourrie non plus hein !
Ces sauvages-là avaient bien plus d’humanité naturelle, instinctive, salutaire ou de bon sens que tout autre mort-vivant moderne, urbain et bétonniser : Ils étaient des humanistes avant l’être et l’avoir en quelque sorte.
Sur ce sujet enfin, en oubliant un peu ce brave Rousseau, il faudrait relire les Essais de notre bon Montaigne et je vous conseille aussi la superbe, passionnante et effrayante « relation de voyage » (1527-1537) de Alvar Nunez Cabeza de Vaca (Collection Terres d’aventures aux éditions Actes Sud)
Bon sinon, bon appétit quand même les gens hein !
Illustration : Cannibalisme au Brésil en 1557 Source : Wikipedia
Référence : Ma note « Cannibale indigeste » du 17 juillet 2005
Fin de loup
Tiens ce matin en petit déjeunant dominical, je me suis mordu profond la langue.
Ça fait mal hein ! Mais ça m’aura au moins donné l’idée de vous causer du cannibalisme.
Une de mes premières notes de ce blogue, de juillet 2005, fut consacrée à ce régime alimentaire hors norme qui m’a toujours intrigué au plus haut point.
Il faut dire qu’en tant que loup-garou je suis concerné pour une moitié au moins par cette terrifiante et ancestrale attitude « sociétale » comme l’on dit au Collège de France, dans les tanières lunaires ou à la boucherie Sanzot…
Il me faut ce soir alors mâchouiller l’étymologie de ce vocable « cannibale » qui date du siècle n°16 au bas mot et qui a été remplacé depuis par le savant « anthropophage » qui vient lui tout simplement du grec anthropos (homme) et phagein (manger) C’est trop banal là hein !
Notre cannibale est exotique américain grave et du sud en plus car il nous vient sans fard de l’Ouest et fut certainement rapporté par le bon Christophe Colomb dont certains marins ont dû se faire mordre où je pense après avoir débarqué dans certaines îles des Caraïbes pour se ravitailler au supermarché du coin.
Selon certaines sources, ce substantif », attesté en Espagnol depuis 1492 et déjà utilisé par mon bon Maître François Rabelais (1483-1553) aurait été emprunté à un mot de la langue Arawak « caniba ou canniba » qui désigne les Caraïbes antillais et partant, les indigènes y survivant de leur cannibalisme ou pas.
D’autres comme Monsieur Rolin (CF XML Littré en lien à droite, pub) pensent que ce substantif provient du mot « callinago » pour les hommes et « callipona » pour les femmes du cru (ou du cuit) et néanmoins indigènes insulaires de ces terres lointaines dans et sous le vent.
Le mot francisé donna le verbe « cannibaliser » et l’adjectif « cannibalesque » que j’aime tout autant et qui me sont chers, sinon chair, surtout en cette période de « carnaval »
Ces Indiens Arawaks vinrent d’Amazonie et s’étaient installés sur ces îles et ils furent les premiers Américains purs beurres à rencontrer les gens bons blancs vêtus de boîte de conserve et importés d’Espagne gratos en grand emballage à fraise et à plume.
Après les mots, passons au signifié : L’anthropophagie n’est pas au départ une maladie ou une folie de pervers déjanté, ce fut une nécessité, une loi de survie pour bon nombre de nos ancêtres de tout poil, de tout pot et de toute cuisine.
Il me faut ici en effet à la fois casser et rétablir le mythe du « bon sauvage » colonisé voire « génocidé » par « l’infâme » Européen civilisé et voyageur.
J’ai lu pas mal de récit de voyage relatant l’extrême précarité de vie de bon nombre de tribus amérindiennes avant même leur contact avec la civilisation occidentale.
La repentance a aussi bien ses défauts que ses travers (de porcs)
Ne nous leurrons pas à cet égard, la plupart des Amérindiens crevaient la dalle six jours sur sept et s’entretuaient comme des bêtes sauvages entre ethnies pour une horde famélique de bisons ou un taillis de fraises des bois.
Ils étaient des nomades cueilleurs et chasseurs et furent bien peu enclins à l’agriculture ou à l’élevage (qui sont trop souvent fatigants, il faut le rappeler)
Bref, quand la bise fut venue, ils bouffaient ce qu’ils avaient sous la dent et par hasard de leur quête, la viande ou la tripaille de leur con de voisin importun et toujours chieur grave comme pas possible.
Toutefois, ils étaient humains comme vous et moi et pour cette gastronomie « hors du commun » ils surent vite mettre les formes, consignes et autres tralalas plus ou moins rituels sinon religieux.
On ne bouffe pas son ennemi comme une vulgaire patate d’eau douce même s’il en était une avant de passer à la casserole.
Il fallait pour ça l’accord et la bénédiction des plus hautes autorités qui soient, du grand chef à cinq plumes, du sorcier casse-couilles, d’une bonne vieille coutume éprouvée de chez Tradition et surtout l’intercession des dieux patentés et couillus poilus profus. Ah mais !
On dit que les Arawaks eux-mêmes avaient une pratique bien particulière quant aux animaux qu'ils tuaient : ils s'excusaient et les remerciaient pour leur viande.
C’est sympa et écologique non ?
Messieurs dames les chasseurs prenez-en de la graine (ou du plomb de la cervelle) !
Pour un cannibale de base, je ne vous raconte pas les formalités qu’il fallait remplir et faire signer pour enfin déguster son pot-au-feu ou son bifteck des familles, surtout qu’il paraît que la viande humaine serait filandreuse et nerveuse, voire dégueulasse fade même aux carottes et petits oignons (beurk !)
D’ailleurs je le sais bien car, il y a moins d’un an, j’ai moi-même bouffé le dernier cannibale de cette planète.
Mais bon, ces Indiens n’étaient pas des asociaux ou autres sauvageons incultes, bestiaux et déracinés de banlieue pourrie non plus hein !
Ces sauvages-là avaient bien plus d’humanité naturelle, instinctive, salutaire ou de bon sens que tout autre mort-vivant moderne, urbain et bétonniser : Ils étaient des humanistes avant l’être et l’avoir en quelque sorte.
Sur ce sujet enfin, en oubliant un peu ce brave Rousseau, il faudrait relire les Essais de notre bon Montaigne et je vous conseille aussi la superbe, passionnante et effrayante « relation de voyage » (1527-1537) de Alvar Nunez Cabeza de Vaca (Collection Terres d’aventures aux éditions Actes Sud)
Bon sinon, bon appétit quand même les gens hein !
Illustration : Cannibalisme au Brésil en 1557 Source : Wikipedia
Référence : Ma note « Cannibale indigeste » du 17 juillet 2005
Fin de loup
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