Le mystère de la pile de Cinq-Mars — avec iCul gourmand

5 Mars 2024 , Rédigé par GJG Publié dans #Histoires d'Histoire, #Lieux, #Rabelais, #François Villon

« Mon Dieu ! Qu'est-ce que ce monde ? » (dernières paroles sur l’échafaud de
Henri Coëffier de Ruzé d'Effiat, marquis de Cinq-Mars, 1620-1642)
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« [Cette jument] avait la queue horrible, car elle était, plus ou moins, grosse comme la pile de Saint Mars, auprès de Langeais, et ainsi carrée, avec les poils ni plus ni moins ennicrochés que sont les épis de blé » (Rabelais, Gargantua, chapitre XVI)

Puisque nous sommes pile-poil un mardi (jour de la planète Mars) et le cinquième jour du mois de mars (le dieu romain de la guerre), je vais vous causer non pas du jeune marquis de Cinq-Mars qui, à vingt ans, perdant la tête, se ruina à courtiser et à guerroyer en de riches lieux, mais de la mystérieuse pile de Cinq-Mars qui plus de deux mille ans après son érection est tout, sauf une ruine.
C’est une tour carrée en briques d’environ trente mètres de hauteur et de cinq mètres de largeur qui se dresse à flanc de coteau de la Loire, sur la commune de Cinq-Mars-la-Pile, dans l’Indre-et-Loire de notre belle Touraine, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Tours.
Ce vénérable édifice qui vaut le détour daterait du deuxième ou troisième siècle de notre ère, mais certains la croient encore plus ancienne ; c’est vous dire qu’elle en a vu passer des gueux, des Gaulois, des Romains, des barbares,des Vikings, des Français, des Anglais, des Allemands, des marquis, des cardinaux, des rois et des empereurs.
Et même des géants tels Gargantua l’ont regardée les voir vaquer à leurs occupations touristiques et gastronomiques.
Et au gré des religions et des régimes, elle fut nommée « Quintus Martius », « Saint Mars » puis Cinq-Mars.
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Mais le mystère de cette pile est, que malgré les bafferies séculaires de bon nombre d’archéologues et d’historiens, on ne sait toujours pas, au jour d’aujourd’hui, cinq mars 2024, qui a bâti cette pile et surtout, à quoi elle sert.
On pourrait y voir un pigeonnier, une tour de garde, mais il est laborieux, voire dangereux d’y monter et d’en descendre prestement.
Une borne, un repère pour les mariniers de la Loire ?
On pourrait parier sur un clocher, mais du temps de Vercingétorix ou de Tibère , les cloches de bronze ou de chair n’étaient pas encore venues de Rome ou de Paris.
On s’accorderait plus volontiers sur un monument marquant la tombe ou la mémoire d’un illustre personnage — un mausolée ou un cénotaphe, comme ils disent — mais on ignore encore de qui il s’agissait.
Était-il un joyeux turon mégalomane — les indigènes primitifs et gaulois qui ont donné son nom à notre douce province de Touraine ?
Était-il un riche et fourbe collaborateur gallo-romain ?
Était-il un noble et fier occupant romain comme le voudraient quelques érudits et d’autres légendes en évoquant un certain « Quintus Marcius Crispus » (Cinq Marc ou Quentin Martial en bas picard) qui fut un pote de Jules (César, pas Hollande) et qui passa par là lors de son tour de Gaule (militaire, pas cycliste) ?
C’était peut-être aussi le patron d’une entreprise de maçonnerie qui a voulu se faire de la pub en érigeant le faire-savoir costaud de son solide savoir-faire ?
On rêverait aussi d’y trouver les tombes des deux magnifiques François que furent Rabelais et Villon !
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Pour ma part, j’aimerais que ce fût un humble et grand amateur — genre Facteur Cheval ou troupe de scouts qui élevât ce machin pilesque pour s’occuper, pour passer son temps antique, pour l’Art, pour son plaisir et du reste, pour le bonheur des petits et des grands pour des cierges et des siècles et surtout, pour ne servir à rien d’autre.
Elle ne sert peut-être à rien sinon à faire causer des imbéciles de mon genre, mais comme disait la dynamique marquise Varta de Volt d’Ampère : « une pile qui ne sert à rien, ne s’use pas » — CQFD.
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Quand je serai grand, sage et pileux, j’irai voir la pile de Cinq-Mars.