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Martin-Lothar

Quand Apollon s’en balance

20 Septembre 2010 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Nature & sciences

PicabiaPeseurDame.jpgNous sommes tous pondérables, je le sais, mais je me balance un peu de mon poids et je ne me pèse que très rarement.

Pourtant, on fabrique maintenant des balances sophistiquées et rigolotes qui par exemple, parlent comme des horloges soit pour vous engueuler soit pour vous féliciter de vous être bien serré la ceinture.

Je suis certain que dans un avenir proche, on inventera des machines à peser capables de verrouiller la porte de la cuisine ou au contraire, de commander via l’internet votre poids en beurre demi-sel ou en caviar.

Il y a quelques mois, à l’occasion d’une visite médicale, j’ai découvert qu’il existait déjà ce truc incroyable qui se nomme « impédance mètre »

En fait, c’est une balance comme vous et moi, sauf qu’elle vous balance de l’électricité dans le corps et analyse votre métabolisme en long, en large, en travers (de porc), en graisse, en flotte, en chair et en os, en nerf et en chausses.

Il suffit de monter dessus tout nu, mais pas mouillé, d’entrer sa taille et son âge dans l’ordinateur de bord et hop, en quelques secondes vous connaissez tout de vous jusqu’au moindre milligramme :

Ça vous donne votre poids (ce qui est la moindre des choses pour une balance), mais aussi, votre masse hydrique (notre corps contient plus de 60 % de flotte naturelle, sans compter les autres liquides supposés bus avec ou sans modération) votre masse graisseuse, votre taux d’obésité (chez moi, inférieur à l’inflation française de 2009), votre âge métabolique (je ne sais pas trop ce que c’est, mais pour moi, il est inférieur de quinze ans à mon âge calendaire et largement négatif si on retranche ces quinze années de mon âge mental).

Ça vous donne aussi les poids de vos muscles, de vos tripes, de vos poils, écailles ou plumes, celui de vos deux cent six os et tout un tas de pourcentages à vous foutre le tournis (et les boules) quand vous descendez du truc qui vous crache aussitôt un papelard avec tout ça écrit dessus.

Attention, ce machin ne calcule pas votre QI et ne détecte ni les mensonges, ni vos vices préférés ou défauts mignons.

Inutile de vous dire que la doctoresse, avec une certaine lueur d’admiration dans les yeux, m’a assuré que je n’étais pas très loin du « standard apollinien » (elle ne l’a pas dit tout à fait comme ça, mais c’est bien ce que j’ai compris, alors…)

 

Bon sinon, ça fait bizarre de repartir d’une telle pesée avec le papier des résultats en main : on a l’impression de quitter le rayon boucherie d’un supermarché et de se rendre à la caisse pour payer sa propre (ou sale) viande.

Il n’y a aucun prix au kilo bien sûr, mais avec tous les détails désormais connus de votre corps, et par les étiquettes du pied de porc, du sauté de mouton, de la tête de veau, des tripes normandes ou du boudin antillais, vous pouvez calculer au centime près ce qu’un équarrisseur anthropophagique pourrait vous offrir de votre viande, abats, oreilles, zizi et autres os à moelle. (On ne sait jamais, mais ça pourrait servir un jour, en cas de revers de fortune ou de hausse massive des impôts)

 

Cela étant, je suis très déçu par le poids de mon squelette : moi qui pensais avoir des os en béton armé, blindés à mort, l’impédance mètre ioda ne révèle que 2.9 misérables kilos padawaniques. (Pff, même pas trois)

Il est vrai qu’il me manque quatre dents de sagesse, mais quand même. Il s’agit sans doute d’un malentendu ou d’un mauvais contact lors de la pesée, et puis d’abord, l’erreur n’est pas seulement humaine, ah mais.

 

Autre chiffre balancé, j’ai une résistance de 497,4 hommes ohms, c’est grave docteur ?

Je ne sais pas trop quoi penser de cette mesure.

Primo, je ne connais aucun gugusse appartenant à ce mystérieux peuple des Ohms (je voyage très peu en fait) et secundo, je me demande ce qui se passerait si je refuse de prendre un tel maquis (on pète un plomb ?)

Remarquez, être capable de résister en théorie à près d’un demi-millier de tueurs sauvages voire cannibales ou à d’autres racailles cagoulées des banlieues fleuries, ce n’est pas donné à tout le monde. Dans le doute, je me dois d’en être fier.

 

Enfin, la machine ne dit pas quel est le poids de mon âme (damnée, faustée ou pas) : de deux choses l’une, soit elle ne sait pas le calculer, soit elle s’en tient à la fameuse théorie des 21 grammes, développée en 1907 par le médecin étasunien, Duncan MacDougall (1866-1920) et voulant, comme son nom l’indique, que l’âme humaine ne pèse que 21 grammes (ou trois quarts d’once)

D’ailleurs, je viens de relire le curieux petit roman de science-fiction écrit en 1931 par André Maurois (1885-1967), intitulé « les peseurs d’âmes » et qui s’inspire largement de cette théorie de MacDougall. (Je vous en conseille l’agréable lecture)

 

Nous sommes tous pondérables, mais c’est en corps sans gravité, ma bonne d’âme.

 

Illustration : Francis-Marie Martinez de Picabia, (1879-1953) illustration du livre « les peseurs d’âmes », d’André Maurois, éditions Roche (1931)

 

Lien : La théorie des 21 grammes.

 

 Fin de loup

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T
<br /> Et la vilaine ne s'appellerait pas Tanaka, Tanakia, Tanata... Un truc du genre?<br /> <br /> Elle sévit aussi dans la salle de sport que je visite (plus très régulièrement depuis quelques mois)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tippie : si tu le dis.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Vaut-il mieux pondre des rables qu'autre chose ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Saturnin : "Pondre de râbles" Excellent, mon lapin.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> et vous êtes APTE (ticket en main) ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Esther : Oui, il parait...<br /> <br /> <br /> <br />