Bayons et baillons les belles
22 Mars 2008 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Le Dico
Par un commentaire narquois sur mon billet du 20 mars dernier (Lagan d’équinoxe) la mélodieuse Giovinetta du blogue Frivoli et l’inénarrable Tippie de So Tippie Cal (en lien aussi à droite, pub) m’ont tour à tour fait une nique de chez Nananère sur mon orthographe du verbe « bayer »
Ça ne va pas ! Et même, ça ne va pas du tout !
Halte là les filles ; je m’insurge et en plus je m’indigne !
Or donc, je mords !
En effet, si l’on peut et l’on doit même me taquiner saignant sur ma grammaire qui, comme tous les Francophones le savent est une vénérable grand-mère aussi chiante et exigeante sur ses accords du participe passé que sur sa concordance des temps, je me pique de la moindre remarque sur mon vocabulaire.
J’ai d’ailleurs consacré à ce sujet une catégorie remarquable de notes sur ce blogue : « le dico du loup-garou » (en lien à gauche, pub)
Tout bon dictionnaire de la langue française digne de ce nom et de cette noble discipline se doit de définir les mots « bailler » « bâiller » et « bayer »
Les plus feignants de ces lexiques de plus en plus nombreux hélas, limitent l’emploi de ce dernier « bayer » à l’admiration béate et rêveuse des corneilles (nobles volatiles certes, mais qui ne sont pourtant ni en pierre ni de Saint-Thomas, même si ils prennent souvent racines sur les émaux lierre de la fontaine)
C’est une erreur, une injustice ; c’est un scandale !
Je ne vois aucune raison d’interdire de bayer à tout ce que l’on veut ; comme on veut et en toute circonstance.
De toute façon, c’est exactement le même geste et le même symptôme de la fatigue ou de l’ennui que ce qu’exprime l’autre verbe « bâiller » mais ce n’est pas une raison pour bayer en lisant cette note hein !
D’ailleurs, notre bayement est plus ancien, noble, authentique, aristocratique que le bâillement moderne de chez Dodo, Métro & Boulot Associés voire celui du journal de 20 heures, c’est clair, net et précis.
Tous les deux proviennent de l’auguste mot latin « batare » qui les bailla de son étymon ainsi que toutes leurs déclinaisons : Bâillement, bayement, bâilleur, bayeur, bayeuse, bâilleuse.
Ce « batare » qui fut aussi avec son propre cousin « badare » le père d’une tripotée de bâtards en tout genre, bayeurs ou pas, comme les mots : Bée, béant, badaud, badauder, badauderie.
Je n’oublie pas le magnifique verbe « bader » que j’avais noté il y a peu à la lecture d’une des notes si rafraîchissantes de la fabuleuse Mère Castor-garoue (en lien à gauche, pub) et qui signifie « regarder bouche bée »
J’ajoute que le verbe homonyme « bailler » hérité de « bail » (au pluriel, baux) qui donna bailleur, bailleresse, provient pour sa part du Latin « bajulare » (porter sur le dos, donner)
Ce Latin sans doute à l’origine aussi du mot « bahut » figure bien à la base de l’expression « bailler belle ou bailler bel » qui est un brin moqueuse quand on reçoit quelque chose d’inutile de chez Superfétatoire SARL.
Enfin, le verbe bayer a pour lui le grand avantage d’être simple et de ne jamais nous planter sur la présence ou pas de cet accent circonflexe de mes deux qui me les gonfle toujours à me les mordre comme pas possible.
Ce mot est de plus tout aussi gothique en diable qu’hellénique en Zeus avec son « Y » dans lequel mon esprit à jamais gamin devine un bonhomme levant les bras en signe de victoire, mais aussi et surtout, en geste de la pandiculation toujours associée au bayement et dont je vous ai déjà parlé dans ma note époustouflante du 19 février 2006 (CF lien enfin de cette note)
Or donc et subséquemment, pour tous ces motifs savants, je me dois de fustiger en public les propos taquins des susdites dames Giov et Tippie et cette leçon valant bien un hommage, je leur inflige une punition mémorable, lupine et néanmoins bloguienne :
Pour délit de lèse loup-garou, les dames Tippie et Giov sont condamnées à publier sur leur blogue respectif un texte d’au moins cent mots et dans lequel apparaîtra d’une manière sagace, bien amenée et compréhensible la phrase suivante : « Je ne dois pas bayer belle au loup-garou avec mes bayements »
Ce jugement est évidemment sans appel, recours, bayement ou autre hurlement d’Eve ou du vert Adam.
Que mes huissiers alertes et lupins signifient par toute la blogosphère cette sentence magnanime au plus vite, au plus concerné, au plus prêt et au plus juste afin que l’honneur des loups-garous soit ainsi indemne pour des siècles et des siècles, ah mais !
Note sur la pandiculation
Fin de loup
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