La douce musique du canon
3 Mars 2006 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Bach & fils
Ce soir du 21 mars 1685, Johann Pachelbel, âgé de 32 ans, sort assez déconfit de la leçon de musique qu’il vient de donner à un jeune
élève de 6 ans.
Le jeune Johann Christophe est en effet plus que doué dans cet art auquel Pachelbel a voué sa
vie.
Il faut dire que son élève est le rejeton de toute une lignée de musiciens établis à Eisenach (Thuringe,
Allemagne).
Sous une pluie torrentielle, il raccompagne le jeune Johann Christoph chez lui et décide d’aller boire un pot à
l’auberge Friedrich située non loin de la maison où vécu le théologien Martin Luther.
En rentrant dans l’estaminet bruyant
et enfumé, quelle n’est pas sa surprise d’apercevoir, assis, seul à une table, son ami Ambrosius, le père de son élève, musicien violoniste de son état et son plus grand
pote.
Johann, bien content de cette aubaine, s’invite à la table et commande une pinte de bière.
Johann félicite amplement Ambrosius pour les talents musicaux de son fils.
Ambrosius acquiesce avec modestie et annonce alors à Johann que sa femme a accouché d’un nouveau garçon, il y a moins d’une heure.
« Ah, dit Johann, encore un futur musicien ! »
« Oh
non, dit Ambrosius, il y a trop de musiciens dans cette famille, je crois plutôt que je ferai un théologien de celui-là »
«
Tu as raison Ambrosius dit Pachelbel, la théologie est une bien belle chose, et puis il n’y a plus grand avenir pour la musique en ces temps de sauvagerie »
« En plus pour ce qui concerne la composition, il n’y a plus rien à faire en Allemagne et en Europe, avec ces diables d’Italiens et de Français
qui ont déjà tout inventé et ont toutes les faveurs des grands de ce monde »
« Oui dit Ambrosius, mais j’espère que ce
nouveau-né aimera quand même la musique et qu’il la pratiquera à loisir avec ferveur entre deux passage de la Bible »
Pachelbel leva son bock et demanda : « Ambrosius, quel est le prénom de ce bébé ? »
Ambrosius réfléchit un peu et dit : « Je n’ai pas encore décidé, mais je crois bien que ce sera Sebastian, oui, ce sera Johann Sebastian !
»
« Et bien, dit Pachelbel, buvons et souhaitons longue vie à ton fils, le plus jeune théologien du monde, Johann
Sebastian Bach »
Ce soir de mars 1685, Johann Ambrosius Bach et Johann Pachelbel, ne se doutaient pas que le bébé qu’ils fêtaient ne
deviendrait jamais un grand théologien, bien que Jean-Sébastien Bach connût aussi bien sa Bible que son solfège !
Ils ne
savaient pas non plus qu’un mois auparavant, était né à Halle, non loin d’Eisenach, un certain Georg Friedrich Haendel et qu’en octobre de cette même année, naîtra à Naples, un certain Domenico
Scarlatti.
A Dijon en France, un enfant de deux ans, nommé Jean-Philippe Rameau commençait sans doute à tendre l’oreille «
aux jolies vibrations »
Le 18 octobre 1685, par un édit de Fontainebleau, le vieux roi de France Louis n° 14 révoquera l’Edit de Nantes forçant
ainsi plus de cinq cent mille huguenots (dont de nombreux musiciens) à partir et plongera ainsi son royaume dans la ruine, le chaos et l’obscurantisme.
Le compositeur allemand Johann Pachelbel né en 1653, mourut à Nuremberg le 3
mars 1706 ; il y a donc aujourd’hui exactement 300 ans.
C’était un grand ami de la famille Bach.
Il est surtout connu pour son illustrissime canon qui est au hit parade de la musique classique depuis des décennies et qui se dispute la première
place avec notamment, l’adagio d’Albinoni (1671-1751)…
Pachelbel a cependant composé de nombreuses pièces pour orgue, pour
clavecin ainsi qu’une soixantaine de cantates, de messes ou de Magnificat.
Sa composition est d’une grande simplicité et son
contrepoint un peu guindé est compensé largement par des mélodies magnifiques.
Le « canon » de Pachelbel est d’ailleurs la base de la chanson « Rain and tears » qui fut le tube en 1968 du groupe pop
les Aphrodit’s Child formé de Vangelis (qui a composé notamment depuis, de superbes musiques de film) Demis Roussos (!) et Loukas Sideras.
Moi, j’adore entendre le canon de Pachelbel…
J’aime
toujours les canons qui font de tels bruits.
J’aime bien en boire aussi d’ailleurs.
Je t’aime Johann Pachelbel et je ne t’oublie pas.
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