Je n’ai pas l’habitude de célébrer la naissance des grands hommes ; je préfère marquer le coup à l’anniversaire de leur mort, le moment où ils ont commencé à nous manquer cruellement.
Je fais une exception aujourd’hui, pour rappeler que Johann Sebastian Bach naquit il y a trois-cent-trente ans, un 31 mars 1685 (le 31, pour les Grégoire et le 21 mars, pour les Jules du calendrier), à Eisenach, Thuringe, Europe.
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Mes lecteurs savent que je suis un pilier de Bach et que JSB est un dieu pour moi comme pour beaucoup d’autres vivants et morts, et qu’il eût consacré toute son œuvre à Dieu, « à sa plus grande gloire », telle était sa devise ; ce qui fit écrire à Emil Cioran : « Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu. » (Syllogismes de l'amertume) »
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J’en rajoute avec un propos du chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler : « Aujourd'hui comme autrefois, Bach est le saint qui trône, inaccessible, au-dessus des nuages. [...] Bach fut le plus grand des musiciens, le Homère de la musique, dont la lumière resplendit au ciel de l'Europe musicale et, qu'en un sens, nous n'avons toujours pas dépassé »
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Bon, en 1685, deux autres dieux de la musique naquirent aussi, et pas des moindres :
Georg-Friedrich Haendel (le 23 février — je l’ai loupé)
Domenico Scarlatti (le 26 octobre, je l’aurai)
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Il y eut aussi un compositeur français en la personne de Louis-Antoine Dornel que je ne connais ni d’Ève ou du vert Adam.
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Cela dit, puisque nous sommes en pleine semaine sainte, à quelques jours de Pâques, je ne saurai m’empêcher de mentionner ce que je considère comme le nec plus ultra de l’œuvre de Bach (et donc, de la musique occidentale) : la Passion selon saint Jean (BWV 244) qu’il composa en 1724.
Un truc qui fit dire à certains que Bach était le cinquième évangéliste.
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Or donc et subséquemment, je reparlerai de ma passion et des siennes, vendredi prochain, le jour de la Passion ou jamais, quoi.
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Trois-cent-trente après, on t’aime toujours divin JSB. Tu es certes un dieu parmi les autres, mais les vibrants esprits et les âmes enchantées sont tes prophètes, pour ta plus grande gloire et notre parfait bonheur et pour des cierges et des siècles, ah, mais.
Grâce à toi et malgré tous les bobards
Les loups survivent de l’art
Mon vieux Bach
Note en rappel (coda) : le mot allemand « bach » (prononcer : « bar ») signifie « ruisseau », sachant que le plus lointain ancêtre connu de JSB était meunier de son état et de son métier. Bref, c’est du liquide en baguette, du pain et du vin bénis ad libitum.
Illustration : Bach en 1715 et donc à trente ans (source Wikipédia)
Fin de loup