L’amer des Sargasses
25 Mars 2009 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Angoisses
Quand j’étais gosse, je ne sais plus quel farceur m’avait invité à aller bâtir des châteaux de sable sur une des plages de la mer des Sargasses.
C’était très tentant, je me souviens, surtout qu’il m’avait évoqué toutes les qualités de cet étrange lieu balnéaire où il n’y a pas de vague abrutie ou d’abruti vague pour saper votre patiente construction arénifère ; où le vent ne met jamais les pieds ni son grain de sel dans les yeux et où l’eau est pleine d’herbes et de trucs rigolos à regarder ou à tripoter.
Une sorte de Paradis, une plage d’île déserte ou de centre du monde quoi et je m’imaginais l’archipel des Sargasses comme un immense et radieux bac à sable de calme, de luxe et de volupté où l’on pouvait, éternellement nu et libre, faire ses pâtés en chatonnant et en rêvant loin de la vaine agitation adulte.
Malheureusement, notre projet qui m’avait fait bien rêvé est resté sans suite et ce n’est que plusieurs années après que j’ai découvert, amer, que ce pote m’avait mené en bateau et même en pédalo nucléaire en se foutant impérial de ma gueule.
Je rappelle en effet aux cancres las qui se grattent le nombril en bayant large au fond de la blogosphère que cette mer dite des Sargasses est la seule étendue d’eau de la planète à n’avoir pas de rivages et subséquemment, pas de plages idéales puisqu’elle se trouve en plein milieu de l’océan de chez Atlantique qui, depuis des lustres et des lustres marins ne cesse de tourner fébrile autour d’elle comme une poule autour d’un dénoyauteur de pastèque.
C’est une sorte d’île si l’on veut, mais pleine de flotte : Une anti-île, une île quantique.
La mer des Sargasses doit son nom à l’italien « sargazzo » (varech) et c’est Christophe Colomb qui, le premier, y pataugea lamentable.
Ce lieu peu banal a été créé par effet de Coriolis qui n’est pas un Titan mythique, mais une force inertielle, physique et planétaire pleine de gravité, de gravitation, de centres qui pètent et qui fugent ou pas.
Les années ayant passées comme un vol des mouettes sur une marée basse en hiver, je ne suis plus l’amer des Sargasses.
En fait, ce trou de golf Stream doit être d’un ennui à mourir car à part quelques glouglous à bulles toutes les quatre heures entre deux varechs flottant amorphes, gras et dégoûtants, il ne se passe rien, absolument rien.
Bref, ce n’est pas de la balle.
C’est au fond que ça s’agite et frétille lubrique et goulu, mais ça n’intéresse que les anguilles ou d’autres hôtes de ces bois sous-marins et obscurs.
Je trouverai bien un autre bac à sable hein !
Illustration : Willem van de VELDE le jeune (1633, 1707) Mer calme, Huile sur bois (51,6 x 56,5 cm) Alte Pinakothek, Munich, Europe.
Fin de loup
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 671 Angoisses
- 366 Quantiques du loup
- 301 Divers et d'autres saisons
- 242 Lagans
- 225 Runes
- 192 Bloguerie
- 116 Nature & sciences
- 104 Loups et loups-garous
- 99 Le Dico
- 96 Le manuel de survie
- 79 iCuls & haïkus
- 68 Histoires d'Histoire
- 62 Bestiaire
- 50 Quantisme
- 19 Lieux
- 17 Bach & fils
- 13 Boire & manger
- 13 Dürer
- 13 Épitaphes
- 11 Nuages
- 9 Europe
- 8 Cioran
- 8 Contes du Labyrinthe
- 8 Rabelais
- 7 François Villon
- 7 L'Omekilekon
- 7 Spectres
- 6 David
- 6 Piero di Cosimo
- 5 Jules Verne
- 5 Van Gogh
- 4 Lichtenberg
- 4 Martiens
- 4 Stephen King
- 3 Alexandre Vialatte
- 3 Arthur Rimbaud
- 3 Bosch
- 3 Giono
- 3 Mythologie
- 3 Saint-Exupéry
- 2 Albert Camus
- 2 Baudelaire
- 2 Bonaparte
- 2 Cormac McCarthy
- 2 Courbet
- 2 Descartes
- 2 Friedrich
- 2 Graffitis
- 2 Hugo (Victor)
- 2 Jules Renard
Archives
Liens