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Martin-Lothar

La racaille, le bouffon, le chenapan et l’incendie consécutif (fable)

3 Décembre 2010 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Le Dico

Au point où j'en suis, je me paie l'humble luxe de la rééédition d'un billet du 3 décembre 2005 et de ses coms (cinq ans déjà ! C'est comme si c'était demain — et de mes deux mains aussi hein !) :

Ce soir, je me penche – sans trop me casser la gueule, j’espère – sur les étymologies de mots entendus récemment : Racaille, canaille, bouffon, incendie, chenapan, voyou et sacripant.

L’actualité a été récemment pleine de « racailles »
Ce mot a pour origine le Latin vulgaire « rasicare » (vulgaire toi-même, hé bouffon !)
Il vient cependant directement du normand ou picard « rascaille » issu lui-même du verbe « raquer ou rasquer »
Tous ces mots ont pour ancêtre le latin « radere, rasus » qui signifie « raser » ou « racler »
Ils ont des petites sœurs par « raclure », « rascasse » (poisson hérissé) ou « raclette »
Des petits frères : « râle, râler », « racloir »
Et pas mal de cousins : « ras » (le bol), « raz-de-marée » (une sorte de tsunami), « rez-de-chaussée » (de HLM), « rase-mottes » (comme un vol de cocktail de chez Molotov), « raseur, rasoir », « ratiboiser », « rature », « rastaquouère, rasta », « râteau » ou « râtelier »

Parmi cette racaille, il y a pas mal de « canailles »
Ce mot « canaille » vient directement de l’ancien français « chiennaille » qui a pris avec les copistes, des ascendances latines par son préfixe.
Le chien errant est redevenu le « canis » sur le papier, puis une « canaille »

Le chien peut-être souvent un « bouffon » et un « bouffeur » pour sa mémère :
Le bouffon nous vient directement d’Italie « buffone » et a dû être construit sur une onomatopée (b, f) exprimant le gonflement.
C’est un mot relativement récent (siècle n° 16) à rapprocher de « pouffer, pouf » et « pouffiasse »
Ainsi, le bouffon a des cousins de « bouffe, bâfrer », de « baffe » (la joue gonflée après), « bafouiller » de « boue », « bouffi », « éboueur » (un orgueil bouffi d’ordures), « biffer, rebiffer », « bafouiller » (après la baffe) et « biffin » (chiffonnier, puis fantassin)
Le bouffon du roi était chargé de le faire rire (et de le sortir un peu de la boîte logique ou du train-train quotidien de la cour)
Généralement, il oeuvrait pendant les repas (bouffe) et déconnait à mort sur tous les autres bouffons titrés et mitrés du royaume et de Navarre (sauf ze king, of course)   
Le dernier bouffon « officiel » de la cour de France était nommé Abgély et faisait le fou devant Louis numéro 14.

Le petit chenapan nous vient tout droit d’Allemagne :
Il appartient en effet à une famille germaine de « schnappen » qui signifie « attraper ou aspirer »
Les membres de cette famille buvaient d’ailleurs tous du « schnaps » qu’ils aspiraient « cul sec » dans un petit verre ad hoc (comme disait le Capitaine)
Le chenapan a pour papa le mot allemand « schnapphahn » qui veut dire « maraudeur » et littéralement « attrape coq »

Le voyou est également un Allemand :
Il vient de « Weg » qui a donné « voie » et du suffixe « ou » qui signifie en vieux François « ils » ou « eux » : ce sont eux les (mauvais) garçons de la rue.   

Le sacripant, lui, vient d’Italie.
Et de la comédie italienne : un personnage nommé Sacripante.

Enfin le mot incendie :
Je vous ai déjà parlé de l’étymologie de bagnole dans ce blogue.
Le mot « incendie » vient de « chandelle » et ont tous les deux une ancêtre latine très radicale : « cand- » puis « cendere »
Ainsi, notre incendie a pour cousins très proches : Chandeleur, chandelier, encens, candidat, candide ou candeur.

 

 

Devoir :
Composer un petit texte contenant tous les mots dont je viens de vous extraire la racine tel un dentiste de base : me le rendre en commentaire, aussi vite que possible ou le poster sur votre blogue.
 Je relève les copies mercredi, bandes de voyous.

 



Fin de loup

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