Tu es Paul…
Le beau et électro-acoustique Zetron (qui est toujours content ; a parfois un beau Paul haut et qui est en lien aussi à droite, pub) m’a violemment cassé sur l’épaule ma question du jour n° 236 par un commentaire juste, concerné, appliqué et impliqué.
En effet et en bon François, les prénoms « Paul » et « Paule » ne se prononce pas de la même façon.
Si l’être ainsi baptisé a un popaul, on doit prononcer « pol » (comme « col » ou « bol » c’est-à-dire avec un « o » ouvert tendant vers le « a » sans toutefois allé jusqu’au pal.
A l’opposée (et non à l’inverse – quoique) s’il s’agit d’une meuf, d’une enceinte Paule ou d’une née Paule et que le prénom se termine avec un « e » (pas un nœud, pff !) il faut émettre une syllabe fermée, accentuée grave comme pour « épaule » sans aller jusqu'au fond du pôle non plus.
Bref, le « L » est aérien et s’envole, alors que le « e » est terrestre, d’eau profonde, souterrain voire autiste.
Les musiciens diraient sans doute qu’entre les Paul hauts sans œufs qui ont mâle à l’épaule et les Paule nées au pôle ou non et autres Paule cas, il y a un bémol, mais non d’abée môle.
Sauf erreur de ma part, c’est bien le seul prénom voire le seul mot français qui se prononce différemment selon qu’il est masculin ou féminin.
Il y a bien le mot « os » qui est un gosse au singulier et qui se gausse en pluriel alors qu’il a le même « sque-lettre » !
Paul et Mickey ou les Waterloo des waters loups
Par son commentaire aussi, Zetron m’a rappelé une sombre bataille de mon enfance.
Alors que j’avais neuf ans, ma famille émigra de ma Picardie natale vers l’Ile de France Parisienne, tête de chienne.
Je passai ainsi non seulement d’une école privée, urbaine et catholique à une communale champêtre et républicaine, mais je quittai aussi un monde de sons pour un autre.
Mon nouvel instituteur enseignant évidemment un Français académique, colbertiste, juleferrien, centraliste, polarisé et parisien ne l’entendait pas de cette oreille et n’a jamais admis qu’un petit Picard (con et gelé) de mon origine et de ma condition ne fasse aucune différence entre l’aigu et le grave, notamment pour ce qui concerne les « é, è, ê » et les « os » des Paul ou d’autres membres de cette belle académie.
De plus (ô infamie, ô rage et désespoir !) comme les Ch’ti de Ch’Nord (le chtimi étant une variété de Picard, je le rappelle) je prononçais les « a » comme les « o » et vice vertu.
En Picardie en Somme, tout est aigu et rien n’est grave en somme et les Paul n’ont pas de sexe ou sont toujours des gars (ou des go)
A neuf ans, je ne disais pas « un chat » mais « un chot » que l’animal fut un chaud lapin ou pas ou qu’il ait du chien ou non
D’ailleurs, le chat en Picard (d’Amiens) se dit : « en’ cot » (n’ko)
Bien évidemment, je prononçais « Paule » et pôle comme « Paul »
Bon aujourd’hui, je fais la différence car d’une manière générale en France, les accents « régionaux » sont réprimés (et souvent autocensurés) au profit d’un parler parisien plat comme ma main et l’on entend rarement sur les chaînes du PAF national (radio ou télé) les accents chantants des quatre coins de l’hexagone (comme disait l’autre) ou de la Francophonie : Il n’y a toujours et hélas bons becs que de Paris, fortifiés, enfermés, momifiés et jamais libérés…
Ce sont pourtant ces différences régionales qui font vivre ou survivre une langue, mais bon…
Pour parler franc, sinon français, mes premiers mois franciliens furent donc assez pénibles de ce côté (cathé) et de ce catéchisme-là…
Tiens, à propos de catéchisme et de Paul…
Le Paul qui faisait l'épitre sur l'épaule de Pierre
Le calembour est la fiente de l’esprit qui vole (Victor Hugo)
Encore faut-il que l’esprit vole mon bon Victor et qu’il soit libre de toute sclérose, hypocrisie ou autre vanité académique et momifié.
Il peut causer le Totor, lui qui cultiva le calembour peu ou prou en écrivant notamment « Dis moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu hais » !
Car en vérité, je vous le dis mes frères de tout sexe, le prénom Paul se prête au calembour et au jeu de mot tout aussi bien que celui de Pierre.
Deux prénoms de blogueurs (en lien à droite, pub) mais aussi de deux apôtres et pas des moindres car ils fondèrent dans la romantique Rome antique, tels Remus et Romulus, l’église catholique
apostolique et romaine.
Pierre en bétonnant les fondations en pierres ; Paul en écrivant la publicité sur son épaule.
Les anciens de tout poil et de toute langue usaient du calembour bien avant que Jésus de chez Christ Père et Fils fasse le fameux : « Tu es Petrus et super hanc petram Ecclesiam meam
aedificabo » (Matthieu 16.18-19) ou « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon église »
A l’origine,
cette phrase fut sans doute prononcée en Araméen (la langue des apôtres et de leur gourou) où ce jeu de mot marcherait aussi comme sur des roulettes qu'en Latin en Grec et en
Français.
Le doux Jésus pour pouvoir dire ça, il a ramé hein !
En Araméen, Pierre portait le nom de « Képha » qui signifie « rocher »
Il
est certain que ça n’aurait pas eu tant d’écho avec le prénom « Paul » car un « Tu es Paul et sur cette épaule, je bâtirai… » ne va bien qu’en Français que le Christ ne parlait pas (Hou
le cancre !)
Comme quoi le jeu de mot et le calembour sont des outils redoutables et efficaces pour l’écrivain, le poète ou l’orateur.
Jouer avec les mots, c’est entretenir, lubrifier, graisser, restructurer, dépoussiérer son esprit.
Les mots ne sont que des outils comme la truelle, le marteau, la scie, le clou, la pierre à polir (1) le couteau à huître la pierre ponce (pas
Pilate hein !) et le parfait artisan n’a souvent d’amis que ses outils et n’a de cesse de les fabriquer, les élever et les entretenir bien mieux que ses enfants parfois.
Et un bon mot est toujours à faire et à repasser (à du beau linge ou pas)
Ah mais !
Rompez mes frères.
(1) « Pierre à Paul lire » : Avouez que celui-là est beau et de circonstance
Illustration : Sandro Botticelli (1445-1510), lamentation sur la mort du Christ avec
Saint-Jérôme (ou Jean le Baptiste ?) Saint-Paul, Saint-Jean (Evangéliste ?), Saint-Marc ?, Saint Pierre, la Vierge, Madeleine et une sainte non identifiée. Tableau peint vers 1490 pour l’église
Saint-Paul de Florence et acquis plus tard par un certain Roi de Bavière. (Actuellement à la Pinacothèque de Munich, le tableau pas le roi hein !) Les géomètres et les symbolistes apprécieront
(ou pas)
Fin de loup