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Martin-Lothar

Je me deux, hein !

11 Septembre 2007 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Le Dico

Vous avez été un nombre impressionnant à n’avoir rien compris à ma question du jour d’aujourd’hui : « Si je me deux, est-ce que ça déchire grave Docteur ? »
J’avoue que c’était difficile dans la mesure où plus personne de vivant (branché ADSL ou pas) n’emploie l’indicatif présent et autre temps du verbe « se douloir »
Encore un mot que je souhaite faire revivre en lui faisant un bouche-à-bouche bloguien où plus vrai, un œil-à-œil du même bois.

Ce vieux verbe françois ressemble comme une goutte d’eau au mot « souloir » dont je vous avais causé dans ce dico (Voir catégorie à gauche pub).
Il signifie « se plaindre » ou ressentir une douleur quelconque n’importe où dans son être.
La racine de ce « douloir » est le Latin « dolere » et il est évidemment cousin plus germain tu meurs, avec la douleur, le douloureux, le dol, la doléance du con ou pas.
Il se conjugue comme les verbes souloir et vouloir :
Je me deux, tu te deux, il se deut, nous nous doulons, vous vous doulez, ils se deulent.
Or donc, beaucoup trop de gens aujourd’hui seulent se doloir pour un oui ou pour un non.
Et si tu te deux Emile, hein ! tu te fais un mauvais cent et c’est vain ou divin.
Le plus souvent, on se deut tout seul, mais bon.

Pour illustrer ce beau verbe enfin ressuscité, je ne me prive pas du plaisir de citer un autre Guillaume de derrière les fagots ou du fond du bois :

Il me revient quelquefois
Ce refrain moqueur
Si ton cœur cherche un cœur
Ton cœur seul est ce cœur
Et je me deux d’être tout seul
FlandrinHommeMer
Mais cela se songe seulement…
… C’est pourquoi je me deux
Qui sait ce qui sera
Le grand sera toujours
Le vil sera toujours

(Guillaume Apollinaire, Stavelot, le Guetteur mélancolique, 1899)

Illustration : Jean Hippolyte Flandrin, 1809-1864. Jeune homme au bord de la mer.

Fin de loup

 

 

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D
Seul je me deuls, et nul ne peut savoir<br /> Si ce n’est moi, la peine que je porte.<br /> Ronsard (Les Amours ; Amours de Cassandre, sonnet 182)
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M
Diogène : (par tous les tonneaux de Bacchus, quel pseudo !) Merci pour cette référence que je ne me deux pas de mépriser. Bien à vous.
M
Zetron : Les bêtes se deulent sans mot dire (ou maudire)Whiteshoulders : Le compte est bon...Lycaon : Les baleines soulent chanter quand elles se deulent.Laouen : Monsieur W.. de MicroMou s'est doulu aussi de douloir.Laouen 2 : Tu en sais plus que moi alors !Daniel : Les mots soignent parfois les maux qui nous deulent.
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D
Vites, deux autres!Bize
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L
re: j'ai comme une idée... les deux prochains verbes seront: chuuuuuuuuuut... ce sera la surprise :-)
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L
et à l'imparfait, çà donne quoi?je me doulais de vivre à deux, alors je me suis prise par la main et me suis envoyée promener.désormais, je ne me deux point d'être seule. (ou deulx en graphie ancienne)bon, parfois, hein...Vite! je vais m'inscrire sur mi-tique, et faire une annonce du genre:belle femme, 40 ans, spirituelle et zinzin, je me deux d'être seule et je vous attends, mais ne venez pas à deux, faut pas pousser!Là au moins, je suis tranquille, je ne serait pas harcelée par les messages, personne ne comprendra.deux bises!(qui j'espère ne te pousseront pas à te douloir)PS: Firefox vient de souligner le verbe douloir! quel ignare...
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L
"Je me deux moi aussi de cet état de fait et vous demande d'arrêter de souloir de nous prendre pour des analphabètes."Sermon de Jonas traduit du latin ancien
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W
Un malheur en appelant un autre ... je me deux par deux ? Et quand y'en a pour deux, je me l'octroi.
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Z
Il est classe ce verbe, mais si je suis le seul à le comprendre quand je l'emploie, je vais me sentir un peu bête.
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