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Un Manuel de Survie

Quantique du crapaud

2 Avril 2007 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Nature & sciences

Le crapaud est une des bestioles les plus mal-aimées de la création.
Il y en a d’autres et notre brave Totor (Victor Hugo pour les extimes) en avait déjà listé quelques-unes dans ses contemplations :

Respire en souriant un bouquet d'agonies.
Pleurez sur les laideurs et les ignominies,
Pleurez sur l'araignée immonde, sur le ver,
Sur la limace au dos mouillé comme l'hiver,
Sur le vil puceron qu'on voit aux feuilles pendre,
Sur le crabe hideux, sur l'affreux scolopendre,
Sur l'effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux,
Qui regarde toujours le ciel mystérieux !
(Ce que dit la bouche d'ombre (I) Les contemplations)


C’est vrai que malgré ses doux yeux de grenouille, notre malheureux batracien anoure (sans queue) est laid comme un poux, il est repoussant, répugnant, dégoûtant, à gerber, à vomir ou à fuir.
Pauvre bête…
Il faut dire qu’il n’y met pas du sien : Il est trapu, massif, feignant, rampant et refuse sa vie entière de soigner son acné purulente et venimeuse qui dégouline le long d’une peau lisse comme une lime à ongles et couleur de vase.
Le plus commun de sa race (Bufo bufo) ne prend un bain que pour foutre sa femelle en faisant un Kamasoutra pas possible au fond du lit vaseux du premier étang venu.
Et il aime ça le bougre car quand le coin lui plait, c’est un véritable lapin dans le genre.

A ce sujet, les Australiens en ont fait les frais car ils importèrent en 1935 et en masse d’Afrique des crapauds-buffles afin d’éradiquer les scarabées et autres insectes pilleurs de récoltes.
Notre bœuf fait crapaud se plut en ces terres australes comme Dieu en France (comme disent les Allemands) et ce ne fut que crac-cracs, coassements crapoteux et lubriques dans toutes les campagnes à un tel point qu’aujourd’hui, ils prolifèrent comme des lapins de garenne antipodique.
On ne sait plus qu’en faire, à part de l’engrais liquide, car notre crapaud ne trouvera aucun client dans quelque restaurant que ce soit, même en France au pays des froggies (1).
Non seulement, il est à vomir, il est d’abord immangeable.
Les crapauds seraient près de deux cents millions en Australie et ironie du sort ou de l’évolution, c’est non loin de la ville de Darwin, dans le nord de l'Australie que l’on vient de capturer un mâle mesurant 20,5 cm et pesant 840 g.

CrapeauGros

 

Ech tiot crapeux

A coup sûr, c’est un bœuf qui a voulu se faire grenouille et qui s’est planté dans la formule magique.

Bon sinon, selon la légende, il se peut qu’un crapaud cache un prince charmant ou une princesse richissime métamorphosée par une ignoble sorcière crapoteuse et crapuleuse qui n’a pas admis un soir de perdre au poker.

Je vous rappelle que pour déjouer ce sort, il faut baisouiller la bête sur les lèvres en disant « Je te délie de ton infortune, charmant crapaud, abracadabra ! »
Attention : Il ne faut pas vomir ce faisant car vous risqueriez de vous trouver face à crapaud garou (mi-homme, mie bête) pauvre comme Job et con et sale comme un balai de chiotte.

Enfin, le crapaud de mer est un poisson difforme ; le crapaud-pêcheur est l’autre nom de la baudroie commune ;  le crapaud ailé est une sorte de coquillage ou strombe de Linné et à camée.

Quant au crapaud volant ou le chasse crapauds, c’est engoulevent (un bien bel oiseau de beau nom).

La femelle du crapaud est la crapaude et son petit est le crapelet.

Tous trois coassent, sifflent (!) ou flûtent.
Pauvres bêtes…

(1) Monsieur Word m’a signalé en rouge le mot anglais « froggies » (mangeurs de grenouilles) et il m’a proposé de le remplacer par le très franchouillard « fromgis » ! Mort de rire !

Fin de loup

 

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B
Merci de m'avoir fait retrouver la fameuse formule magique, en crapaude, ma crapule de princesse refusait de faire la vaisselle !!!
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L
Pierre-Jean 1 : Je ne le connaissais pas ce quantique cantique des crapauds. merci donc et en plus, il est superbe. Mais qui en est l'auteur ?Pierre-Jean 2 : Merci pour ce lien, tu parles que c'est enregistré !Pierre-Jean 3 : Oui, désolé pour le Belge que tu es (bienheureux !) et pour les autres francophones (même français) : Fromgi ou fromgi est synonyme familier voire argotique de fromegi ou de frometon ou enfin de fromage ! Il y a aussi "calendos" pour camembert et bien d'autres, mais c'est vrai, on ne va pas en faire un fromage hein !Saturnin : Ah le crapaud Tiron qui pète quand on le tète ! Une grosse légume, celui-là !Nicolas : Pour le sifflement du crapaud, je réponds par une note. Pour le cochon, je répondrai par une centaine de notes tant je vénère cet animal !Mlle Beulemans : Je pensais qu'à Liège (ville sainte si l'en est) on disait "Mon bouchon" A moins que ce soit à Lyon, je ne sais plus...
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M
En pays liégeois, petit mot doux pour "ma moitié", "ma douce et tendre", voire mêm "ma femme"....ce n'est pas pour autant que la ville de Liège est peuplée de crapauds, ça se sauret (sans faute)
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N
Le cochon est au moins aussi maltraité que le crapaud ! Le crapaud lui au moins est cité comme l'état post-princier charmant.Pour ce qui est de la légende, je peux vous confirmer qu'elle est vrai puisqu'avant d'être un prince très charmant, je fus un hideux crapaud. Depuis j'ai largué la princesse qui m'avait embrassé et je profite de mon état d'humain favorisé par la "nature".Je croyais que les crapaud pouvaient coasser ou siffler mais je ne savais pas qu'ils pouvaient flûter.
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S
Et le crapaud Tiron, on ne doit pas l'oublier.
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P
Le p'tit Bob 2007 ne connaît que fromegi, seul le TLF reprend l'hortographe fromgi, les vieux dictionnaires font la tête et dis'nt qu'il ne faut pas en faire un fromage. Pas toujours coton de comprendre le vieux loup-garou !!! :-)
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P
Petit site trouvé en cherchant un copier - coler pour le cantique des crapauds : http://xgautron.free.fr/traditionnelstxt.html
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P
En fait de "quantique" ça me rappelle un chant de veillée :Les crapauds 1La nuit est limpide,L’étang est sans ride,Dans le ciel splendideLuit le croissant d’or.Orme, chêne ou tremble,Nul arbre ne tremble,Au loin le bois sembleUn géant qui dort.Chien ni loup ne quitteSa niche ou son gîte,Aucun bruit n’agiteLa terre au repos.Alors dans la vase,Ouvrant en extaseLeurs yeux de topazeChantent les crapauds.IIIls disent : Nous sommesHaïs par les hommes,Nous troublons leurs sommesDe nos tristes chants.Pour nous point de fêtes,Dieu seul sur nos têtesSait qu’il nous fit bêtesEt non point méchants.Notre peau terreuseSe gonfle et se creuse ;D’une bave affreuseNos flancs sont lavés.Et l’enfant qui passeLoin de nous s’effaceEt pâle nous chasseÀ coups de pavés.IIIDes saisons entièresDans les fondrièresUn trou sous les pierresEst notre réduit.Le serpent en boulePrès de nous s’y rouleQuand il pleut, en fouleNous sortons la nuitEt dans les saladesFaisant des gambadesPesant camaradesNous allons manger.Manger sans grimacesCloporte ou limaceOu ver qu’on ramasseDans le potager.IVNous aimons la mareQu’un reflet chamarre,Où dort à l’amarreUn canot pourri.Dans l’eau qu’elle souilleSa chaîne se rouille ;La verte grenouilleY cherche un abri ;Là, la source épancheSon écume blanche ;Un vieux saule se pencheAu milieu des joncs.Et les libellules,Aux ailes de tulleFont crever des bullesAu nez des goujons.VQuand la lune plaque,Comme un verni laque,Sur la calme flaqueDes marais blafards,Alors, symboliqueEt mélancoliqueNotre lent cantiqueSort des nénuphars.Orme, charme ou tremble,Nul arbre ne tremble,Au loin le bois semble,Un géant qui dort.La nuit est limpide,L’étang est sans ride,Dans le ciel splendide,Luit le croissant d’or.
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