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Martin-Lothar

Quantique du bout du monde — les îles Diomède

31 Mai 2025 , Rédigé par GJG Publié dans #Lieux, #Histoires d'Histoire, #Quantisme, #iCuls & haïkus, #Umberto Eco, #Friedrich

Quantique du bout du monde — les îles Diomède

Ce qui hante le philosophe, ce n'est pas le naturel de la fin mais le mystère du commencement. (Umberto Eco, l'Île du Jour d’Avant)

On rêve parfois d’aller au bout du monde, par curiosité, pour bouger un peu, pour se désennuyer, pour robinsonner un moment, pour aller voir ailleurs si on y est ou pour savoir s’il y aurait du neuf sous le soleil ou si l’herbe est plus jaune ou verte bien ailleurs.
Mais notre bonne vieille Terre étant ronde, on ne sait pas toujours par quel bout la prendre.


hélas notre Terre est trop ronde
sans bout du monde
c’est immonde

On peut s’arranger avec un de ces poussiéreux portulans ou autres planisphères papelardesques, mais s’ils sont à jour et sagaces, on constatera rapidement que le bout de l’Alaska (États-Unis) n’est qu’à quelques encablures (83 km) du bout de la Sibérie (Russie) ; et on peut se demander alors si le Viking Vitus Béring (1681-1741) qui inventa son détroit éponyme n’avait pas un peu l’esprit étroit ou s’il répugnait à passer d’un continent à l’autre via  Brest, Paris, Berlin et Kiev.
Bon, il faut dire que ce brave Vitus avait un peu découvert l’eau tiède.

Connaissez-vous les îles Diomède ?
Il n’y a pas de lieu plus quantique au monde, je vous les dis.
Par ce nom « Diomède », on pense de suite à une de ces îles grecques accablées par le soleil et l’Antiquité.
Mais non.
Ce sont deux îles glacées, une grande et une petite, situées en plein milieu du détroit de Béring, non loin du cercle polaire, entre les océans Actique et Pacifique.
Nous ne sommes donc plus là dans l’Antiquité des sages philosophes à toge et à barbe et des mythes errants comme disait Laurent (de Médicis, pas Fabius), mais dans la préhistoire des mammouths à poils durs, des lions à dents de sabre, voire de l’âcre Êve et du vert Adam.
Ce serait en effet par là-haut que le premier des Mohicans ou les ancêtres de Geronimo, de Sitting Bull et autres êtres et bisons bizarres seraient passés de l’Asie à l’Amérique, il y aurait pas moins de 30 000 mille ans et des prunes, des brouettes, voire des fraises tagada.
Bon, à cette époque je n’étais pas encore tout à fait adulte, mais me fiant à des bafferies d’experts (de vrais experts géographes, en primates version 1.0 et classieux en archipels, hein, pas des guignols bobo-blablateux de plateaux télé ré-alités), je soupçonne que des telles migrations sans papiers, zodiac, ONG et GPS furent possibles.
Des allers et même des retours. Parce que niveau chaleur et bronzage, la Sibérie n’a rien à envier à l’Alaska (et vice-vertu), même si à ces époques nomades et ancestrales le climat, les glaciers et le niveau des océans n’étaient sans doute pas celui d’aujourd’hui, ma bonne d’âme.
Ces îles de gué ont longtemps été peuplées par des Inuits à igloo climatisé, chasseurs de baleines et mangeurs goulus de phoques. C’était des gens que l’on ne doit plus nommer « Esquimaux » même si cette race fut la crème (glacée) des vrais hommes libres.

De nos jours modernes, ubuesques, trumpiens, poutiniens et post-covidiens, les Diomède ne sont peuplées que par des militaires pas forcément très accueillants, il faut le dire.
C’est un endroit où l’inexorable réchauffement de la planète (pas forcément anthropique, allez savoir pourquoi ou pas) ne mettra jamais fin à la « guerre froide » (forcément anthropique depuis 1945, allez savoir pourquoi ou pas).
Mais c’est aussi pourquoi ces îles des deux bouts du monde sont des merveilles de spatiotemporalité quantique.
En effet, la grande Diomède (qui est russe) est située à l’ouest (côté Alaska), alors que la petite Diomède (qui est étasunienne) est à l’est (côté Sibérie).
De plus, entre les deux îles (3 km à tout brasser ou casser), on passe à l’aller de demain à hier et d’hier à demain au retour (et vice vertu).

Quand je serai grand, j’irai passer l’espace et le temps aux Diomède.

Pour en savoir plus sur les Diomède avec Mademoiselle Wikipédia .

Illustration : Caspar David FRIEDRICH (1774-1840), la Mer de Glace, 1824, huile sur toile (96,7 x 126,9 cm) Kunsthalle, Hambourg, Europe.

Froid de loup

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