Rune — Les Marins — Anacharsis
24 Novembre 2024 , Rédigé par GJG Publié dans #Runes, #Histoires d'Histoire, #Quantisme
J’ai trouvé ça au fond de ma tanière parmi les feuilles et les ossements :
« Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer » Anacharsis
Je ne me souviens plus où j’ai pêché cette sentence incongrue de ce mystérieux Anacharsis, mais ce dont je suis certain — sans vraiment toujours savoir pourquoi — c’est que dans le bocal crânien contenant encore mes trois vieux neurones restants et néanmoins survivalistes, elle a produit l’effet d’une pastille de Mentos dans une bouteille de Coca-Cola.
Bref : « pschiiiiitttt », je vous dis !
J’en resterai à jamais humide de surprise même bien séché d’une telle brise marine sucrée salée.
D’abord, et de mille sabords de tonnerre de Brest, mais qui est cet Anacharsis ?
Ô lecteurs internautiques ou papelardesques de tout poil, âge, sexe et horizon, amoureux de cartes et d’estampes, ô lecteurs pétris de contes, de légendes et de combien de mythes errants, nomades et divagants, vous apprendrez par les sirènes de vos océans intimes que cet Anacharsis n’était en réalité qu’un ours très sage et antique et sans doute aussi apocryphe que ma rune maritime en objet.
Voilà…
Vous connaissez en effet l’histoire de l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’homme [etc.] et qui — parait-il, hein — aurait vu l’ours in fine.
Ben voilà, Anacharsis est un de ces ours philosophes plus antiques tu meurs, qu’une palanquée de flibustiers de parchemin, de corsaires d’archives, de boucaniers de bibliothèque ou autres pirates de médiathèque ont cru apercevoir entre les lignes de douteux et fragmentaires journaux de bord qu’ils se sont farcis et transmis de génération en génération.
— Et amène ta traduc et ta peau lisse d’ursidé, mon pote…
Ursus Philosophicus Anacharsis est donc un de ces fabuleux anthropo-dinosaures grecs à barbe, à toge et à cigüe. Il serait né au sixième siècle avant Kivoussavé-Oupas parmi les Scythes, c’est-à-dire un peuple nomade et barbare, armé de haches, peu ou prou perse comme disait Saint John, mais qui n’avait rien à voir avec les Syrtes aux golfs et rivages pas très clairs de Julien (Gracq, pas Clerc).
Ce brave Anacharsis aurait inventé l’ancre marine, comme Archimède, la baignoire, Thalès, la ligne droite et Pythagore, le triangle rectangle et à ce titre, il est compté parmi les sept (ou dix-sept ?) sages de l’Antiquité, sachant que les millions d’autres vivants, morts ou marins de cette époque ne furent évidemment que d’affreux sales gosses.
Il est classé parmi les Cyniques, ces chiens de philosophes ou ces philosophes-punks à chien et qui ont du chien, une école de dingues, celle de Diogène, celle des « Socrate devenu fous » comme disait ce pion sévère de Platon.
Anacharsis aurait aussi déclaré que « le vaisseau le plus sûr est celui qui est à l’ancre » ce qui constitue à première réflexion, une des plus précoces lapalissades qui soient, mais nous lui pardonnerons volontiers, car ce brave Scythe n’a certainement jamais visité Pearl Harbor, Toulon, ou encore Mers el-Kébir.
Il faut dire aussi à la décharge d’Anacharsis que la marine de l’Antiquité — bien que largement plus élaborée que celle des Shadocks — ne comptait plus les naufrages titanesques, ulyssiens ou médusiens et de ce fait, on ne pouvait jamais savoir si ses marins ou passagers plus ou moins clandestins étaient encore vivants ou déjà morts.
Mais plus sérieusement, ce n’est pas le décompte sordide de cette rune qui m’a interpelé dans mon minable quelque part : j’y sens en effet une « approche quantique » dans la mesure où Anacharsis sort de la boite logique des éternels et désormais insupportables « boites binaires » (bons / méchants, vivants / morts, gauche / droite, guerre / paix, Occident / Reste du monde, etc.) pour en ouvrir une troisième qui est de plus, profusément « pandorienne ».
Cette rune me rappelle le proverbe grec, gibi ou chinois dont je vous avais déjà causé dans ce blogue :
— « Pour tout problème, il y a trois solutions : la bonne, la mauvaise et enfin celle que l’on choisira (ou pas) »
Variante :
— « Pour tout problème, il y a au moins trois solutions ; la bonne, la mauvaise et celle à laquelle on n’a jamais pensé »
On t’aime Anacharsis, reste avec nous.
Illustration : Adam WILLAERTS, 1577-1664, Naufrage sur une Côte Rocheuse, 1614, panneau 65 x 87 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Europe.
Fin de loup
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