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Martin-Lothar

Rune — Les Barricades Mystérieuses — François Couperin

11 Septembre 2024 , Rédigé par GJG Publié dans #Runes, #Bach & fils, #Brueghel

Rune — Les Barricades Mystérieuses — François Couperin

Une mélodie entêtante qui se faufile dans un dédale de notes, d’accords profus.
C’est une ronde et même un rondeau mélancolique, mécanique. On monte et en descend des marches parfois dans ce labyrinthe.
C’est le genre de mélodie qui vous hante le cerveau pendant des jours et des jours.
C’est un air de boite de nuit. Je veux dire un air de boites à musique, ces merveilles de mécanismes et de marqueterie conçues pour endormir les enfants ou distraire les veuves inconsolables.
J’en avais vu une dans un magasin de Vienne en Autriche (une boite, pas une veuve). Elle était superbe et elle sonnait les Barricades Mystérieuses de François Couperin. Elle était trop belle pour moi, mais hélas trop grosse pour mon portefeuille.


Couperin (1668-1733) composa cette pièce de musique en si bémol majeur et en 1717 (zeugme !). C’est la cinquième du sixième Ordre de son deuxième livre.
Cette œuvre comme son titre sont très mystérieux et ont fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Mademoiselle Wikipédia évoque diverses significations plus ou moins foldingues allant de la vie à la mort en passant par un Bacchus immanent, un Gavroche transcendant et une ceinture de chasteté.
L’excellent et regretté claveciniste américain Scott Ross (1951-1989) y voit « un train de luxe » (cf. la vidéo en fin de billet)
Bon pourquoi pas, mais je ne pense pas que ce magnifique compositeur que fut François Couperin n’ait jamais voyagé en TGV ou passa une agrégation de philosophie.
C’était plutôt un homme simple sans être non plus un simplet quand même.


Pour moi, ces barricades évoqueraient le souvenir de jeux d’enfants oû le mystère est rieur comme sur le tableau de Brueguel en illustration.
La barricade (non révolutionnaire) était un entrepôt de tonneaux, un alignement de barriques généralement sur des quais en attente de leur transport dans les caves des estaminets, des auberges ou autres « bars » notamment.
Sachant que Couperin naquit et vécut sans doute longtemps à Paris, rue du Monceau Saint-Gervais, il devait passer souvent par la rue des Barres qui débouchait sur un quai de la Seine dénommé « quai aux vins » où François ne pouvait manquer les barricades y présentes.
Non loin, se tenait un « quai aux blés » et les moulins de Malivaux.
Si on imagine le jeune Couperin et ses potes assis sur des tonneaux après une partie de cache-cache dans les barricades et contemplant exténués et émerveillés la roue d’un moulin tourner au rythme du courant fluvial, on a les Barricades Mystérieuses.
Ce n’est pas plus compliqué qu’un souvenir d’enfance !
Ecoutez-les donc :

Voir aussi mon billet sur le tonneau et autres barriques.


Illustration : Pieter BRUEGHEL l’Ancien, 1525-1569, Jeux d’Enfants, 1559-60, huile sur bois, 118 x 161 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienna, Europe.


Fin de loup
 

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R
Un morceau effectivement fascinant, merci.
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G
Realist : malheur à moi, j’ai oublié de mettre le fascinant mot « fascinant » dans ma note. Merci à vous de rétablir le tir. Du reste, la fascination est sans doute le premier pas vers l’art, voire vers l’intelligence.