Ce que l’on sait du fantôme du dieu des Extraterrestres
« La vraie question est de savoir si Dieu avait le choix en créant le monde » (Albert Einstein)
« J'aimerais bien mieux régler mes affaires par le sort des dés que par les songes prémonitoires ». (Montaigne, Essais, Livre I-11)
« Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves et notre petite vie, un sommeil la parachève ». (William Shakespeare, La Tempête)
Il y a peu, j’ai fait un rêve étrange et pénétrant comme disait Paul (Verlaine, pas McCartney). Un de ces rêves de fin de nuit survenant peu avant le réveil ou peu après s’être rendormi quand on a décidé le 14 juillet de rester dans son lit douillet comme chantait Georges (Brassens, pas Pompidou).
Un de ces rêves en court-métrage qui vous laisse le reste de la journée à vous demander ce que vous avez bien pu manger, boire ou fumer la veille tant l’incohérence ou l’incongruité de certaines scènes vous incite à aller tout de go consulter un psychiatre (ayant Sigmund pour prénom, de préférence).
Un de ces rêves qui, au réveil, vous force à vous remémorer avec plus ou moins d’agacement le nom de personnes entrevues et souvent, pour certaines, des gens que vous avez plus ou moins rencontrés il y a plus ou moins longtemps, voire très longtemps, parfois jamais.
Un de ces rêves encore, où les lieux, décors et paysages plus moins déjà visités se modifient, se détruisent, disparaissent ou se construisent de façon plus ou moins caléidoscopique, voire surréaliste.
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Et dans ce rêve, j’ai rencontré dans un train de banlieue le fantôme du dieu des extraterrestres !
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Je vous livre le script reconstitué de ce [men]songe :
Scène I
Je me trouve apparemment seul dans le wagon de ce qui me semble être un train de banlieue pour aller à [?] acheter un timbre-poste.
Scène II
J’entends derrière moi quelqu’un m’appeler par mon prénom. Je me retourne ; je ne vois personne, mais je constate que le reste du wagon n’est constitué que de deux ou trois rangées de bancs en bois sans dossier.
Scène III
Deuxième appel et même constat, mais revenant dans ma position initiale, j’entends en face de moi un troisième appel de la voix d’un quidam toujours invisible.
Scène IV
Apparait alors une petite nuée d’insectes, des moustiques ou des moucherons, une petite boule qui tourbillonne et dont soudain semble sortir la voix qui me dit : « Voilà, je suis le fantôme du dieu des extraterrestres et il faut que je te dise qu’en fait… » [Suite la phrase inaudible].
Scène V
Je descends du train qui s’est arrêté en pleine campagne et je me trouve devant un champ mélangé de blé et de maïs et me retournant, je constate que le wagon s’est transformé en une sorte de cabanon de jardin.
Scène VI
Il n’y a plus de champ, mais un paysage de dunes entre lesquelles coule une petite rivière large et peu profonde. Je m’avance avec l’envie d’y patauger et…
[FIN DU RÊVE – RÉVEIL]
DÉCRYPTAGE (tentative de)
J’avoue avoir été trop longtemps le bétail client l’usager (payant à plus d’un titre) des transports de banlieues parisiennes qui furent trop souvent pour moi et tant d’autres un cauchemar, mais un cauchemar éveillé et finalement ralebolesque. Le fait dans ce rêve de me retrouver (enfin) seul dans une telle boite à sardines pourvues de bancs de bois n’est donc pas surprenant.
La quête du timbre-poste (un seul, pas un carnet hein !) est plus inquiétante : n’étant pas philatéliste et ne postant plus en ces temps d’internet et de PDF qu’un ou deux courriers papier par an et à tout casser, j’ai toujours un timbre en vigueur sous la main, voire sous la langue. Du reste, j’ai toujours eu ma tanière à moins d’un kilomètre d’un bureau de tabac ou de poste et je n’aurai jamais l’idée stupide ni le masochisme citoyen de prendre un train de banlieue pour m’enquérir d’UN seul timbre-poste.
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Les champs, les dunes, la rivière sont très récurrents dans mes rêves et dans la réalité.
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Venons-en au « dur » de ce rêve : le fantôme du dieu des extraterrestres.
Fouchtra ! Mazette ! Palsambleu ! Diantre ! Mille sabords de tonnerre de Brest ! Cela n’a rien trivial, ma bonne d’âme, mes bons mes cieux !
À vrai dire, je ne me souviens pas dans ce rêve de ma réaction à une telle apparition ou révélation : ni peur, ni stupeur, ni angoisse, ni joie, ni rire, même si, après-coup, une fois réveillé, j’ai un peu été dépité de ne pas avoir entendu la fin du message de ce « machin nébuleux, moustiqueux et moucheronneux ».
Je ne suis pas énarque ou politicien de métier et je me demanderai toujours comment mes neurones de sous-citoyen à jamais lambda ont pu fabriquer un tel assemblage d’entités aussi improbables, invraisemblables, voire inutiles que ce spectre divin et martien.
Cela étant, s’il est moins réel, moins rigolo et moins ridicule qu’une certaine attestation de non-confinement et autres bouses étatiques contemporaines, ce fantôme a quand même le mérite d’être moins couteux et plus intéressant dans son quelque-part imaginaire, philosophique et quantique.
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Il s’agirait d’abord d’un FANTÔME : c’est-à-dire d’une manifestation surnaturelle dont on cause depuis la plus haute antiquité ou du moins depuis que l’humanité a inventé des portes aux gonds mal huilés dans les courants d’air. Je ne suis pas médium et je n’ai jamais aperçu ou perçu, ressenti aucun spectre de ma vie, mais cela ne veut pas dire cela n’existe pas. D’autant plus, que j’adore les histoires de fantômes et que j’en ai même écrit sur ce blogue. (cf. un lien en fin de billet)
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Il s’agirait ensuite du fantôme d’un DIEU. Alors là, ça se complique hein ? Parce que du spiritisme, on glisse dans la théologie et pire, on se ramasse dans l’eschatologie dans la mesure où je parle d’une divinité qui serait morte et « ressuscitée » en fantôme. On pense de suite à Frédéric (Nietzsche, pas Mistral) qui annonça la mort de Dieu avant de mourir lui-même et à JC (Jésus-Christ, pas Jules César, ni Jacques Chirac) qui (pour faire simple) selon les uns aurait été un dieu (ou assimilé) assassiné et ressuscité, et selon les autres, un prophète comme un autre, mais un plus divin que les autres quand même.
On pensera ensuite à toutes les mythologies du monde et à la foultitude de dieux d’hiver et d’été qui naquirent et moururent avec l’homme bien avant JC et Frédéric
Pour ma part, je n’ai jamais rencontré ni recherché de dieu, mais j’ai toujours aimé les contes mythologiques et surtout les histoires qui se terminent par l’intervention d’un Deus Ex Machina.
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Mais bon là, il ne s’agit pas d’un bon dieu ou d’un pauvre diable bien de chez nous, mais du fantôme du dieu des EXTRATERRESTRES. Me voilà bien ! Il manquait plus que ça.
Je pense que dans mon rêve, j’ai dû jeter de suite l’éponge après avoir pété une durite en entendant parler de Martiens de tout sexe, poil, genre, couleur, horizon et planète qui auraient eu un dieu mort et devenu fantôme et c’est peut-être pourquoi je n’ai pas entendu la suite de son discours.
Il faut dire que si c’était VRAIMENT le fantôme du dieu des Extraterrestres, il était d’une part, mal tombé avec moi, car je ne veux surtout pas être un élu ou un prophète de mes deux, même si j’aime beaucoup la science-fiction, et d’autre part, il me parait assez minable de se manifester dans un rêve sous forme d’un essaim de bestioles tourbillonnant de plus dans un train de banlieue. Je vaux quand même un peu plus que ça.
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Bon sinon, si un jour, au détour d’un bois, au-dessus d’une flaque, vous rencontrez une nuée de moustiques ou de moucherons qui vous cause, prévenez-moi parce que je voudrais bien savoir ce que le fantôme du dieu des Extraterrestres avait à me dire.
Note : une histoire de fantôme : Le Ballon, un des contes du Quanta
Illustration : Léon Bakst, 1866-1924, Terror Antiquus, 1908, Huile sur toile - 250 x 270 cm, Musée Russe, Saint-Pétersbourg, Russie.
Fin de loup