Regardez cette photo (prise avant-hier) montrant un échafaudage de montants, de traverses et de cordes et chaînes plaquées sur la façade d'un certain immeuble à priori en cours de ravalement et situé dans un certain quartier d'une certaine encore très importante, sinon capitale, ville de notre bonne Europe aux vieux parapets (comme disait Arthur, Rimbaud, pas Martin)
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Pour l'heure et pour vous, il s'agit d'essayer de deviner ce que je vous révélerai bientôt, sachant que ce billet est tagué (pour le moment) avec « lieux » et « histoires d'Histoire » et qu'il y a « quantique » dans le titre.
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Demain, ci-dessous, je vous gépéesserai plus de détails, et dimanche ou lundi, je corrigerai les copies, bande de cancres las — et autres gibiers de potence...
Mise à jour du 24 janvier 2015]
Comme promis, un indice : cet échafaudage métallique et fonctionnel est placé à l’endroit même où, il y a belle lurette, un autre se dressait, mais pour un usage bien différent. Au sommet de cet antique perchoir de pierre et de bois en effet, des oiseaux de sinistre augure pouvaient sans doute entendre se mêler les sons lointains des cloches de Notre-Dame de Paris avec ceux de « belles » s’envoyant en l’air dans le foin de la « grange » voisine.
Ah, j’oubliais : j’ai rajouté un tague à ce billet…
[Mise à jour du 25 janvier 2015]
En septembre dernier, profitant d’un climat étésien et néanmoins indien, j’ai passé mes heures de repas à perdre mes pas pour visiter ou revisiter certains quartiers de Paris.
C’est ainsi qu’un de ces jours, quittant la place de la République — du reste, un endroit aussi sinistre que son éponyme actuel — je me suis engagé dans une rue que je savais traversant le canal Saint-Martin puis montant vers la place du Colonel Fabien, et qui est encore dénommée : « rue de la Grange-Aux-Belles ».
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Tout en gravissant cette artère — qui descend et ne monte jamais, comme disait à l’envers Blaise (Cendrars, pas Pascal) du moins pour nos Auto-déesses —, je me suis mis alors à me dire que le nom de cette rue m’interpellait quelque part dans le plus profond de mon être misérable et vieillissant. Mais hélas, j’eus beau retourner toutes ma demi-dizaine de neurones (la rue n’est pas si longue) je n’ai pas réussi à en trouver le pourquoi du comment de dans quel état j’erre ou d’autres où cours-je.
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C’est dans cette interrogation que j’ai finalement atteint les bottes et la cravache la kalachnikov du Colonel (qui Fabien, merci pour lui) pour oublier et la grange et les belles et pour enfin constater la majesté du luxueux immeuble abritant le siège du toujours-très-puissant-et-éternel-parti-communiste-français.
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C’est Saint Boss, mon divin patron, qui m’a finalement tiré de cette béatitude prolétarienne pour m’aspirer par une de ses bouches métropolitaines afin de me faire regagner au plus vite mon bureau et — en passant par Stalingrad — mon boulot qui aide le susdit Boss et un peu moi-même, à opérer chaque fin de mois le surprenant, mais toujours bienvenu miracle de la Feuille de Paie.
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Les mois, les semaines et leurs jours passèrent enfin et dans la foulée le Noël que l’on avait tant crié — et décrié — quand, dimanche dernier, dépoussiérant les supports chancelants de mes centaines de livres, je tire un bouquin dont la reconnaissance produit illico dans ma tête de mort de zombie-garou décadent, un putain de nom de Zeus de « tilt » de cinq dernières minutes bourelliennes-souplexiennes me faisant hurler : « bon sang, mais c’est bien sûr ! »
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Il s’agissait de la biographie de François Villon (vers 1431-vers 1463) par Jean Favier (1932-2014) publiée aux Éditions Fayard en 1982).
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D’où l’équation quantique :
Villon => rue de la Grange aux Belles => Montfaucon.
Or donc et subséquemment, Frères humains qui avec moi vivez, l’échafaudage photographié en ces jours d’aujourd’hui se dresse, rue de la Grange-Aux-Belles (75-10), près de cinq cents ans après le sinistre, parlementaire et royal gibet de Montfaucon (vers 1300 — vers 1629) qui fut la terreur des derniers instants (parisiens) de maître François Villon, entre autres écoliers, coquillards, poètes ou ministres des finances, et dont je vous reparlerai bientôt (de tous), mais si vous êtes sages.
Je suis François, dont il me pèse
Né de Paris près de Pontoise
Et de la corde d’une toise
Saura mon cou que mon cul pèse
(François Villon, dernier quatrain, 1463, lourd de sens, de sang et de calembours, traduction ML)
[À suivre]
Fin de loup