Réveillez-vous, une voix nous appelle
« Réveillez-vous, une voix nous appelle » en bas-saxon : « Wachet auf, ruft uns die Stimme » est le titre de la cantate BWV 140 composée en 1731 par un stupide boche de nos deux, un crétin de sourd comme un pot de chambre élyséenne et nommé Jean-Sébastien Bach (Ruisseau, pff !) ou encore Johann Sebastian Bach — « baaaare » pour sa maman, son papa, ses frères, sœurs, ses deux épouses et ses vingt enfants adorés, mais sans allocs.
Je rappelle aux cancres las qui se carlabrunisent béats du poignet gauche ou droit au fond de la blogosphère, que l’acronyme BWV n’a rien à voir avec les teutonnes bagnoles BMW. On se calme les gars hein !
BWV signifie en effet « Bach Werke Verzeichnis » — Catalogue des œuvres de Bach, tout simplement.
C’est un répertoire qui fut établi dans les années 1950 par un musicologue allemand nommé Wolfgang Schmieder et qui comporte environ onze-cents items, tout simplement.
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Je précise aussi tout simplement ici et notamment aux enfants à jamais orphelins de nos belles banlieues fumeuses, herbeuses et fleuries que le prénom « Wolfgang » signifie « le loup qui va » dans la langue de Biber, de Nietzsche, d’Haendel, de Lichtenberg, de Beethoven, de Goethe, de Wagner, d’Hölderlin, de Marx, de Schubert, de Jürgen, d’Hesse, de Mahler, d’Hitler, de Mozart, de Telemann, de Rilke, des Strauss, de Remarque, de Merkel, de Kafka ou d’Einstein notamment, pour ne pas citer d’autres mieux connus.
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Bon sinon, cette cantate est construite comme toutes les autres et comme toutes les passions de Matthieu, de Jean, de Marc, de Judas ou de Luc, c’est-à-dire, un peu comme un menu à 1,99 € de chez MC Do : entrée, sorbet, résistance-mayo, frites, fromage, dessert, café et pousse-tout avec dame à poil au fond du godet.
Pour la BWV 140, nous avons :
Un chœur d’entée (franchement nul, nul, mais alors nul de chez Nul et même pas correct « à la Française » Camembert hein !) ;
Un insupportable récitatif (ténor) pour qui il se prend lui ? ;
Un duo débile (Basse & Soprano) et d’un ennuyeux ;
Un aria en choral (Ténor) dont le monde entier se fout, mais que les Martiens jalousent, allez savoir pourquoi — ils sont fous ces Martiens ;
Un autre récitatif (basse) juste pour niquer nos mères au Trocadéro ;
Un autre duo (Basse & Soprano) — ils font chier ces deux-là hein ;
Un choral (Ouf, c’est fini !).
Voilà.
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Le texte chanté est un poème, un psaume, un cantique liturgique luthérien (et donc chrétien et humaniste hein), tiré autant de la Bible que des Évangiles, mais, comme tous les cantiques, il provient de la nuit des temps. Des temps où nos ancêtres n’avaient pas encore la télé pour se faire lobotomiser — sinon autres mises — entre le dîner et le coucher.
Bref, dans le texte de cette cantate (dont vous trouverez facile les mots et leur traduction sur notre Sainte-Toile), notre bon vieux Homère et d’autres fous de vivre heureux et libres chantent encore et pour des cierges et des siècles, ah, mais.
Je pense écrire un de mes contes du Quanta en m’inspirant de l’aventure hurlée dans cette cantate dite du Veilleur, de la Vigilance, du Garde, du Donjon, de la Vigie enfin, avec des vierges, des cerfs, des sangliers, des soldats, des lampes à huile ou pas, des ours, des époux, des nuits et des lunes, des cavaliers blancs, des chouettes, des pont levis et bien sûr, une meute de loup.
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Cette cantate est fameuse par son « choral du Veilleur » l’aria de ténor, Zion hört die Wächter singen dont tout être vivant et mort après 1731 et pas sourd de naissance, a forcément entendu cette magnifique et ensorcelante mélodie, cette vibration jouissive, cet appel déchirant, sachant que la moitié de ses auditeurs ignorent qu’elle fut composée par JSB.
Mais ce que j’adore le plus dans ce truc, c’est le chœur d’ouverture, cette épouvantable, époustouflante cathédrale harmonique que Bach, l’architecte de tous les dieux de nom de Zeus, sacre enfin tout simplement d’une flèche flamboyante et sidérale, d’un « alléluia » cosmique, universel.
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Primo (vidéo)
Je vous propose, une vidéo de l’intégrale de la BWV 140 orchestrée par le petit père Ton Koopman à la mode, au tempo, dans l’esprit, dans l’époque, au restreint, à l’économie et au diapason et aux instruments de Bach (foutrement baroque quoi).
Notez le cor de chasse, le cornet à bouquin (!), les deux hautbois [d’amour] et les sept ténors veilleurs (quel luxe hein !) du choral.
Notre Ton — redoutable claviériste — est un des maîtres encore vivants de l’école baroque néerlandaise qui fut fondée dans les années 1960 par le feu et regretté Gustav Leonhardt dont il fut l’élève.
Il a enregistré notamment, l’intégrale des œuvres chorales de JSB, dont les quelque 210 cantates, X passions, X messes, X motets, X chorals.
Du reste, il fut ainsi sur la trace de son maître Gustav qui enregistra aussi avec son pote, l’archiloupissime Nicolaus Harnoncourt (toujours né) une incontournable intégrale des cantates de Bach.
Secundo (audio)
J’ai retrouvé ça, dans ma tanière, parmi les feuilles et les ossements : le chœur d’ouverture de la BWV 140 orchestrée par Helmuth Rilling (qui fit aussi une fastueuse intégrale des cantates), mais sous une forme « moderne », klemperesque, romantique, profuse, pléthorique, karajanesque and so, and Co.
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On t’aime JSB ; reste avec nous.
Illustration : Adrian Ludwig RICHTER, né et mort à Dresde (!) 1803-1884, procession nuptiale au printemps, 1847, huile sur toile, 93 x 150 cm, Gemäldegalerie, Dresden, Europe.
Fin de loup