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Martin-Lothar

Impossibilité de la girafe (avec son iCul consécutif)

5 Octobre 2010 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Bestiaire

Si tu ne veux vraiment pas regarder les choses en face, efforce-toi de te persuader qu’elles n’existent pas (le juge et la girafe, conte populaire hongrois)

BoschGirafe.jpgJe ne sais pas à quoi pouvait bien penser le Créateur (s’il en est) quand il imagina la girafe (Giraffa camelopardalis). À mon avis, il avait abusé d’un hydromel de trappe belge coupé à l’antigel ou encore, fumé une moquette des plus interlopes.
Parce que la girafe n’est pas possible.
En vérité, je vous le dis : la girafe est une légende urbaine, rurale, de brousse (rayer les mentions inutiles). La girafe est un complot monté de toutes pièces par on ne sait trop qui pour discréditer notre mère Nature, le Grand Pan, la réforme des retraites voire toute l’oeuvre de Proust ou de Dieu le Père en personne et même en chair et en os pour ne pas dire en chausses et en nerfs.
Parce que la girafe est un sommet de ridicule.
La girafe est l’Annapurna du grotesque
Bon d’accord, comme tout le monde, j’ai vu des girafes en vrai et même en direct de chez Live, dans des endroits tout autant incroyables que ce truc, mais je me suis toujours dit que la girafe n’était pas possible.
On ne maîtrise pas son instinct et tout dans mon être nie la girafe.

Commençons par sa fin : la queue.
La queue de la girafe est le truc le plus absurde et inutile jamais imaginé. Une sorte de baguette de boulanger terminée par un plumeau noir. Bon d’accord, il y a plus niais et folklo comme appendice, mais quand même. Cette queue ne sert à rien, même pas à chasser les mouches à merde ou autre énarque con(fisc)ator. C’est vous dire 
Les diplodocus de naguère avaient une queue beaucoup plus conséquente en appui ou en contrepoids. Avant, ce n’était pas mieux, mais plus malin.

Passons-lui sur le corps qui n’appelle aucune remarque particulière.
La girafe se gâte avec ses membres : là encore, on a joué à l’économie de bouts de ficelle ou de fond de tiroir ; c’est patent. Les pattes de la girafe sont pitoyables, impossibles, bouffonnes.
Il faut d’ailleurs la voir courir sur de telles échasses pour comprendre que ce n’est ni fait ni à faire : les efforts qu’il faut à ce pauvre animal pour rester dans son polygone de sustentation ; pour ne pas se casser la gueule tous les trois pas !
Une girafe au galop, non seulement ça vous fait peur pour elle, mais en plus, ça vous donne mal au cœur à vomir pour le reste de la journée.

Ce qui est le plus remarquable et donc le plus incroyable chez la girafe, c’est son cou démesuré, bête à bouffer des nuages, stupide à pleurer des amazones de larmes.
Ils ne l’ont pas raté celui-là par contre. On se demande même si ce n’est pas une farce, une espièglerie des dieux qui se sont éclatés à faire ça, après s’être trop pris la tête sévère à concevoir des machins aussi compliqués et inutiles que l’Homo sapiens, la mouche drosophile, le poisson-grandgousier-pélican (Eurypharynx pelecanoides), le champignon Xerocomus chrysenteron ou encore, la dérive des continents.
Je vous jure, des fois hein ! On a bien envie de se faire agnostique à poils durs sur des cou(ps) pareils.
Le cou de la girafe, c’est n’importe quoi de chez Nawak ltd.
Déjà que la girafe est dotée d’un cerveau à petit pois et araignée cavernicole ; en plus, il faut deux heures à la « pensée de lever la patte arrière-droite » pour aller de la tête au pied.

Bon, mais il y deux thèses qui s’affrontent pour justifier un tel long cou et la girafe dans la foulée :
La bande à Noé affirme que les cous des deux girafes qui étaient dans l’arche du même bois auraient servi de mâts. Le père Noé y aurait attaché tout du long une kyrielle de chauve-souris et d’écureuils-volants en guise de voiles et vogue la galère.
Quant au gang de Karl M. Darwin, il soutient que ce sont les syndicats des feuilles du bas (SFDB) qui au prix d’une lutte acharnée et des siècles de grèves justes et solidaires, ont obtenu du gouvernement de l’Évolution libérale et autres suppôts du capitalisme naturel, la création de la girafe afin d’éradiquer l’infâme inégalité de la survie peinarde des feuilles bourgeoises et oppresseuses du haut.

Le cou de la girafe se termine par une tête à claques : bouche de ruminant, oreilles de ruminant, yeux globuleux et vides de ruminant mateurs de TGV et je pense que le projet manquait de crédits, car on n’a pu terminer les cornes.
Si encore on avait mis des grands bois de cerfs au sommet de la girafe, elle aurait pu servir de relais de télévision : le rhinocéros et l’hippopotame pourraient regarder le journal de 20 heures sur A2 et ils s’emmerderaient moins dans leur savane de chez Brousse.
Comme quoi, la girafe est non seulement irréelle, inachevée, mais en plus, elle est inutile.

Cela étant, la girafe date de la plus haute antiquité, comme disait Alexandre (Vialatte, pas Legrand) et elle existait déjà dans le paradis terrestre d’Ève et du vert Adam, comme en apporte la preuve ce détail d’un tableau du grand reporter de l’époque : Jérôme Bosch (1)
Nous apercevons en effet une girafe blanche aux côtés d’une espèce d’épagneul khan-garou.
Ce qui est intéressant, et qui nous interpelle dans notre quelque part de je sais plus où, c’est que la girafe est blanche immaculée alors que de nos jours, elle porte en permanence un pyjama en peau de léopard.
J’ai une explication darwinienne à cette énigme de couleur : la girafe étant muette (elle n’a pas de cri, en plus), à la sortie de l’Éden sécurisé, elle ne pouvait défendre sa cause en blabla Toussa auprès de ses prédateurs affamés. On eut alors l’astuce de la peindre en jaune avec des taches noires afin de faire croire qu’elle était un léopard.
À mon avis, ce stratagème n’a pas marché longtemps et ne leurre que des fauves myopes comme une taupe astigmate, ou cons comme une enclume en papier.
Remarquez, la peinture coûta bien moins que des cordes vocales dignes d’un piano à queue (2)
Le prédateur attitré de la girafe est le ci-devant roi des animaux : le lion.
Ce n’est pas trop grave pour la girafe en fait, dans la mesure où le lion est sans doute un des plus cossards de la création et comparés à lui, notre bon paresseux (bradypus) ou les Mérovingiens passent pour des hyperactifs stressés.
Il n’y a qu’à voir comment le lion fait l’amour : Il s’embranche dans sa lionne et pouf : commence alors une sieste de plusieurs heures pendant lesquelles tout le monde bâille ; s’endort ; ronfle ; se réveille hagard et pandicule large et lent un max pour s’apercevoir qu’ils sont en pleine copulation et se rendormir aussitôt.
De plus, la hauteur de la girafe est un atout, car si le lion veut la peigner de ses griffes, il doit louer un escabeau ou une grue (l’engin de chantier, pas l’oiseau) ce qui constitue pour lui une formalité d’emblée ennuyeuse, complexe et coûteuse en énergie.

Bon allez, on t’aime quand même la girafe, reste avec nous : au moins, tu es plus possible et plus rigolote que tous ces sinistres babouins à cul rouge qui nous gouvernent ou pas.

Bien trop petits pour te donner des baffes,
Tous les enfants s’esclaffent :
La girafe !

 

 

Notes :

  1. Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas ce bon et génial maître Jérôme (Bosch, pas Kerviel) qui inventa la girafe.
  2. Il existe un piano dit « piano girafe » (à queue verticale) bien que la girafe n’ait pas de corde vocale.


Fin de loup

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B
<br /> Il n'y a bien que Grand-Lothar qu'on peut lire de ces articles qui valent vraiment le cou ;-)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Charlie Bregman : Merci. Pour ta visite (je n'ai pas trop le temps d'aller te faire chier, désolé) et pour le calembour, qui vaut le coup d'oeil !!! Aux autres : allez le voir le Charlie, il est<br /> trop, je vous le dis.<br /> <br /> <br /> <br />
W
<br /> On peut peut-être s'en servir pour fixer un projecteur !?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Werewolf : la girafe est du même ordre que le (droma)daire. On peut donc en faire un (lampa)daire sans trop renier sa nature, c'est vrai...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> La girafe m'émeu(t). Son côté "dysfonctionnel" sans doute.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Muriel : tiens, il faudra que je fasse un truc sur l'émeu. (sans émotion)<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Soit, Jérôme créa la Girafe.<br /> Mais comment ce fait-il que cette chimère passa le cap du Jury d'Admission à l'Existence, et pas l'épagneul-autruche ou le dragon dansant? Je demande réparation(s) auprès du (C)(c)réateur.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Padawan Monsieur : vous êtes un impie. L'épagneul-autruche ou le dragon dansant existent, car nous les voyons. Le Grand est quantique et Bosch et Bach sont ses prophètes. Na. Vous me ferez<br /> trente pompes.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> ...Le loup, je te trouve bien sévère avec ce charmant animal au doux regard frangé de longs cils que bien des demoiselles lui envieraient ! la girafe est une philosophe, qui voit les choses de haut<br /> et ne se met jamais en colère . jamais on n'en a vu crier " casse-toi, pauv'con " ou porter une montre bling-bling, encore moins des talonnettes . Rien que pour ces raisons, la girafe a droit à<br /> notre considération distinguée ...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Gothic Inside (par tous les boches de Jérôme, quel pseudo) : tu sais bien que mes moqueries valent mieux que mon mépris. Na !<br /> <br /> <br /> <br />