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Un Manuel de Survie

Paysage avec basse continue

28 Janvier 2009 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Le manuel de survie, #Le Lorrain


La mort m’étant impossible à vivre, voici la stèle de tous les possibles, ma trace sur une pierre d’éternité. Il en va de ma survie :


Dans ce pays sans fournaise et sans innocence,
Le ciel appartient à trois parfaits magiciens.
Un prince élu gouverne un Sénat fort ancien
Dont les mœurs glacées règlent toutes jouissances.

Un bon peuple idéal s'abandonne aux saisons
Et promène ses trois âge sans inquiétude
Entre la loi de l'heure et celle de l'étude.
Ici, même les horloges ont leur maison.

Les jours de procession sur une place mage,
On casse les cercueils des soldats méconnus,
Les fous sont relâchés et les cœurs mis à nu ;
Tous les miroirs ont alors la même image.

Les vieux, en comptant les trésors de leur repos,
Se souviennent et se soignent en famille
Tout en cultivant la morale, cette fille
Qui s'égare entre l'arsenal et l'entrepôt.

Au Sud, sous des remparts insolés, des sauvages
Poussés par la tristesse et la fin du désert,
Inventent des bourgs et des morceaux d'univers
Qu'ils peignent en silence sur de faux nuages.

D'ici, l'on peut voir danser les singes de séjours
Et des moines saignant dans la peau de leurs os.
Loin de tous les sortilèges et loin des zoos,
Des cygnes vengeurs imaginent la fin du jour.

Plus près de nous, dans cette allée douairière
Du cimetière, sous les réseaux de voltige,
Des veuves de circonstance ont les vertiges
De certains termites loin de leur termitière.

Au-delà, dans cette plaine si singulière,
L'on s'arrange un peu de ce fleuve mal payé ;
L'enfance y jette souvent d'étranges noyés
Que rapportent quelques péniches régulières.

Dans les sablières oubliées des berges,
Les fileuses d'eau fraîche tissent leurs ondes
Et les brodeuses chantent dans l'or de ce monde
Et dans les éclats des trésors qu'elles immergent.

C'est ici, le soir, quant hurlent les plaignants
Que les vieux ours se douchent des pluies promises ;
Tandis que dans la chaleur des herbes soumises,
Des collégiens nus se dessalent en geignant.

A l'Ouest se battissent encore ces bourgs
Gras de pelouses et de gymnases antiques
Où se morfond toute une jeunesse hérétique
Ivre d'eaux noires et de moissons sans labours.

Dans le lointain, sur les eaux d'un lac véritable
Luit une île vierge où songent nos trois magiciens.
Ils portent des habits noirs aux noms très anciens,
Tel le Légitime, le Juste et l'Equitable.

L'on peut suivre aussi, sans se redresser beaucoup,
Les jeux savants des scouts lunaires, impassibles,
Qui sur les troubles de torrents irréversibles,
Pensent au cœur qu'ils ont parfois autour du cou.

À l'Est, c'est la vigueur froide des vrais glaciers
Où le méchant calme d'un volcan qui sommeille.
Ici vit une engeance très pauvre, pareille
À ces longs cris que l'on entend sous les crassiers.

En bas, près du pont que les mouches construisent,
Des matelots s'enivrent d'un vin d'aventure
En regardant tristement l'or noir des mâtures
Du pont que maintenant, quelques oiseaux détruisent.

Au loin surgit l'ombre du Cavalier Français,
Suivi de ses douze fils blonds, porteurs d'armures
Et de ses deux cents chiens roux chasseurs de lémures…
Et là-bas, l'Enfant regarde l'Indien pisser.


Note : Un de mes poèmes niais, obscurs et rimés d'Alexandre et d'ado que j'intègre au Manuel de Survie. Désolé...

Illustration Claude Gelée dit le LORRAIN (1600-1682) Vue imaginaire de Tivoli (1642) Huile sur cuivre (21,6 x 25,7 cm) Courtauld Institute Galleries, London, Europe


Fin de loup

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P
Les ado n'ont peur de rien
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M
<br /> Prax : Ils sont bien les seuls au demeurant.<br /> <br /> <br />
L
Martin Rimbaud ? J'aime bien la chute et les Indiens.
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M
<br /> Mère Castor : Merci, mais ne mèle pas le divin Arthur à ces bêtises !<br /> <br /> <br />
B
Faut pas t'excuser.
Répondre
M
<br /> Berthoise : C'est un peu ringard quand même, non ?<br /> <br /> <br />