Chronique de l’esturgeon nouveau
4 Octobre 2008 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Bestiaire, #Boire & manger
Frères humains qui avec moi vivez, en vérité je vous le dis, il y a encore de bonnes nouvelles à recevoir sur notre planète bleue et patatoïde : L’esturgeon sauvage est sans doute bientôt de retour dans les fleuves de notre belle Europe.
Bon, il n’est pas revenu tout seul, car c’est une équipe de biologistes franco-allemands qui a récemment lâché des alevins (80.000) dans la Gironde (France) et dans l’Elbe (Allemagne) après y avoir introduit, dans le corps de certains d’entre eux (des alevins, pas des biologistes) une puce à GPS qui permettra de suivre tant bien que mal la bohème et le destin de ce fameux poisson sur le retour.
En l’espèce, il s’agit de l’esturgeon du genre « Acipenser sturio » (l’esturgeon d’Europe) qui est en voie de disparition après avoir sauvagement proliféré, comme le saumon, pendant des siècles dans nos fleuves bien de chez nous.
Hélas, notre brave esturgeon n’a qu’un seul défaut qui est sa nécessité première, c’est de produire des œufs fameux qui font le vrai caviar et à cet égard, l’objet de sa survie est bel et bien en même temps la cause de sa mort…
A l’instar et à cause de son caviar, son passé fut aussi noir que son futur…
L’esturgeon est donc un être quantique, cornélien voire shakespearien, même si ce n’est pas en faisant l’œuf que l’on fait l’Hamlet.
Cela étant, notre esturgeon des familles n’est pas du menu fretin, c’est même un des plus gros poissons susceptibles de frayer et de hanter nos fleuves langoureux, paisibles et plus ou moins propres et quand Monsieur et Madame Acispenser sturio jouent à la bête à deux dos (prennent leur pied) au fond du lit de flotte douce, entre deux épaves de voitures volées ou trois cadavres lestés au béton, ça doit produire certains remous à faire chavirer les barques sinon leurs cœurs !
L’esturgeon est en effet assez monstrueux : à l’âge adulte, il peut atteindre cinq mètres de long et un poids de 480 kg (et même jusqu'à 8 m et plus de 600 kg chez la plus grande espèce)
Ce n’est donc pas une bestiole à pêcher à la ligne le dimanche (après la messe), on le saura désormais et en plus d’être dangereux, c’est interdit, je vous aurai prévenus !
Il faut dire aussi que si, malgré sa taille, l’esturgeon frétille aussi bien que les autres poissons, il est un grand nomade devant l’éternel et consomme goulu tout ce qui se mange dans toutes les eaux de la terre, minérales ou pas (sauf les gazeuses bien entendu)
Les savants disent que c’est un animal « amphihalin potamotoque »
Non, ce n’est pas une injure, cela veut dire simplement qu’il est un poisson à la fois d’eau douce (potamotoque ou encore « dulçaquicole ») et d’eau de mer (halin — sel)
J’ajoute encore, que cet acipenser est aussi « anadrome » du Grec « Ana » (retour, base) et « dromos » (course, voie, chemin, sens, circuit) : Cela veut dire qu’il remonte les cours d’eau douce pour aller se reproduire comme le font les saumons et à rebours des anguilles qui elles, sont « catadromes » (du Grec « cata » descendre)
Si tout va bien donc, les nouveaux esturgeons sauvages et français, feront leur école maternelle dans la Garonne ou la Dordogne ; ils commenceront leur primaire du côté du Bec-d'Ambès ; leur secondaire au niveaux de Bordeaux et passeront leur bac à la Pointe de Grave pour ensuite faire quelques dix ans d’études supérieures (immergés profond) dans l’Océan Atlantique.
Une fois archi diplômés, ils reviendront aux sources (c’est le cas de le dire !) pour forniquer graves dans les bords d’eau (bordels ?) de leur enfance !
En fait la vie de l’esturgeon c’est du caviar ou pas !
Je rappelle aux cancres las qui passent le temps à se secouer leur caviar au fond de leur slip, de leurs couilles et de la blogosphère, que la Gironde n’est pas un fleuve, mais une estuaire où frayent copines comme cochonnes, deux sublimes, légendaires et historiques cours d’eau : La Garonne et la Dordogne.
Quant au mot français « esturgeon » il a une origine assez obscure venant du Francique « *sturjo » en Allemand « Stör » et en bas Latin « sturio, sturgio » et dont la signification n’est pas vraiment attestée.
Je propose ma thèse : Le mot esturgeon viendrait plutôt du mot latin « aestuarium » (estuaire), de « aestus » (flux de la mer, fleuve de mer) et donc signifie : Être de l’estuaire… (Ce qu’il est, en vérité !)
Le mot de l’espèce « Acipenser » est latin en diable, évidemment, et son étymologie évoque une forme effilée, acérée comme un tranchant, une lame, une flèche.
Je suis tenté de dire « archi panzer » tant notre esturgeon ressemble à une fusée blindée, à un engin sous-marin de guerre ou d’aventure de vingt mille lieux sous les mers : Un Nautilus vivant où un capitaine Némo jouerait de l’orgue entre deux louches de caviar !
A propos de caviar, j’en ferai un prochain billet, mais dans une autre catégorie, si vous le voulez bien !
Fin de loup
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 674 Angoisses
- 366 Quantiques du loup
- 303 Divers et d'autres saisons
- 242 Lagans
- 230 Runes
- 192 Bloguerie
- 116 Nature & sciences
- 104 Loups et loups-garous
- 100 Le Dico
- 96 Le manuel de survie
- 80 iCuls & haïkus
- 69 Histoires d'Histoire
- 62 Bestiaire
- 52 Quantisme
- 19 Bach & fils
- 19 Lieux
- 14 Boire & manger
- 13 Dürer
- 13 Épitaphes
- 11 Nuages
- 10 Contes du Labyrinthe
- 9 Europe
- 8 Cioran
- 8 Rabelais
- 7 François Villon
- 7 L'Omekilekon
- 7 Piero di Cosimo
- 7 Spectres
- 6 David
- 6 Jules Verne
- 6 Le Lorrain
- 5 Van Gogh
- 4 Lichtenberg
- 4 Martiens
- 4 Stephen King
- 3 Alexandre Vialatte
- 3 Arthur Rimbaud
- 3 Bosch
- 3 Giono
- 3 Mythologie
- 3 Saint-Exupéry
- 2 Albert Camus
- 2 Baudelaire
- 2 Bonaparte
- 2 Cormac McCarthy
- 2 Courbet
- 2 Descartes
- 2 Friedrich
- 2 Graffitis
- 2 Hugo (Victor)
Archives
Liens