Un trésor d’île au trésor
13 Février 2008 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Nature & sciences
Mille millions de mille sabords de tonnerre de Brest !
Comme je vous le dis, moussaillons !
C’est en fait un bout de terre rondouillard et de plus en plus désertique de 12 kilomètres de circonférence (1,7 kilomètres carrés) perdu dans le Pacifique à quelques 1 280 kilomètres des côtes du Mexique.
Cette île doit son nom à un pirate anglais, le capitaine John Clipperton (mort en 1722) qui la redécouvrit bien après Magellan et un peu avant les Français, Martin de Chassiron et Michel du Bocage, commandants des frégates La Découverte et La Princesse qui pour le coup, et le jour, la rebaptisèrent « Île de la Passion »
Or donc, mes chères connes citoyennes et chers cons citoyens, vous avez non anticonstitutionnellement le droit d’aller vous offrir quelques vacances sur ce territoire exotique et néanmoins franchouillard.
Bon d’accord, pour aborder ce petit paradis, vous allez devoir affronter pas mal de dangers terribles, mais ça changera un peu du Club Méd hein !
Déjà (et c’est le plus dur en fait) il faudra affronter l’Administration française et notamment le Ministère
Ensuite, il vous faudra trouver au Mexique un bateau ou à la rigueur un pédalo à voile et tout l’équipement et le ravitaillement nécessaires.
N’oubliez surtout pas la crème solaire et le pastis (je vous aurais prévenus !)
Emportez aussi une pelle pour éventuellement y rechercher un trésor que le susdit flibustier britannique n’aura pas manqué d’enterrer malin sous une bonne couche de guano caramélisé.
Une fois aux abords de notre île, vous aurez neuf chances sur dix de vous faire foutre à la baille, corps, âme, femmes, enfants, bouteilles de rhum et autre cargaison par une houle tumultueuse et récifale qui se foutra profus de votre nationalité et de vos prières à qui vous voudrez ou pas.
Si vous atteignez vivant le rivage de ce rare lieu de vacances, vous serez sans aucun doute aux trois quarts écorchés crus par les rochers ou ce qui reste de corail.
Alors seulement, étendu sur le sable chaud, sanguinolent certes, vous pourrez enfin savourer le décor édénique qui bercera le reste
Attention toutefois, ne restez pas trop longtemps sur cette plage et du moins, ne vous y endormez pour rien au monde : Si cette île de Clipperton est déserte de tout représentant de l’espèce humaine depuis des années (1), elle est peuplée de plus de 11 millions de crabes voraces, des milliers d’oiseaux du genre mouettes casse-couilles et morfales sans parler de centaines de rats affamés, lassés depuis des siècles de leur cannibalisme ambiant.
Une sieste même courte vous serait donc sans aucun doute fatale : Si les « fous masqués » (un genre de gros cormoran bête et méchant) ne vous ont pas étouffés par un bombardement massif de leur fiente ou crevé les yeux de leur bec, les crabes par hordes sauvages viendront nettoyer ce qui reste de votre corps après l’assaut déchirant et sanglant des rongeurs.
Pendant la bataille, ce serait un mauvais plan de croire pouvoir se débarrasser de la meute enragée de rats en se rejetant à l’eau : Elle sera infestée de requins qui risquent de devenir fous furieux de trop grand chic de votre maillot de bain et surtout de vos charmantes écorchures rouges et parfumées.
Si vous parvenez à échapper vivant à tous ces légers désagréments, somme toute bien naturels sur une île déserte et au trésor des familles, vous pourrez alors profiter tant que vous voudrez de cette solitude adamique tant méritée, bon marché, inattendue, rare et in fine si luxueuse. A conditions bien sûr, de rester debout, éveillé, nuit et jour, armé d’un bâton (si vous en trouvez un) et sans compter boire ou manger quoi que ce soit avant les rats, les crabes ou les oiseaux.
Ceci étant, des nuages de mouches à merde, de taons, de guêpes, de moustiques, des colonies de fourmis, de poux ou d’autres bestioles vicelardes et suceuses vous distrairont avec leurs danses érotiques et sans aucun doute leurs rites fraternels de bienvenue.
S’il n’y pas de serpent plus venimeux tu meurs, ce serait vraiment dommage hein !
Voilà, voilà, les gens : Convaincus, enthousiasmés par un tel projet de voyage hors du commun ?
Allez, tous à la chasse au trésor !
Merci qui ? on dit !
(1) Les derniers habitants de cette île se sont entretués après avoir été bel et bien « oubliés » sur ses récifs par les autorités mexicaines dans les années 1914
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