Le dernier trappeur
24 Mars 2006 Publié dans #Loups et loups-garous
Bon, ce n’est pas brûlant (!) comme actualité cinématographique, mais j’ai vu dernièrement le DVD du film franco-canadien : « Le dernier trappeur » de Nicolas Vanier.
J’ai été scotché…
Pour tout vous dire, c’est un faux documentaire sur les jours et les nuits d’un moins deux saisons d’un des derniers trappeurs du Nord Canada.
J’écris « faux » documentaire parce que le héros, Norman Winther, est un vrai de chez Authentique dernier trappeur canadien.
Un trappeur est un chasseur de métier qui tue des animaux à poil pour vendre leur fourrure.
Bon, vous allez me dire que c’est un salaud de tueur ; ce qui n’est pas faux quelque part, mais il n’y a pas de sot métier et il ne reste que très peu de ces petits métiers très artisanaux, véritablement écologiques, pénibles et magnifiques qui sont à la base de notre civilisation, qu’on le veuille ou pas, qu’on l’aime ou pas.
Ceci étant, notre Norman de trappeur, vivant toute l’année sur sa ligne de trappe, a quelques boules dans la gorge dans la mesure où il sent que son vaste et superbe paradis naturel est envié avidement par des tas de civilisés douteux.
Il y a des autoroutiers, des industries forestières, des golfeurs, des chasseurs fous, impitoyables et pressés du dimanche, des touristes en short et ice-cream pour qui la nature sert le plus souvent à ses dépens de poubelle, d’exutoire ou de victime facile, gratuite et corvéable à merci.
Et puis la trappe ne paye plus comme avant.
Et puis il a cinquante berges comme d’autres connards…
Nous le suivons donc notre trappeur dans ses courses incroyables, irréelles et nous le voyons en bon artisan, communier seconde après seconde dans des paysages grandioses avec les éléments, la faune, la flore les plus sauvages de la planète.
Nous le voyons aimer et châtier ses chiens et ses chevaux ;
Nous le voyons séduit par une loutre ou un troupeau de caribous ;
Nous le voyons pétocher un peu nez à museau avec un grizzli ;
Nous le voyons construire avec la douce Nebaska, son indienne Nahanni de femme, leur maison de bois, de lichens et de tourbes ;
Nous le voyons sourire en regardant un renard partir furtivement avec son gibier volé dans la gueule ;
Nous le voyons échanger des phrases plates, mais ô combien sociables et chaleureuses, avec son vieux pote Alex, un vieux trappeur très isolé ;
Nous le voyons prendre un bain forcé dans un lac gelé par moins cinquante à l’abri ;
Etc.
Quand Norman a tué un animal et avant de la dépecer, il passe un long moment à expliquer au cadavre (et à l’âme ?) en le caressant pourquoi il agit ainsi…
Et puis bien sûr, il y a des loups !
Quatre magnifiques loups qui ont leur nom dans le générique !
Et cette phrase de Norman : « Les loups n’attaquent jamais l’homme ; il n’y a que dans les livres que l’on voit ça » ou encore : « Je ne laisse jamais mes chiens seuls, car les loups détestent les chiens et si je ne suis pas là, ils les massacreront sans pitié »
Ça ne vous rappelle rien ça !
Ceci étant, ses chiens de traîneau sont des bêtes d’exception, superbes, fidèles et increvables (et malheureuses en appartement parisien hein !)
Et puis il y ces quelques secondes où le trappeur et ses chiens admirent avec nous une aurore boréale en écoutant hurler les loups.
Quelques secondes où quelques « aimants » de notre planète magnétique lui rendent grâce de ses bienfaits et jurent avec bonheur et fierté sur leur vie et sur cette table solaire de ses lois impeccables et implacables, de la servir et de la protéger envers et contre tous.
Un véritable serment de loup-garou et cochon de néant qui s’en dédit !
Comme disent les mathématiciens modernes, la vie et la nature ne sont que des problèmes indécidables : Jamais personne n’en trouvera la fonction ou l’algorithme ; ce sont une suite infinie de questions, et comme les horizons, leur solution fuit pour mieux nous faire marcher.
La dernière image nous montre Norman seul, minuscule, pagayer sur un lac immense avec en fond les Rocheuses couronnées de glace…
J’ai eu alors pour lui une certaine angoisse de la solitude et de la faiblesse de l’âme face à la vraie nature sauvage.
L’angoisse de se sentir tel un grain de poussière – même pas une pièce - sur un échiquier sans horizon.
C’est en fait une angoisse que j’ai souvent à Paris, au milieu de la foule, des klaxons et des gaz d’échappements.
Ça passe quand le petit bonhomme est vert ou pas…
Fin de loup
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