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Martin-Lothar

Quantique des cathédrales — avec un iCul angélique

18 Avril 2019 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Quantiques du loup, #Le manuel de survie, #Histoires d'Histoire, #iCuls & haïkus

Quantique des cathédrales — avec un iCul angélique

je pleure de toute mon âme

feue ma dame

Notre-Dame

 

Frères humains, qui avec moi danaïdez des dettes de tout abysse, en vérité je vous le dis : une légende de deux siècles nous susurre que c’est un autre poète — foutrement meilleur que moi — qui aurait ressuscité la cathédrale Notre-Dame de Paris une énième fois en huit-cents ans. Ce serait notre Totor national (il touittait grave dans les années 1830 sous le pseudo ridicule de Victor Hugo) qui, en publiant un roman minable et policier de gare SNCF intitulé « Notre-Dame de Paris » suscita un nouvel engouement pour cet « immeuble » que la Révolution française avait transformé en entrepôt après l’avoir pillé et saccagé et laissé dans un état pitoyable, lamentable, honteux sinon angkorien.

Si cela est vrai, bravo, Totor ; si ce n’est pas vrai, bravo quand même, Totor !

Ce n’est que dix plus tard que deux architectes, le très médiatique, chimérique et efficace Viollet-le-Duc et le très oublié, mais néanmoins génial Jean-Baptiste Lassus referont à la belle Dame gothique et parisienne un superbe et réussi lifting financé en grande partie par des deniers privés, populaires et non défiscalisés.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que ce lundi 15 avril 2019, ces travaux sont partis en fumée et sous des tonnes d’eau (bravo et grosses claques dans le dos aux pompiers, en passant) et que ce n’est pas la première, ni la dernière de nos cathédrales et autres glorieuses nefs terrestres et aériennes à disparaître ainsi et ce, 107 ans, jour pour jour, voire heure pour heure, après le naufrage atlantique d’une autre nef titanesque et maritime nommée « Titanic »

Il aura donc fallu attendre 107 ans pour que les chimères de Notre-Dame rejoignent sinistrement les Titans fondateurs de nos profondeurs.

Illuminons encore ce dramatique rapprochement en se souvenant que le Titanic a péri par sa coque et Notre-Dame par son toit, sachant que dans la tradition de l’architecture symbolique (voire alchimique), une église, fut-elle chapelle, abbatiale, collégiale ou cathédrale doit toujours être spiritualisée comme une « nef renversée »   

Rappelons-nous encore que le 15 avril 1834 est considéré comme la date de la fin de la deuxième révolte des Canuts (des Gilles et John lyonnais).

Mais ce n’est pas pour cela que notre ange pleure.

Cet ange pleureur d’âmes, cet ange accoudé sur un crâne et tripotant un sablier, cette statue de marbre dont elle ne me laissera et ne me lassera jamais, qui fut pour l’enfant que j’étais, la seule préoccupation, mon unique vénération lors de mes visites de la cathédrale d’Amiens.

Ladite cathédrale porterait sur une de ses pierres d’ogives un mystérieux numéro 1, comme celle de Paris porterait (espérons encore) un non moins énigmatique numéro 0…

 

Non, ce n’est pas pour cet incendie que l’angelot pleure alors qu’il devrait se réjouir des espoirs, des volontés et des efforts pour la difficile, inimaginable, impossible reconstruction annoncée de Notre-Dame Zéro ; il pleure parce que 48 heures à peine après ce drame, nos immédiatiques aboyeurs de politichiens de tout chenil pouilleux, nos clowns-saigneurs de Nul-château, de tout sexe, de tout poil et de troubles horizons, ces hommes-grenouilles de bénitier bourbeux de chapelles morbides, ces morpions poly-poli-tiques d’urne tant électorale que funeste, ces stupides pingouins manchots et dépassés commencent à faussement s’étriper bêtes et hypocrites sur les écus de la cagnotte promise.

Et je crains qu’il y ait toujours un de ces prophètes-sangsues de piteux bazar pour avancer héroïquement que l’incendie a été causé par le réchauffement climatique ou par la surpopulation des loups russes en forêt de Rambouillet. 

A tel point que ce temple en deviendrait NOTRE-DRAME DE PARI (S) ou la halle de la Vierge des Lotos et il faudra sans doute songer à sculpter une statue de Sain Jack Pote des Scrutins, en plastomère bio, rose fluo avec des étoiles vertes, sans oublier les prises USB-C, la barbe de trois jours, la trottinette à vapeur verte, le smarte-faune bidulant et les lunettes de soleil transgenre.

A propos de bestiole enfin, notre petit ange vient d’apprendre que le coq en bronze, bourré de reliques, ce sacré paratonnerre, cette girouette sacrée du sommet de la flèche effondrée a été retrouvé presque intact. Miracle !

Notre triste putto devrait encore en rire aux larmes, mais il sait aussi que ce gallinacé est le symbole de la France et que c’est le seul être vivant capable de chanter n’importe quoi de joyeux, droit dans ses bottes, les deux pieds dans la merde ou dans la braise.

 

Illustration : Nicolas Blasset (1600-1659), l’Ange Pleureur, ornement du mausolée du chanoine Guilain Lucas de Genville, marbre, 1636, cathédrale d’Amiens, Europe.

Blasset fut maître sculpteur et membre de la Confrérie des Puys Notre-Dame d'Amiens. Il fut également architecte, couvreur et plombier et réalisa en 1628 la couverture en plomb de la flèche de la cathédrale d'Amiens.

 

Fin de loup

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B
Et Gougueule de me recommander cette page inattendue :<br /> http://www.juanasensio.com/archive/2011/10/14/demain-les-loups-the-night-of-the-wolf-fritz-leiber.html<br /> C'est pour la coïncidence. :)
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B
Pardonnez-moi ce musicalmar, Kamerad, mais je découvre à l'instant cet article :<br /> http://www.juanasensio.com/archive/2019/11/28/le-dernier-loup-de-laszlo-krasznahorkai.html#more<br /> Je me méfie des enthousiasmes d'Asensio, je ne sais rien de l'auteur, mais le titre et l'argument m'ont semblé réclamer un signalement, à tout hasard. Et puis, vous connaissez certainement déjà *The Night of the Wolf* a.k.a. *Demain les loups*, dans un tout autre registre. ;-)
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