Une tête de nègre en écu d'armes
Mais seul midi met ce gendarme
En alarme
Un jardin endimanché du soleil neuf de mars se remplit de gendarmes, pas pour des prunes, mais pour un instant de lumière, pour la promesse d'un printemps.
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Ces gendarmes-là n’appartiennent cependant pas au corps prestigieux de la Gendarmerie, même s’ils ont la peau lisse colorée de rouge et de noir comme l’uniforme de la maréchaussée du temps de Stendhal, car ces beaux gendarmes-là sont des insectes, comme la coccinelle de mêmes couleurs. Oui comme la bête à bon Dieu et c’est sans doute pour cela que l’on surnomme aussi ces gendarmes-là, les diables cherche-midi.
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Comme chacun voit midi à sa porte, à celle du jardin, à midi, en plein soleil, vous pourrez trouver ces diables cherchant midi à quatorze heures (heure d'hiver) pour disparaître aussitôt que survient l’ombre du moindre nuage.
Seraient-ce les légendaires démons de midi ?
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Carl von Linné délivra en 1758, son passeport, sa feuille de route, à notre gendarme des jardins, il baptisa ce démon du nom officiel de pyrrhocoris apterus (punaise rouge) ou encore, pyrrhocore qui est un insecte hémiptère hétéroptère de la famille des pyrrhocoridae.
Car notre diable rouge est une sacrée punaise, mais pas aussi puant et mauvais coucheur que ces sales putains de nos lits. Ce gendarme est désarmé et inoffensif pour nous autres usagers du potager. Pas d'inquiétude pour vos salades ou vos roses non plus : il ne mange pas de ce pain-là. Serait-il en plus un essaimeur ?
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Il porte de nombreux autres pseudos dont suisse, cordonnier, soldat ou encore masque-nègre que cette punaise d'Europe porte du reste tagué sur son dos en guise d'un bien étrange blason africain.
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Insecte discret, beau, mystérieux et solaire, héliophile ou héliotrope, il promène au soleil son masque de nègre parmi les herbes et les pierres à la poursuite d’on ne sait quelle aventure ou trésor de lumière chaleureuse.
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Je le surnommerai aussi punaise panneau-solaire, punaise tournesol ou punaise solarium. Je ne sais d'ailleurs si un biologiste a étudié son appétit pour le soleil et les infimes réactions chimiques que notre étoile provoque en lui. Ce pourrait être une piste pour une éventuelle future pile ou autre truc énergisant et renouvelable que tout le monde cherche, faute d'idée et de pétrole.
Qui sait ce que cache ce petit démon sous sa cape aux armoiries africaines ?
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On t'aime petit chercheur de midi ; reste avec nous.
Fin de loup