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Martin-Lothar

Toussaint, souviens-toi d’un gosse sec

3 Novembre 2013 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Divers et d'autres saisons

La Toussaint, c'est la fête de tous les saints. Nous avons tous enfin droit à un saint, à de blancs seins, pour les plus chanceux, mais surtout, à un blanc-seing pour passer l'hiver.

Parce que la Toussaint, c'est, depuis la nuit des temps, la fête de l'équinoxe d'hiver, celle où Saturne, Janus et le Grand Pan réunis, nous plongent doucement, mais sûrement, dans la nuit du temps.

Nos ancêtres n'avaient en effet pas attendu Saint-Pierre, le pape Grégoire, son calendrier, le petit Jésus de chez Christ & Cie et leur sponsor en chef (qui vous savez — ou pas) pour comprendre que cette période d'équinoxe où les feuilles de chêne et autres du même métal, commencent graves à tomber sur les tombes, était un bon moment pour se souvenir de leurs ancêtres embaumés, empoussiérés, liquidés, en cendres ou dans tout autre état de la matière, enfin bref, pour se remémorer les morts et autres disparus ad patres ou ailleurs, qu'ils fussent des saints, des gens bons, des brutes ou des truands.

C'est le bon moment aussi pour honorer les vivants les plus âgés qui ne passeront peut-être pas l'hiver qui s'approche, sachant que de nos jours, grâce à la sécu, à l'aspirine et au scalpel à laser, les PPH sont de moins en moins nombreux.

Ce n'est pas dans la poche pour l'héritage certes, mais c'est un sursis pour apprendre éventuellement d'eux les bonnes vieilles ficelles de derrière les fagots avec nœuds marins ou fluviaux à la clé (ou à la claie).   

On ne choisit pas ses parents, mais on a tout à apprendre d'eux : c'est bien là une vérité universelle que tout jeune prophète, historien, empereur, politicien ou garçon boucher devrait ruminer sept fois dans sa cervelle immature avant de commencer à dire, écrire ou faire toutes les conneries du monde.

Du reste le folklore moderne d’Halloween n'est pas autre chose qu'une mise à jour (version 2000.13 bêta) d'une tradition multiséculaire voulant qu'à l'équinoxe, les plus jeunes aillent visiter les plus vieux (et éventuellement leur chanter un beau cantique ou du jazz, sinon les faire un peu rigoler) et ce, sans vraiment attendre un quelconque retour d'ascenseur en forme de malabar au curry, de Haribo au chanvre ou de chamallow à la graisse d'ours polaire.

Car il est vrai aussi que si les ascenseurs n'existent que depuis peu de temps, les vieux sur le retour sont beaucoup, mais alors beaucoup plus anciens.

...

Une pensée des morts peut se mettre en prose, en poème, en psaume, mais aussi, en musique et c'est ce que fit en 1760, un gosse sec, qui se nommait François-Joseph Gossec (1734-1829) qui, disent certaines langues (mauvaise ou pas), fut à la Révolution française pour la musique ce que Jacques-Louis David fut à la peinture.

Il n'en demeure pas moins que la Grande Messe des Morts de Gossec figure en bonne vitrine ou enceinte dans mon musée perso et que son Recordare en est un des beaux joyaux.

On raconte que cette œuvre de Gossec aurait inspiré largement et profondément un de ses grands potes, un jeune autrichien mort trop tôt, un certain « WAM » de son pseudo, pour la composition d'un requiem très peu connu, un rien bâclé, et de plus, inachevé...

Je signale en passant aux cancres las qui se retournent avant de tomber au fond de la blogosphère, qu'une messe des morts est au requiem ce qu'une chambre double est à une single dans un hôtel de passe ou de passage en banlieue fleurie ou pas.

En effet, le requiem est pour un seul cadavre alors que la messe des morts est composée et célébrée pour tout un charnier (révolutionnaire ou autre hécatombe ou boucherie normale, naturelle ou pas).

Il fut un temps où j'écoutais en boucle, pendant des heures, ce Recordare de Gossec et le plus souvent, dans ma voiture, la nuit, en revenant d'une soirée de parentèle ou d'amitié.

Recordare, mot latin, signifiant : souviens-toi.

Cette version était celle d'un concert radiophonique où le loupissime Philippe Herreweghe mena avec génie et à la baguette l'orchestre et le chœur de la Chapelle Royale.

Ayant hélas perdu cet enregistrement, j'ai trouvé sur la toile, pour illustrer ce billet et vous faire connaître une des plus belles musiques qui soit, un Recordare du Gosse Sec youtubé qui se rapproche beaucoup de celui interprété par Herreweghe.

Cette vidéo de 2010, offerte par un certain Pierre Renoir, a aussi l'avantage de présenter de belles images de circonstances du cimetière enneigé et bellement arboré de Rochetaillée, près de Saint-Étienne (qui est une ville et un saint, parmi tous).

...

Attention : Trois voix de soprano, ténor et basse, couplées sur une horloge orchestrale et ancestrale peuvent causer de graves dommages à votre sensibilité. À partir des 2:04 minutes de cette vidéo, il y a 40 secondes de montée au firmament pour flâner, béat, avec les anges sur un petit nuage. Accrochez vos ceintures hein, ça décoiffe même les chauves et autres crâneurs d’ossuaire. Je vous aurai prévenus.


Honorable et pleine Toussaint à tous

Memento mori

Recordare

Enjoy

 

 

 


 

  lien, si la video ne s'affiche pas sur votre bidule :

 

Recordare Gossec


 

Fin de loup

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L
<br /> Je comprends pourquoi tu passais ce morceau en boucle. Merci pour le partage.<br />
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V
<br /> Merci pour la vidéo<br /> <br /> <br /> Cet extrait est très beau<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas regardé les images<br /> <br /> <br /> Les yeux fermés... Sur un nuage<br />
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