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Martin-Lothar

Le retour de la guerre des boutons-requins 4D

22 Septembre 2011 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Angoisses

 

DegasJeunesSpartiates.jpg« Dire que quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! »

(Louis Pergaud, la Guerre des boutons)

 

[Mode badin ON]

Hier, en giclant de mon train matutinal, j’ai aperçu une affiche annonçant la sortie imminente de nouvelles dents de la mer dans tous les aquariums cinéphiles français. Ça s’appelle « Shark 3D ». L’affiche représente grosso modo (j’étais mal réveillé) une fille à poil poursuivant lubrique un malheureux requin en bikini.

Bon, je ne sais à combien de « remakes » ou de « retour » sans gland on en est du dentier carnassier de notre bonne vieille maman amère, mais qu’importe, car celui-là est en 3D up to date et c’est sûr que ça va faire mal dans le box au fisc (et aux yeux surtout).

Cela étant, quant au titre de ce film étasunien animalier, nous avons échappé au « les dents de la mer 3D(entiers) » auquel tout le monde de saturé pouvait s’attendre. Non, c’est « « Shark 3D », « shark » signifiant « requin » en anglais (ça sonne comme une mâchoire de squale cisaillant l’abdomen d’un gosse en bouée) et « 3D » veut dire « 3 dimensions » comme le savent tous les poissons plats, de la sole norvégienne au maquereau de Pigalle.

Je pense que ce titre « les dents de la mer » est protégé par de bons et gras droits d’auteurs salés au sel marin et que donc, « touche pas à mon idée sinon tu raques grave »

[Mode badin OFF]

[Mode colère ON]

Hélas, ce n’est pas le cas du roman de Louis Pergaud (1882-1915), « la Guerre des boutons » dont les droits sont tombés dans le domaine public, voire dans le caniveau de Gavroche (c’est la faute à Ruisseau, c’est la faute à Water), ce qui permet aux trolls puants du bulbe encarté de tout poil de ramasser le bébé en de lui en faire voir de toutes les couleurs, par tous les trous sans complexe, sans honte, en toute impunité et surtout gratis.

Tel est le cas d’un de nos ciné-zintellos-zélite de chez Franchouille-Frankistan, que je ne nommerai même pas, qui vient « d’adapter » à l’écran ce roman écrit en 1912 et qui a du coup, inventé le cinéma « 4D » en le transposant en 1944, en pleine guerre de chez Mondiale le Retour.

Une idée de génie, du jamais fait, je vous le dis ! Quelle audace !

C’est vrai qu’on l’avait bien oubliée cette vraie guerre-là, sinistre, seconde et mondiale hein ! Aucun film, téléfilm, roman ou livre d’Histoire n’en cause plus depuis au moins 30 ans.

La peau de la bête immonde ne se vend plus. [Hein, quoi ?]

De plus, d’après ce que je sais, ils en ont mis une seconde couche de putasserie en faisant tomber Lebrac, le personnage principal et le chef des déboutonnés, amoureux boutonneux d’une jeune réfugiée… Devinez… Devinez… Juive !

Quel talent hein ! Quelle imagination !

Il faut dire aussi que quelques jours auparavant, une autre « adaptation » cinématographique de la Guerre des boutons fut proposée aux cinéphiles égarés et que d’après ce que j’ai pu en ouïr, le scénariste avait « introduit » un nouveau personnage dans la bande des boutonneux : un garçon manqué (tomgirl, on dit en English, je crois), si, si, histoire de faire palpiter les jeunes cerveaux sur des théories du genre théorie des genres et Toussa de chez Gros Sabots Sociétaux à la Gomme.

Quelle sagacité ! Quelle bienveillance !

 

Quelle bande de cons glaireux oui !

 

Nos cinécacomatographes de bas art d’aujourd’hui ne supportent visiblement plus que nos chères têtes blondes nos jeunes festivo-citoyens divers cons et cernés rient trop longtemps en toute bonne conscience. C’est très mauvais pour leur santé, pour leur moral et surtout pour la morale de chez Pensée-Unique & Binaire Limited Sarl.

Pour ces branle-muse-art de soviet-prisunic, l’enfant d’aujourd’hui est en effet un pervers polymorphe à tendance nazillonne, prisonnier, otage de ses parents populistes, nauséabonds, incultes, incompétents et collabos et dont il convient de contrôler l’éducation civique et politique et les fréquentations intellectuelles dès le plus jeune âge afin qu’il sache de suite et pour des cierges et des siècles, où se trouve le bon côté de la farce (de vote, de vente et d’achat, surtout)

Or donc et subséquemment, il y a rien de mieux à cet effet, que de s’inspirer piller un roman épatant et très populaire et de l’arranger à la sauce « maton de Panurge » en y intégrant du pathos à deux balles impubères, dégoulinant de bons sentiments pudiques, javellisés, pasteurisés, vingteurisés, pour le bétonner lourd enfin avec un gavage mémoriel zombo-citoyen des familles dont seule la France a le secret et le ridicule.

Pour pirater-détourner au mieux une œuvre littéraire, il faut s’assurer au départ que l’auteur est bien mort et enterré dans la nuit des temps et que ses héritiers même l’ont oublié. On évitera surtout de comprendre sa démarche d’écriture (de toute façon, il est muet mort ce con) et à toute fins utiles on y ira lire vite et en travers sa biographie sur Wikipedia pour vérifier qu’il n’a rien fait de « nauséabond » dans sa vie et que d’une manière générale, sa philosophie de la vie était plus ou moins compatible avec le juteux lavement de cerveau que l’on se prépare à administrer à ces couillons de spectateurs béats.  

Pour nos El-Che-Bobo de scénaristes, Pergaud, c’est de la balle : instituteur hussard noir de Jules Ferry ; écrivain naturaliste des champs, des bois, des campagnes et de leurs âmes rupestres ; mort en officier dans les tranchées de 1915 pour une France dont l’agonie commencera trois ans plus tard ; un peu catho sur les bords et rad-soc à l’occasion, bref, c’est du clean et du digne à faire bander Stéphane Aisselles toute une nuit, c’est vous dire.


Le problème pour nos Guevara germanopratins de banlieue, c’est que le Louis avoua lui-même dans la préface de sa Guerre des boutons (voir ma citation d’hier), et ce, dans un français superbe, clair et pur, que ce roman n’est qu’une pantalonnade (c’est le cas de le dire) rabelaisienne, jubilatoire, écrite en riant « pour faire rire » et qu’en aucun cas, le lecteur ne doit chercher dans les lignes ou entre, un quelconque « message » subliminal ou pas, une quelconque « thèse » et ne serait-ce qu’un soupçon de morale même bon-enfant.

Désolé vieux, pas de message là-dedans. Rien à tirer. Même les nègres renifleurs de BHL n’y verraient rien.

Et voilà pourquoi, nos cinéastes sycophantes, maîtres absolus des consciences djuvéniles, diverses, rappeuses, tagueuses et citoyennes sortirent leur grosse seringue pour injecter dans le cadavre de ce texte ringardo-bourgeois-souchien une dose massive de néo-moraline 2011 g. 

On appelle ça « la nouvelle guerre des boutons » et hop ! On tourne, les chéris et c’est dans la boite, en attendant de se remplir les fouilles de bons gros euroflouzes bien mérités.

Et si ça ne marche pas en salle, on vendra cher cette daube aux télés et au Mammouth Ed Nat pour visionnage citoyen en boucle ad nauseam. Merde quoi, faut bien vivre non !

 

C’est à gerber !

 

Enfin, je n’ai qu’un mot à dire à ces pitoyables cinéastes, à ces flibustier nécrophages d’eau latrinale ; c’est un mot composé qui est aussi l’insulte préférée des déboutonnés de Longeverne et de Velrans ; l’injure suprême des Lebrac, Camus, Gambette, La Crique, P’tit et Grand Gibus, de L'Aztec des Gués et de Migue la Lune :

 

« couilles-molles ! »

Ah mais !

 

[Mode colère OFF]

 

Illustration : Edgar Degas (1834-1917) Jeunes Spartiates s'affrontant (1860-62) Huile sur toiles. National Gallery, Londres.

 

Fin de loup

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M
<br /> <br /> Je rajoute : quand Coppola a tourné un magnifique film en 1979 sur la guerre du Viet-Nam, il l'a titré "Apocalipse now" pas "Au coeur des ténèbres" Joseph Conrad ne s'est pas alors retourné dans<br /> sa tombe hein ! Moi non plus d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C'est lui qui nous avais vaillamment pondu, il y a quelques années, ce nanar obligatoire et tire larme sur la rédemption par la chorale en miieu fermé, dont la bande son a hanté nos oreilles<br /> pendant trop longtemps. Les Choristes, ça ne vous dit rien ? Si c'est le cas, restez dans votre ignorance, c'est tout le bien que je vous souhaite. Excellent dimanche et un salut amical de Fidel.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Mère & Père Castor : oui, j'ai vu les "choristes", mais désolé, j'avais trouvé ça pas mal, tout en sachant que c'était un "remake' de la "cage aux oiseaux" et que les "croix de bois" avaient<br /> été quelque peu "ripolinées"<br /> <br /> <br /> Je ne suis pas contre les adaptations pour autant qu'elles soient honnêtes, fidèles et qu'elles respectent l'esprit du"texte de base" si on choisit de garder le titre, le récit et les noms des<br /> personnages.<br /> <br /> <br /> Si on veut en faire une autre daube, alors, on respecte le travail des morts ; on ne les cite même pas et on fait autre chose en fait, une autre chose que l'on nomme autrement.<br /> <br /> <br /> Je n'aime pas les vampires ou les sangsues ; je n'aime pas les parasites de toute manière.<br /> <br /> <br /> Bien à vous<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Il faut dire qu'en matière de "pathos à deux balles" et "néo-moraline" le coupable en connaît un rayon. Saine et digne colère à laquelle j'adhère illico.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Mère Castor : si tu les dis, je te crois.  Je ne le connais pas et il y a maintenant peu de chances pour. Mais bon, il faut que tout le monde vive (je me dis ça désormais pour m'empêcher de<br /> trucider mon (***) de prochain)<br /> <br /> <br /> <br />