Citation — la Patrie — Voltaire
26 Avril 2013 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Runes, #Voltaire, #Quantisme
« La Patrie est là où l’on vit heureux »
(Voltaire, le Siècle de Louis XIV)
Note
J’aime cette pensée de Voltaire, un esprit qui fut sans doute à la philosophie ce que le champagne est à la gastronomie. J’aime cette définition à la fois pour sa concision et sa simplicité qui n’est du reste que formelle dans la mesure où elle procède d’une trinité, de trois dimensions universelles que sont l’espace, le temps et l’esprit.
L’espace de la Patrie, c’est-à-dire par tradition, la terre de nos pères, de nos ancêtres, de nos frères comme de nos pairs vivants ou morts ; le temps de la vie qui au fil des siècles et des sciences ne cesse de s’allonger ; et enfin, le sentiment du « bonheur » qui est une « vertu » que l’on peut qualifier de quantique, car tout à la fois réelle et virtuelle, paradoxale et logique, ponctuelle et infinie ; singulière et plurielle ; aussi mesurable qu’incommensurable.
Ces trois repères cosmiques tournent ici autour de l’axe subjectif du mot « ON » ce pronom singulier et très singulier, qui comme chacun le sent dans cette pensée, regroupe, in solidum, mais sans solidarité, tous les autres pronoms personnels : il s’agit du « ON » philosophique ; c’est l’individuel dans le collectif et vice vertu.
Voltaire fait ainsi éclater l’aspect « spatial » de la patrie traditionnelle qui n’a dès lors plus de frontières, sans toutefois lui conférer pour autant une plus vaste géographie : que les « béats citoyens du monde » aillent se faire voir ailleurs. En fait, il le réduit même à un espace-temps qui est celui de la vie, et mieux, pour le meilleur ou le pire, celui de la vie heureuse.
À ce stade, on pourrait en déduire que les « malheureux » n’ont pas de patrie, de nation, de pays, mais ce serait mettre la charrue avant les bœufs ou plus exactement, la société avant le citoyen, car ce dernier doit être le seul et unique à forger ou pas son bonheur et l’apprécier à l’aulne de ses propres rêves et non d’un toujours fuligineux et douteux idéal pseudo-collectif.
Il n’y a jamais eu de « société ou de civilisation heureuse » comme il n’existera jamais de patrie idéale dans la mesure où ces entités n’existent que par l’immanence révélée, partagée ou confrontée de chaque individu.
Comme l’enseigne la sagesse chinoise (d’avant Mao) : « ce n’est pas parce que l’on dort dans le même lit que l’on fait les mêmes rêves ».
C’est le rayonnement de chacune des particules qui forme l’atome sachant que nombre de physiciens vous diront aujourd’hui que ce dernier n’est qu’une boule d’ondes immatérielles de volume et d’existence improbable et variable.
Cette définition de la patrie est anarchiste, libertaire (au sens étymologique des mots) et elle fut sans aucun doute « révolutionnaire » à une époque où Voltaire persiflait et compissait profus une monarchie colbertiste centralisée, autoritaire, oligarchique, corrompue et dogmatique qui du reste, préfigurait déjà notre contemporain, incontournable, transcendant et incontrôlable « Etat-dieu-roi-père-maman-nounou-parrain-maître » qui n’a de cesse dans sa souveraine pesanteur et attraction de nous dicter matin et soir sa vision de « notre — un certain » bonheur et de nous imposer entre mille et une taxes vexatoires sinon confiscatoires, ses lubies et ses marottes bureaucratiques et collectivistes.
Et pour finir, comme toujours en France : une chanson à boire :
En fin de compte (dans le rouge budgétaire), ce n’est pas la « Patrie » de Voltaire que nous subissons et qui nous étrangle, nous entrave, nous lave le cerveau et nous châtre en ce moment, c’est sans doute celle de Rousseau et d’autres bigots soviétiques à la noix de coco rancie ?
Si Gavroche est tombée dans le ruisseau, ce n’est certes ni la faute à Voltaire, ni la faute à Rousseau, mais le second pour l’en sortir le prendra dans ses bras en pleurant et en se faisant un tour de rein, alors que le premier — tout aussi fraternel et charitable — le conseillera et l’instruira pour que, comme un grand, tel un citoyen enfin responsable et libre, il se sorte tout seul de la merde.
…
On (moi itou) ne lit plus beaucoup Voltaire dans l’actuelle pseudo-patrie-nation française des chacals, des porcs, des corbeaux, des hyènes, des vautours et des moutons panurgiens et c’est bien dommage, car il y a dans les runes de ce bon vieux François-Marie Arouet, dit — ET À JAMAIS Voltaire (n’en déplaise aux matraques de monsieur de Rohan), du Socrate, du Rabelais, du Villon, du Montaigne, du Cervantès, du Pascal, du la Fontaine, du Shakespeare et bien d’autres bienfaiteurs et nobles fêtards tant de l’humanité, de la vie, de la beauté, du bonheur que de l’humanisme.
À l’instar de ces hommes-loups, Voltaire reste autant libertaire que libertin et son esprit pétillant est aussi réconfortant, luxueux, savoureux, flamboyant et rafraichissant qu’un bon vin de Champagne dont le sage Alexandre (Vialatte, pas le Grand) disait :
« L'esprit humain a besoin de grand camembert… La civilisation a besoin de grand champagne et de grandes pensées. Les grandes pensées ne peuvent naître que de vastes curiosités... La civilisation ne peut naître que d'amateurs supérieurs. »
La Patrie aussi.
On t’aime Voltaire ; reste avec nous.
Fin de loup
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