Un trombone garou
30 Avril 2008 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Loups et loups-garous
On dit que je lui ressemble un peu, beaucoup, physiquement, mais je ne porte pas la moustache ni l’uniforme et je ne joue pas du trombone pendant les guerres mondiales.
On dit aussi que ce fut le meilleur des hommes : Gentil, intelligent, érudit, généreux, spirituel et de goûts sûrs. (De ce côté-là, il m’aura déshérité…)
Il avait dans les veines quatre sangs d’Ouest : Vendéen, Breton, Normand et Picard et il fut le rejeton d’une lignée de corsaires de Lorient, d’armateurs nantais (un peu négriers sur bâbord), de chanteuses d’opéra, de notaires de Versailles et de Rueil (avec ou sans Malmaison), de journalistes ultraroyalistes, d’imprimeurs et d’éditeurs.
Il naquit en 1894 au pied de la Cathédrale d’Amiens où tout gosse, il aura sans doute tiré la barbe ou il aura pissé même sur les genoux de Jules Vernes …
Il était imprimeur, éditeur et philatéliste hors pair, pour avoir repris avec ses frères et beau-frère l’entreprise de son père, mais on ne saura jamais quel métier il aurait voulu vraiment exercer sachant qu’il n’eut jamais le choix en la matière car un refus de cette carrière lui aurait valu certainement un crâne fendu par la canne paternelle (On ne rigolait pas avec ces choses à l’époque !)
C’était de plus un bon vivant devant l’Eternel et sa mère comme sa femme et ses trois filles furent de véritables fées (ou sorcières) du fourneau et de la casserole.
Il était adoré par ses employés…
Cette photo a été prise le 9 avril 1916 (sans doute à Albert dans la Somme, Picardie) et quand Henri Ernest (22 ans) ne jouait pas du trombone, il était brancardier des tranchées poilues boueuses et infernales…
J’imagine que son grand cœur et sa culture l’ont fait souvent ramasser sans hésiter plus d’un blessé allemand.
J’imagine aussi qu’il était vraiment plus qu’heureux de faire de la musique même militaire le soir après la schlague ou d’écrire les superbes lettres qu’il envoya à sa famille. (On peut le comprendre…)
Plusieurs générations de loupiots et de loupiotes ont craché et soufflé dans le trombone qu’il tient sur cette photo pour en faire sortir, souvent en vain, un son plus ou moins congru. Généralement, l’assistance n’entendait qu’un gros pet d’anus aussi ridicule que la face rubiconde et déconfite du malheureux apprenti musicien qui n’avait plus qu’à changer de caleçon…
Il faut dire que ce n’est pas facile de jouer de ce truc-là hein !
Cet instrument fabriqué à Paris en 1855 existe toujours ; j’en ai hérité et c’est mon coach-gourou d’ours Albert, à la fois ému et fier qui vous le présente ici :
Henri Ernest Yvert est mort un 30 avril, le 30 avril 1956 et ce jour-là, je n’étais encore rien ni personne ou pas grand-chose, un peu comme aujourd’hui en évoquant le souvenir de ce fieffé loup-garou.
Fin de loup
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