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Un Manuel de Survie

Premier carnet – Page de garde

1 Novembre 2006 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Runes

Notre forêt se démène en ses squelettes sombres que baigne une brume torpide.
Nos arbres se dépouillent de leur vanité rousse et de leurs lambeaux se repaît le peuple minuscule de l’humus et de la terre morne et fraîche.
La nation croustillante des lichens s’épaissit en tapis ou en châles diaprés sur les meubles des souches et des fûts transis.
Les roches ne sont pas épargnées de champignons et de feuilles et s’épuisent en flux de rosée moissonnant leurs essences organiques.
Ce fleuve universel rejoint puissamment la masse des fibres, des feuilles et des élytres fourbues et s’infiltre en bruissant dans l’athanor argileux des sols gorgés de toutes les promesses.
Cycles de lunes, de saisons, de soleils, de chairs et de terres allant et venant en des vortex écumant de pluies, de sèves, de rosées, de larmes, de sangs, d’urines, de sueur, de baves et de foutres éloquents.
Les peuples nomades des insectes, des mammifères et des volatiles maintenant se terrent dans les creux de toutes terres et de toutes pierres ou dans les murs nidifiés des écorces ruisselantes.
Nous ne devinons plus que les haleines cotonneuses des sangliers en leur souille ou des cerfs rutilants désemparés dans leur juste taillis.
La meute vibrante d’une lune pâle entonne alors au soir les sirènes d’un automne d’avant-garde annonçant ainsi des temps porteurs d’ombres et de frimas.

Ecoutez-moi la meute :
D’un hiver, nous voyagerons dans notre jungle en cherchant sans relâche notre première et unique tanière.
Je vous le dis la meute : Nous la retrouverons enfin et nous en chasserons les usurpateurs même si nous les aimons.
Sans joie et sans pitié, nous les massacrerons s’ils résistent même si nous les aimons.
Même si nous les aimons, nous rongerons leurs os sur nos couches enfin reconquises.
Lève-toi la meute et marchons loin, très loin.
Il le faut maintenant car j’aperçois au loin les prémisses brumeuses de celle qui nous poursuit depuis la nuit des temps.
Elle vient.
Quoi ?
L’apocalypse.

 

 

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