Les deux voies sublimes de la pandiculation (2/2)
Je vous ai déjà parlé de la pandiculation…
Je vous en donne aujourd’hui la définition :
« Mouvement du corps qui consiste à étirer les bras vers le haut, à renverser la tête et le tronc en arrière et à étendre les
jambes, qui s'accompagne souvent de bâillements et qui se produit au réveil, en cas de fatigue, d'ennui, d'envie de dormir, ainsi que dans certains états pathologiques »
Comme disait Vialatte la pandiculation, l’être humain, le sommeil, la bonne bouffe et la fornication datent tous de la plus haute antiquité.
D’ailleurs, l’excellentissime Amarante, qui est une de co-Morues assises sur le banc du même bois (en lien à droite, pub) m’a signalé hier par
commentaire que le mot « pandiculation » venait du latin « pandere » soit « étendre, déployer ».
Plus proche, cela tient du dérivé savant (médecine) et du latin d'époque impériale « pandiculatum », supin (mon beau supin !) de « pandiculari » « s'étendre (en
bâillant); s'allonger»
Comme nous le disait Amarante, Monsieur Plaute lui-même (le salaud !) se pandiculait tous les matins en son temps et en sa condition !
Comme quoi les références, hein !
Moi, je connaissais ce mot de chez Arthur Rimbaud :
Mains chasseresses des diptères
Dont bombinent les bleuisons
Aurorales, vers les nectaires ?
Mains décanteuses de poisons ?
Oh ! quel Rêve les a saisies
Dans les pandiculations ?
Un rêve inouï des Asies,
Des Khenghavars ou des Sions ?
(Arthur Rimbaud, Les mains de Jeanne Marie, juin 1871)
Tout ça pour vous redire que je me pandicule tous les matins profusément.Et je n’ai pas honte à l’instar de monsieur Plaute.
Au réveil, j’effectue
en effet pendant plusieurs minutes avant de me lever, la première voie du Grand Pandicule Sublime (ou Grand Pandicule)
Je m’étire tant que je peux et je bâille.
Attention : Pour
les déficitaires en magnésium, la pandiculation risque de produire des courbatures, des crampes ou pire un lumbago. Je vous aurais prévenus hein !
Par ailleurs, la pandiculation (individuelle) est fortement recommandée avant le petit câlin du matin ou la péréquation sauvage et néanmoins
fonctionnelle d’une ou plusieurs figures du Kama-Sutra.
Alors, allez-y mollo, mais avec passion tout de même
!
Connaissant le dicton :
Bien mieux tu encules.
J’attire surtout votre attention sur la force et la vigueur du bayement : La gueule grande ouverte à s’en décrocher les
mâchoires, S'il vous plait.
Il faut que cela dure et soit profond !
À la rigueur, vous pouvez émettre le son le plus audible possible pour votre partenaire ou à défaut, par vos voisins.
Du genre : rhaoooooooooo !
Ou encore compatible avec le cri de
Shubarak (le yéti poilu de la guerre des étoiles)
Plus fort si vous pouvez : ne pas lésiner avec ces
conneries !
Il en va de votre survie.
Bayer ou
bâiller
De l’ancien français « baer » qui voulait dire « être ouvert » la racine étymologique est le mot
« *bataculare »
Je remercie Amarante & Cie de bien vouloir me dire ce qu’en pensent monsieur Gaffiot et autres
érudits de survie.
Je remercie aussi Mlle Moi (en lien à droite, pub) de bien
vouloir me donner la traduction en Mélanésien (supérieur, inférieur et tout azimut) des mots « pandiculation » et « bailler » sachant que dans ces coins-là (îles dessous le
vent), ce n’est plus une activité matinale banale, mais un sport national de toute heure.
Il en va de ma survie,
hein !
Le français moderne n’accepte que « bailler » sachant que le verbe « bayer » est réservé à
l’expression « bayer aux corneilles »
Cette expression est magnifique et magique : Elle est réservée aux adeptes
de la Grande Pandiculation Lumineuse, voire aux Maîtres adoubés de l’Ordre de la Pandiculation Universelle. (OPU)
J’en suis
le Grand Maître (ça bas de soie)
Que ceux ou icelles qui veulent se faire introniser officiellement dans cet Ordre
multimillénaire (et dans les règles de l’Art), veuille bien se faire connaître par commentaire : Je les préviens, ça fait mal, là où il faut ! (envoyer CV circonstancié – avec
mensurations & photo — au préalable S.V.P.)
Pourquoi les « Corneilles » ?
Venons-en à la racine des corneilles, comme disait Molière.
En fait dans
les temps moyenâgeux, la corneille était considérée comme une « nèfles »
C’est-à-dire Que dalle de chez
Nullachier.
En ce temps-là, il n’y avait que le faucon et il fallait qu’on…
Bref, « bayer aux corneilles » c’est se polariser un instant sur le Grand Rien, le Vide universel, le Cœur, l’Axe Sublime du Grand Tout en
définitive !
Le Grand Inutile !
Comprenne
qui pourra !
La Voie Lumineuse de la Grande Pandiculation (VLGP) mène à ce stade ultime, à ce cap grandiose et jamais
(ou si peu) dépassé.
Le picard disait « bayer aux cornioles » (du latin corneolus, gosier,
gueule)
Les frères & cousins du « bayer » sont nombreux : Ébahir, baie, badin, badaud, bâillon, baba et
baba cool notamment.
Bayer c’est avoir la corniole ouverte !
Et tombe en dedans ce que pourra.
D’ailleurs, quand je pendicule le matin,
je me demande bien ce que je vais pouvoir avaler quelques minutes plus tard : Une tartine de miel ou de confiture, un croissant au beurre (ou pas), un pain au chocolat (Chocolatine sous le
45e parallèle) ou tout ce qu’il faut pour bien commencer une journée de merde de contribuable (ou pas) moyen (ou pas).
Et
puis il y a la seconde Voie Sublime de la Pandiculation,
Cette dernière est souvent pratiquée par beaucoup d’animaux mammifères tels que les chats et les chiens qui, sortant de leur panier et d’une
sieste toujours bien méritée, pandiculent et baillent à n’en plus finir.
Ils s’ébrouent parfois, puis jettent un œil inquiet sur le cadran de la première pendule venue pour s’assurer si des fois ce ne serait pas l’heure de bouffer.
Si c’est l’heure de s’empiffrer, alors ils se remettent à pandiculer et à bâiller en cherchant qui ils pourraient bien aller emmerder pour servir la bouffe le plus vite possible.
Parce que dans quelques minutes ce sera l’heure de la prochaine sieste hé ho !
La petite pandiculation ou encore pandiculation digitale consiste à entrecroiser les doigts des deux mains et à les étirer afin de produire un craquement sinistre que tout le monde adore.
Bon moi, je ne fais pas souvent ça, mais je connais des gens qui passent leur temps à faire craquer leurs articulations comme ça et je passe mon temps à leur demander d’arrêter !
En fait, ce ne sont pas les cartilages ou les os qui font ce bruit insupportable, mais des bulles de gaz qui éclatent à l’intérieur des cartilages.
Ce gaz (du dioxyde de carbone à 80 %) est formé en bulles explosives par la pression et l’échauffement brusque produit par l’étirement des doigts.
En fait, ça ne craque pas, ça pète !
C’est le phénomène dit de « cavitation » connu depuis 1971 (du moins dans les articulations des mains)
Il faut environ quinze minutes pour reproduire le phénomène et le craquement (pet digital) est réservé aux gens qui ont des articulations assez larges.
Tout le monde ne peut pas donc pratiquer la petite pandiculation.
Surtout les serpents et les baleines.
Le Stade Suprême de la Sublime Pandiculation (SSSP) est atteint quand l’adepte fait péter ses doigts croisés au-dessus de sa tête tout en effectuant la Grande Pandiculation et le terrible
Bâillement ad hoc.
Le Stade le plus sacré de la Sublime Pandiculation (SLPSSP) n’a été atteint que par Le Sacré et Sublime Pandiculateur (SSP) — un pote à moi — et consiste à effectuer la Grande Pandiculation tout
en faisant la Petite Pandiculation avec les orteils.
J’ai essayé plusieurs fois et je me suis toujours cassé la gueule.
Mais j’y arriverai un jour, juré !
Tiens ça me fait bayer tout ça.
Et puis demain, c’est un lundi de boulot…
J’en pandicule tiens !
Grand et petit.
Bon, pandiculez-vous, pandiculez, pandiculons mes frères et mes sœurs !
Note : Cette note étant le regroupement de deux, vous pouvez lire les commentaires de la première sur ce billet là.
Fin de loup