Sixième spectre (l'embaumeur)
12 Octobre 2006 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Runes
Hiram, fils d’Hiram et petit-fils d’Hiram naquit dans un
petit village de Macédoine en 293 avant Jésus-Christ.
Comme ses ancêtres, il cultivait l’humilité, les langues et de multiples arts telle l’alchimie, la médecine, la divination, la pharmacopée, la métallurgie, l’astrologie, la botanique.
Il gagnait sa vie à soigner tous les maux de la terre, des esprits et des corps ; à tatouer les peaux ; à désenvoûter ; à dératiser et surtout à vendre tout onguent, filtre et mixture de sa
composition.
Il était aussi maître dans l’art de l’embaumement des morts.
Hiram dérogeait cependant quelque peu à son hérédité en étant resté plus de trente ans dans le même pays et surtout, dans le même village.
Pourtant un jour, ses gènes sans doute lui commandèrent de quitter son pays natal pour aller s’établir avec sa femme et ses trois fils en Mésopotamie, non loin de Babylone dont le roi Alexandre
le Grand venait d’ouvrir la route et de prendre le trône.
Il s’établit dans un petit village de pêcheurs sur les bords de l’Euphrate où ses multiples arts et métiers furent très vite appréciés dans toute la région.
Ses jours s’écoulaient paisibles mais fort bien remplis quand vers la mi-juin de l’an 323, sa vie et celle de sa famille basculèrent soudainement.
Un soir en effet, toute la maisonnée fut réveillée par une galopade et bientôt de forts coups frappés à la porte.
Hiram ouvrit à un officier Grec de l’armée d’Alexandre qui sans aménité s’engouffra dans la maison, suivi de quatre soldats porteurs d’une civière sur laquelle reposait un cadavre recouvert d’un
drap blanc.
L’officier demanda à Hiram s’il pouvait embaumer ce corps dans les règles de l’art et le conserver pendant plusieurs semaines jusqu’à ce que l’on vienne le reprendre pour aller l’inhumer en son
pays.
Cette requête étonnante dans sa nature et ses circonstances attisa d’emblée l’inquiétude d’Hiram qui s’enquit alors auprès de l’officier de plus de détails sur le mort et sa funèbre
destination.
Le soldat refusa toute explication, mais tendit à Hiram une lourde caissette remplis de pièces d’or en acompte de ses services et de son silence.
Cette somme était considérable ce qui ne fit que compléter l’inquiétude d’Hiram.
L’officier l’assura que le même montant lui serait versé à l’enlèvement du corps embaumé.
Hiram, très hésitant, mais conscient qu’il n’aurait pas vraiment le choix, demanda à examiner le cadavre avant d’accepter cette « mission »
Le drap fut soulevé en découvrant le corps nu déjà putréfié d’un homme d’environ trente ans et en libérant une odeur infecte.
Hiram – en guise de défausse - déclara alors à l’officier que le cadavre était déjà bien trop pourri pour être embaumé efficacement et qu’il n’y avait plus qu’à le brûler ou l’enterrer au plus
vite.
L’officier lui rétorqua qu’il allait de sa vie et du bonheur de sa famille que de lui restituer dans quelques semaines, un corps présentable et transportable.
Sur ces menaces, il tourna les talons et disparu dans la nuit avec sa troupe.
Hiram resta jusqu’au matin à retourner sa panique dans son cerveau : A n’en pas douter, il était désormais mêlé peu ou prou à il ne savait quelque sordide histoire ou complot et quelque fut sa
compétence et son zèle dans cette « mission », rien de bon pour lui ne pouvait en résulter.
Il examina enfin le corps de plus près : le cadavre était dépouillé de tout vêtement et ornement. Les œuvres de la mort n’avaient pas encore terni le grain de la peau qui ne pouvait avoir
appartenu qu’à un être de la noblesse. De nombreuses cicatrices entaillaient à peu près toutes les parties du corps, mais elles étaient trop anciennes pour être à l’origine de la mort.
Hiram opta bientôt pour une mort par maladie ou éventuellement par empoisonnement.
Alors qu’il allait recouvrir le cadavre de son drap, Hiram remarqua un petit tatouage sur l’épaule gauche.
Il s’approcha pour l’examiner de plus près : Il représentait la lettre grecque « alpha » inscrite dans un cercle lui-même cerné d’un triangle et le tout entouré d’un carré.
Reconnaissant ce tatouage, Hiram crut défaillir.
Aussitôt, il réveilla toute sa famille et ordonna à ses fils d’aller creuser une tombe au plus profond de la cave située sous la maison et demanda à sa femme et ses serviteurs d’emballer tous
leurs biens pour un prochain départ.
Une fois le cadavre enterré dans la fosse de la cave et la fouille bien masquée ; une fois les meubles et les biens chargés sur des ânes et des charrettes, Hiram et toute sa famille quittèrent le
village nuitamment pour regagner leur Macédoine natale.
Hiram retrouva son village d’origine et il y reprit ses activités avec bonheur jusqu’à sa mort, vingt ans plus tard.
Peu avant de mourir, il écrivit toute cette histoire sur un parchemin qu’il enferma avec d’autres documents dans une caissette laissée à l’intention des ses enfants.
Ces derniers négligèrent ces papiers et ce n’est que trente plus tard que le petit-fils d’Hiram pourra lire cette aventure et en connaître le secret.
En fait, Hiram y révélait que le signe des plus ésotériques qui soit et aperçu sur l’épaule du mort avait été tatoué par son propre père sur la peau d’un jeune prince du nom d’Alexandre, fils du
roi Philippe de Macédoine.
Note : Le mystère plane encore sur les circonstances de la mort d’Alexandre le grand qui est survenue au cours de ses 33 ans, le 10 juin 323 (avant JC) à Babylone.
Beaucoup avancent qu’une fièvre emporta rapidement ce roi déjà bien fatigué par de nombreuses blessures au combat, des cuites régulières et des partouzes fréquentes.
Par ailleurs, nul ne sait si son corps a rejoint le tombeau qui lui aurait été construit à Alexandrie (ou à Memphis) et que d’ailleurs personne n’a encore retrouvé.
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