Mort de rire
30 Novembre 2007 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Runes
Valère Maxime (Valerius Maximus) était un historien du premier siècle après JC qui relata notamment la mort plus ou moins
extraordinaire de gens célèbres ou pas.
Parmi ces récits, il y a les fins insolites du grand tragédien grec Eschyle (526-456 avant JC) et de deux athlètes de renom : Milon de Crotone et Polydamas.
Où l’on voit qu’à toutes époques, le biceps ne contient pas beaucoup de cervelles et que le sportif est trop souvent aussi con qu’un piaf :
La fin du poète Eschyle fut involontaire, mais la singularité de l'événement mérite qu'on en fasse le récit. Étant un jour sorti de la ville qu'il habitait en Sicile, il s'assied dans un lieu
exposé au soleil. Un aigle, portant une tortue dans ses serres, passe au-dessus : trompé par la blancheur de sa tête qui était chauve, il la prend pour une pierre, et y laisse tomber la tortue
afin de la briser et d'en manger la chair. Ce coup ôta la vie au poète, créateur et père de la mâle tragédie.
Milon de Crotone, passant dans une campagne, voit un chêne entrouvert par des coins qu'on y avait enfoncés. Plein de confiance dans la vigueur de ses bras, il s'en approche, il introduit ses deux
mains et veut achever de le fendre. Ses efforts font tomber les coins ; l'arbre reprend son état naturel, serre les mains du Crotoniate, et le livre, tout couvert qu'il est de palmes gymniques, à
la voracité des bêtes féroces.
Il en est de même de l'athlète Polydamas. Le mauvais temps le força un jour à se réfugier dans un antre. Bientôt l'excès et
l'impétuosité de la pluie ébranlèrent tellement la voute de la caverne qu'elle commençait à s'écrouler. Tous ceux qui s'y trouvaient avec lui, s'enfuirent pour échapper au danger. Il resta seul,
comptant soutenir la masse tout entière sur ses épaules. Mais accablé sous un poids, que nul homme n'était capable de supporter, il expia sa folle présomption ; l'asile où il avait cherché un
abri contre l'orage, devint son tombeau.
L'exemple de ces deux athlètes peut servir à prouver que trop de force corporelle énerve les facultés de l'âme. Il semble que la
nature se refuse à gratifier un mortel de cette double faveur, et que ce soit une félicité plus qu'humaine de réunir au plus haut degré la force et la sagesse.
(Valère Maxime, Des morts extraordinaires)
Illustration : Joseph-Benoit SUVÉE (1746-1807) la mort de Milon de Crotone. Groeninge Museum, Bruges.
Fin de loup
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