Avant Valence, c’est le Nord ; après Valence, c’est le Midi (1/2)
On dit que le jeune Napoléon Bonaparte, alors aspirant en garnison à Valence, escalada la face ouest du château de Crussol.
Bon, moi je veux bien hein, mais pour ceux qui ont déjà regardé cette face occidentale de la colline au sommet duquel culmine cette ruine du siècle n° 12, trouveront une fois de plus les légendes un peu téméraires.
C’est une pente très abrupte, voire une chute à pic de plus de deux cents mètres et si Bonaparte avait réellement fait ça, alors là : Chapeau Napoléon !
Notre Corse aurait eu en effet une gloire d’alpiniste plutôt que de chef de boucherie.
Il faut dire que le jeune Bonaparte à l’époque rêvait plutôt d’être écrivain (entre deux soupers à Beaucaire) et je me plais à imaginer un accident pendant une telle escalade l’ayant rendu pour le moins infirme.
Il y aurait sans doute eu une œuvre littéraire de plus qu’au moins deux générations de Français eut pu lire en paix en buvant du vin d’Hermitage sans se faire massacrés pour rien finalement.
Mais s’il est facile de refaire l’Histoire et s’il est passionnant de la connaître, il est tout aussi difficile de bien la comprendre et surtout, d’être pleinement conscient de celle que nous sommes en train de faire !
C’est notre devoir de vivant, non ?
Faisons alors un peu de Géographie historique et touristique : La ville de Valence fut fondée en l’an 121 avant JC par des potes du consul romain Fabius (Quintus Fabius, pas Laurent hein !)
Ce nom de Valence (Valentia) signifie « Cité vigoureuse »
Il lui en faut de la vigueur à Valence pour résister à tous les courants qui la traverse et la lamine jour et nuit.
Il y a d’abord le Rhône : Un fleuve impassible, brutal et puissant qui est ici dans la force de l’âge, qui est au courant de tout et qui imperturbable et alpin draine inexorablement toute sa vallée vers la Méditerranée, le soleil et leurs merveilles.
Longeant le Rhône, une autoroute dite du soleil sur laquelle passe en Eté la moitié de l’Europe, du pôle Nord à la Sibérie en passant par l’Ecosse.
Et un TGV qui va bon train.
Tout ce petit monde passe à Valence et ne s’y arrête que rarement maintenant.
Ce n’est plus le temps de l’étape valentinoise de la Nationale 7, chère à Trenet.
En passant, tout le monde ne peut que constater la très grande véracité du titre de cette note : Passée Valence, on entre inexorablement dans le Midi !
Non seulement le climat change en quelques kilomètres, mais le paysage et le ciel prennent les aspects, les vibrations, les lumières et les senteurs de…
La Provence !
Giono et Pagnol ne sont plus loin et d’ailleurs la demi-brigade dont Giono fit un si grandiose récit, était basée à Valence, si je ne m’abuse.
On arrive éventuellement à Montélimar (c’est souvent pas du nougat, avec les bouchons) ;
On peut aller vers la bise à Madame de Sévigné à Grignan ; faire le plein d’huile d’olive à Nyons ou monter à vélo les pentes lunaires du Mont Ventoux.
Et puis il y a Orange où tel Hercule, nous sommes à la croisée des chemins !
On peut alors aller tout droit pour rejoindre la Camargue, son riz, ses chevaux, ses gitans, sa misère pour aller boire un pastis sur le port de Marseille où la Marine Française vous emmerdera profusément entre un pastis et un verset du Coran.
A Orange, on peut aussi se la jouer à l’orientale et être heureux comme un pape en faisant le pont à Avignon (une des plus belles villes de la planète, si, si) ;
Ou encore, baisser son calisson à Aix-en-Provence.
Quelques kilomètres plus loin, on peut tomber en rade à Toulon qui est pour moi, le lieu du Var riable pour ne pas dire du Var rieur (Tiens salut Werewolf !)
Nous pouvons poursuivre jusqu’au Luc (et ses deux potes sains, Maxime et Tropez) dont je reparlerai…
Ou alors poursuivre jusqu’à Cannes ou Juan-les-Pins et surtout Biot (dont mon enfance tient ses premiers souvenirs heureux – j’en reparlerai, of course)
Pousser plus loin ?
On atteint alors Nice et des portes vers ailleurs… (Tiens salut STV !)
Sinon à Orange, on se fait occidental et l’on refait le pont sans crier gare en saluant la reine de Nîmes.
Puis viennent Montpellier (Tiens salut M. !) Carcassonne (allez donc enfin lui ouvrir à cette vieille carcasse) et enfin Toulouse (où je connais quelques personnes frivoles et libres de chez Dubeaumonde !)
C’est vrai que Valence est tiraillée de tout part.
Il faut vraiment qu’elle s’accroche au 45ième parallèle qui la traverse et qui est sauf erreur la moitié du chemin entre le pôle Nord et l’Equateur
Tiraillée et coincée entre deux géants géologiques que sont l’Auvergne, magnifique, massive et centrale où l’eau des volcans lave depuis la nuit des temps, les mânes sacrés de la moitié de mes ancêtres ;
Et les Alpes suprêmes et altières où le corps prend toute la mesure de sa faiblesse et où l’âme s’élève malgré elle.
Valence subit à l’Ouest la dèche de l’Ardèche qui, au printemps, est une splendeur, et elle ne saurait résister au Vercors qui, à l’Est, rutile d’un haut luxe des plus naturels en toute saison.
De plus, au Nord, il y a Vienne la belle et antique Romaine, où naît le Mistral et qui est une Cité fort méconnue, mais riche de vestiges splendides et d’un musée profus.
Au Nord encore, il y a surtout, la bourgeoise, arrogante, passionnante et richissime Lyon (tiens salut Crooke, Monsieur Camille et les Morues), capitale universelle des Gaules apostoliques et romaines (ce n’est pas rien hein, excusez-les du peu !) baignée des trois fleuves Rhône, Saône et Beaujolpif et où se suicida Ponce Pilate (hic transit gloria mundi) et qui est le centre planétaire de la gastronomie (Burp !)
A l’Est encore, Il y a la jeune, sportive, ingénieuse et moderne Grenoble, où naquit la copropriété et où à l’âge de 20 ans j’ai étudié la force et la faiblesse des lois et finalement, la vraie philosophie ou l’art de la démocratie.
Le campus de Grenoble en Dauphiné se nomme Saint-Martin-d’Hères ; Je pourrais sans doute maintenant l’appeler Saint-Martin d’Hier !
A suivre…
Fin de loup