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Un Manuel de Survie

Harriet, Bruno, Tommy , Johann et quelques autres.

29 Juin 2006 Publié dans #Divers et d'autres saisons

Classé dans la série : « Divers et d'autres saisons »

Comme l’a déjà signalé Laouenanig dans cette note-là, la tortue Harriet est morte il y a quelques jours.
C’était parait-il la doyenne de tous les êtres vivants car on lui prêtait la bagatelle de 176 ans.
Cette tortue serait donc née en 1830 et expira en 2006 dans un zoo australien.
Bon, s’il y a un bureau des réclamations dans l’au-delà, je ne pense pas qu’Harriet la tortue y complète un formulaire hein !
Il faut dire aussi que malgré ses 150 kilos, elle n’a jamais emmerdé personne et elle ne s’est jamais attaquée à un quelconque mouton.
Bon d’accord, quelques malheureux troupeaux de salades ont été sans doute sauvagement agressés, mais rien de quoi ameuter les médias, ni terroriser les campagnes.

Ce n’est pas comme l’ours Bruno qui a été abattu en pleine force de l’âge, il y a quelques jours dans une forêt de Bavière.

oursbruno

Il faut dire qu’en voulant faire son petit marché tous les jours pépère, il semait la merde en plein Mondial et n’a pas eu le réflexe d’enfiler un short de foot pour passer incognito en s’outrant de bière.
Il s’est aussi entêté à refuser de devenir végétarien pour engraisser ses 500 kilos, ce balourd-là !
Les autorités locales n’ont pas eu non plus la patience de la capturer vivant pour le foutre dans un endroit plus sûr pour lui et les moutons subventionnés à perte de Herr Von Panurge ou de le renvoyer en Italie d’où il venait.
C’est vrai qu’il aurait été malsain d’exposer le doux peuple des supporters ballonnés à une telle sauvagerie et à si peu de savoir-vivre…

Dans les Pyrénées, l’homologue français de Bruno a lui été récupéré dans la campagne où il s’était égaré et remis dans le droit chemin jusqu’à la prochaine.
On ne lui a pas non plus appris à ne bouffer que des frittes en fleurs ou des radis sauvages.
Celui-là va bien finir par être canardé un jour comme les loups alpins qui parait-il prolifèrent comme des lapins du même bois.
Pour en revenir à la tortue Harriet, elle a sûrement été admirée et caressée un jour par des petits garçons australiens qui quelque temps plus tard partirent pour l’Europe participer au premier mondial de la connerie humaine.

Samedi prochain, en Picardie, on commémorera le quatre-vingt dixième anniversaire de la bataille de la Somme qui fut une des plus meurtrières qui soient : Plus d’un millions de morts poilus de tout poil en quelques semaines…
C’est « le Verdun » de l’Angleterre, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Canada, de l’Afrique du Sud ou de l’Irlande.
Il y a un an, j’ai visité le cimetière australien de Villers-Bretonneux : C’est un site superbe, poignant, terrible où l’on ne peut pas ne pas avoir de sanglots en lisant les noms et les âges sur les milliers de tombes que l’on arpente terrifié ou affligé.

cimaustral

« Tommy X. Australien, 18 ans, régiment X, tué le 1er juillet 1916 »
Pendant cette seule première journée 1er juillet 1916, ils ont été vingt- mille jeunes gars à tomber ainsi à des lieues et de lieues d’Harriet, la tortue…
Vingt mille…

Non loin de la tombe de Tommy, il y a certainement celle où repose un Johann, un Allemand du même âge ou pas loin, enterré ici par erreur sous un autre nom.
Dans un coin du cimetière, non loin d’un monument où sont inscrits 76000 noms bannis à jamais de la Grande Matrice de la Vie, il y a un vieux mur criblé de balles.
Car il y a même eu des combats entre les tombes pendant la seconde guerre mondiale…
Tommy, Johann et leurs potes ont dû alors entendre et apprendre qu’ils étaient morts pour rien…

Aujourd’hui encore, la terre picarde vomit périodiquement des ossements blancs de 90 ans, alliés ou allemands, qu’elle n’a plus le courage de cacher aux yeux des vivants plus que jamais repus, chauvins et haineux.

Harriet, si tu croises Bruno, Tommy ou Johann, quelque part dans le là-bas d’après, dis-leur que…
Que…
Mais à quoi bon ?
Oui, à quoi bon ?

Fin de loup

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Commenter cet article
I
La connerie humaine est hélas sans bornes.
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B
Très belle note. Ta généreuse lucidité frappe souvent là où ça fait mal.
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L
pas besoin d'y aller pour verser pas mal de larmes.lire ces lignes suffit.çà me rappelle un peu Monte Cassino, en Italie, et tant d'autres... les bunkers de Normandie retournés, éventrés par les obus.çà pleure un oiseau?je crois bien que ouibise émue
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L
Je ne connaissais pas la fable de l'ours et de la tortue.
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C
Les animaux n'ont plus rien de sauvages .....Les humains n'ont plus rien d'humains ......
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