Vous n’en avez sans doute rien à brosser, mais… (Saison 3 / épisode 1)
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai un clavier blanc, tout blanc.
C’est d’ailleurs très salissant (et à l’heure où je tape dessus, il est crasseux comme pas permis) et c’est d’autant plus sali que le bonhomme
Martin y frotte sa crasse ; y met sa sueur ; y jette ses larmes ; y crache ses colères et ses rires ; il le tache de son sang (quand il a bouffé des sardines ultra protégées par une boîte des
plus agressives)
A la fin mai 2005, non seulement mon clavier (j’en parle aujourd’hui comme d’un de mes membres à part entière, telles mes
mains, mes jambes ou mon sexe) avait oublié d’être blanc, mais en plus il était brûlant comme les fesses d’un petit garçon qui avait lui-même oublié d’être sage entre la poire et le fromage ;
d’être patient entre les legos et la récitation du lendemain…
C’était la campagne du référendum sur la constitution
européenne et comme je suis européen en diable fou (le saviez-vous ?), je m’énervai à sauter sur les tables et à me taper la tête contre les murs en voyant la tournure que prenait les choses dans
ce merveilleux pays François bêtement agité à crever par la ringardise et la connerie depuis au moins 1789.
Mon
sentiment à cet égard était le suivant : Toute la classe politique française de l’extrême droite à l’extrême gauche, qu’elle soit bénie oui oui ou sacre nan nan, étant fondamentalement
opposée à l’Europe (quel qu’elle soit)
J’assistais alors à une guignolade franchouillarde comme il ne nous en a été rarement
servie dans l’histoire de ce beau pays tempéré, réactionnaire (toujours vers le côté obscur), bourgeois (pour ses bagnoles, ses animaux domestiques, sa télé et ses enfants), révolutionnaire (tous
les 30 février) et prolétaire (les jours fériés et ensoleillés).
Bref, c’était du grand Molière enraciné à bayer aux
Corneilles et à en soulever des Montaigne, n’en déplaise à Pascal et surtout à péter les plombs pour les amoureux de Voltaire & Cie comme moi.
Du Pétain Le Pen à Louis Chirac le Grand et passant par le Nabot Léon Fabius et l’osé beau V, ces gentils messieurs dames faisaient allègrement du
national-socialisme sans le savoir ou en feignant de l’ignorer : Un remake lamentable du Bourgeois politicard et même pas gentilhomme.
Ils ont réussi…
Tous aux abris et mettez vos
casques.
Je vous aurais prévenus hein !
Je publiai donc comme un dingue lumineux deux ou trois notes par jour sans me préoccuper ni des stats, ni des éventuelles
réactions.
Quand le 28 mai 2005, je reçois ce commentaire (sic) :
« scuse moi, mais pourquoi tu parles autant de Sciences-Po ??? »
Posté par Will, samedi 28 mai 2005 à 19:38
Bon là, il faut savoir que j’étais quand même un petit bizut dans la blogosphère hein !
Un commentaire comme ça, qui en plus le premier que je prends dans la gueule : Je panique un peu !
Putain, mais qu’est-ce que j’ai fait ?
Putain, mais qu’est-ce qu’il faut
faire ?
C’est l’histoire du petit nouveau de l’école qui se promène dans la cour de récréation et reçoit un ballon dans les
pattes : Que doit-il faire ?
- Mépriser complètement le ballon et passer son chemin ?
- Ou taper dedans n’importe comment, en rigolant ?
- Ou ramasser la balle et la porter aux maîtres ou maîtresses ?
- Ou encore, la prendre dans ses mains et crier : C’est à qui ça, je peux jouer avec vous ?
J’ai choisi la dernière solution surtout que mon premier commentateur avait pour pseudo « Will » : un prénom qui ne m’est pas
étranger.
J’ai réglé l’affaire directement et j’ai découvert Pelote…
Moi, je l’aime bien Pelote.
Je l’aime bien parce que c’est un petit djeune
typique de notre époque et de notre pays qui passe son temps à se perdre en se cherchant ; qui passe son temps à croire réinventer l’introuvable et qui passe son temps à fuir
l’inexorable.
Bon d’accord, il est « nature » c’est sûr !
Bon d’accord, il est fâché avec l’orthographe et la grand-mère et pas mal d’autres choses, mais il me fait toujours craquer pour le cours
d’histoire romaine qu’il a en lien sur son blogue et pour les photos de ses peluches…
Comprenne qui pourra !
Il se passe alors un bon mois sans rien de nouveau et le 21 juin 2005 au soir, je rentre du boulot sans projet ni idée de
note.
J’apprends par la radio sans fil que c’est la fête de la musique ce jour-là, et incontinent, je tape en trente minutes
chrono une note
Je poste et je vais me coucher.
Le
lendemain soir, j’ouvre mon blogue et je constate que mes stats ont littéralement et numériquement explosé !
J’ai deux
nouveaux commentaires de Laouenanig et de Zibulinette (ce dernier commentaire ayant été effacé par
erreur, désolé)
Je nageais dans un ruisseau de bonheur…
J’étais (enfin !) devenu le plus grand blogueur de l’univers ! Si, si.
Le 26 juin 2005, j’ai le premier commentaire de Lewis (dont je reparlerai
plus complètement demain, hé, hé !) ;
Un commentaire (enfin) de Zeugme le 22 juin 2005 ;
Et le 2 juillet 2005, le premier commentaire d’Ennairam, cette sympathique araignée qui m’attraira
quelques semaines plus tard dans sa toile de chez Frivoli !
C’est l’époque où je regarde attentivement mes stats et surtout, les adresses IP des gens qui me
visitent.
C’est l’époque où je remarque qu’une adresse IP « Anantes » s’inscrit plusieurs fois par jour sur la liste, sans
commentaire aucun et sans que je sache de qui il pouvait s’agir !
C’était très agaçant !
C’est toujours agaçant !
Le loup ne savait pas encore que nuit et jour, une
petite renarde marchait sur sa trace…
Fin de loup