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Martin-Lothar

Un marronnier du printemps

20 Mars 2023 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Divers et d'autres saisons, #iCuls & haïkus

Un marronnier du printemps

encore un printemps

jamais aussi près

de l’hiver prochain

(M-L, 2016)

Ainsi, en ce 20 mars, le soleil, notre étoile, est en son point vernal.

Pile-poil.

Tout le jour, notre planète sera illuminée du pôle Sud au pôle Nord.

Le jour vaudra la nuit, c’est l’équinoxe vernal, celle du printemps, car c’est le printemps.

La grande horlogerie planétaire et stellaire en rajoute alors avec gravité et surtout avec gravitation.

La lune, satellite de la Terre, tourne autour d’elle et la Terre tournant sur elle-même tourne autour du Soleil.

Ce petit manège universel et inexorable fait bien marrer les océans qui se gondolent tant qu’ils peuvent.

Ils sont aspirés soit par l’étoile soit par le satellite et vont et viennent pensifs sur leur littoral.

Flot et jusant apportent puis, figent ou emportent toute fortune de mer et sur l’estran, l’océan étale alors d’étranges aubaines.

Des Lagans de faune, de flore, des lagans d’artefact et d’épaves laminés et maintes fois ressassés : algues, écume, crabes, bois, cordes, immondices innommables, cachalot, ferrures, coraux lessivés, couteaux, coquillages inhabités, sacs, corps de noyés, laminaires, branche, plumes, écailles, squelettes, galets et tutti quanti.

Au jusant, le monde volatile et tapageur des mouettes s’égaye et se régale des miettes marines et des malheureux prisonniers de flaches frémissantes ; autour, le sable est moulé en rides gorgées du bouillon particulaire : l’océan y scella sa présence et atteste de son grand labeur.

Plus loin dans les terres, c’est la grande marée végétale du plus noble équinoxe : un sang minéral et sirupeux afflue dans les troncs et les branches.

Il vient des tréfonds de l’humus et des terreaux nappés de tous les automnes et des hivers alchimistes.

Il rêvera de s’élancer vers le ciel sidéral en jaillissant de bourgeons, de feuilles, de fleurs puis de fruits.

Ainsi, l’ordre est donné aux cycles universels tournoyant inexorablement dans leurs cercles vertueux et millénaires pour que l’ordre vénérable de toute chose soit comme toujours et à jamais.

Bientôt, une jeune abeille étourdie, éblouie, perdue viendra se poser sur mon épaule ; elle se lissera un instant les antennes puis repartira vers de nouvelles aventures mieux parfumées.

Les araignées sortent en pandiculant de leur hamac duveteux et se dirigent vers la jeune lumière en bayant.

C’est le printemps…

(M-L, 2008)

au jour de grève

le cerisier nous enlève

l’amertume des rails

(M-L, 2016)

russes et ricains cons battants

c’est très irritant

au printemps

(M-L, 2022)

Aux fleurs de pruniers

je parsème de sardines

la tombe de mon chat

(Kobayashi Issa, 1763-1827)

le levant emporte l’OTAN

dans le vent d’antan

au printemps

(M-L, 2022)

ours attaquant aigle inquiétant

coq débilitant

au printemps

(M-L, 2022)

prépare-toi à la mort

prépare-toi

bruissent les cerisiers en fleurs

(Kobayashi Issa, 1763-1827)

Pénétrant comme le remords,

Tombe un froid lourd qui vous écœure

Et qui doit filtrer chez les morts

Chez les pauvres morts, à toute heure

Seuls, et sans cesse grelottants,

­­— Qu’on les oublie ou qu’on les pleure !

— Ah ! Vienne vite le Printemps,

Et son clair soleil qui caresse

Et ses doux oiseaux caquetants !

Refleurisse l’enchanteresse

Gloire des jardins et des champs

Que l’âpre hiver tient en détresse !

Et que - des levers aux couchants, -

L’or dilaté d’un ciel sans bornes

Berce de parfums et de chants,

Chers endormis, vos sommeils mornes

(Paul Verlaine, 1844-1896, Sub Urbe, Poèmes saturniens)

cerisier le soir

feux de cuisine

teintes de fleurs

(Yôfû)

Frères humains et tant et tant

Ce monde est tentant

Au printemps

Contraints d’hiberner mécontents

Oui mais c’est pourtant

Le printemps

Peuple cela fait trop longtemps

Longtemps qu’il s’attend

Le printemps

Sale virus trop combattant

Maintenant va-t’en

Au printemps

Peuples vous n’êtes pas contents

Mais l’or est comptant

Au printemps

Peuple cela fait trop longtemps

Longtemps qu’il s’attend

Le printemps

Sida virus peste et Satan

Aucun ne s’attend

Au printemps

Tourner cette page est tentant

Mais le pire attend

Au printemps

Peuple cela fait trop longtemps

Longtemps qu’il s’attend

Le printemps

Virus vieil empereur d’antan

Va-t’en en ratant

Le printemps

Abeilles fleurs fruits épatants

C’est ce qu’on attend

Au printemps

Et heureux celui qui n’entends

Pas les charlatans

Du printemps

Peuple cela fait trop longtemps

Longtemps qu’il s’attend

Le printemps

(M-L, 2020)

émoi du printemps des guerres des farces

des vanités ces garces

j’en ai mars

(M-L, 2014)

s'il est permis d'avoir cent-cinquante ans

on ne vend pas le printemps

pour autant

(M-L, 2015)

premier jour dans la nuit des temps

et c'est aussi le printemps

du printemps

(M-L, 2016)

le monde

est redevenu

un cerisier en fleur

(Ryôkan, 1758-1831)

 

jamais un équinoxe ne nuit

aux petits ennuis

de la nuit

(M-L, 2016)

« Ça a l’air beaucoup plus beau d’ici en haut que ça l’est d’en bas, tu ne trouves pas ? Oui. C’est vrai. Il y a beaucoup de choses qui sont mieux de loin. Tu crois ? Oui. Sans doute à commencer par la vie qu’on a déjà vécue. Ouais. Peut-être aussi celle qui nous attend. »

(Cormac McCarthy, la Trilogie des Confins, les Villes de la Plaine, chapitre III)

 

Illustration : Giuseppe ARCIMBOLDO, 1526-1593, Le printemps, 1563, huile sur bois, 66 x 50 cm, Museo de la Real Academia de San Fernando, Madrid, Europe.

 

Fin de loup

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