Vingt-quatrième Spectre (Un bourreau)
Pour icelles et iceux qui ne connaissent pas mes contes des spectres, je précise qu'il s'agit de nouvelles relatant les petites
histoires de petites gens filant dans les dédales de la grande Histoire.
Ce sont des textes intéressants (ou pas) qu'il convient de lire calmement, en les sirotant et surtout, en se gardant de commencer par la fin où apparaît la clé, la révélation de l'histoire : sachez jouir de votre plaisir de lire.
Vous trouverez tous les autres spectres par un lien dans la colonne de gauche, tout en haut.
Je les aurai prévenus hein !
Tous les pouvoirs sont invités à confesser leur impuissance. (Patrice de la Tour du Pin, Une Lutte pour la Vie.)
Le plaisir d’obéir pousse l’homme à faire des rois et le plaisir de changer, à leur couper la tête. (Alexandre Vialatte, Dernières nouvelles de l’homme)
Mes parents étaient des gueux aussi stupides et aussi sales que les poules qu’ils s’acharnaient à élever entre deux disputes ou deux soûleries. Je les méprisais autant qu’ils me haïssaient et dès que j’eus un poil au menton, je les abandonnai à leur crasse merdeuse pour les oublier à jamais.
Sur le chemin de ma fugue, je rencontrai un recruteur qui m’engagea aussitôt dans une armée en partance pour l’étranger.
Moins de deux jour plus tard, je tuai mon premier homme en le décapitant d’un seul coup d’épée.
J’avoue qu’après la surprise, j’eus une belle joie de voir ce corps sans tête basculer dans le néant en gerbant tout son jus de réséda.
Le sang humain est comme un jeune vin dont l’ivresse aigre-douce fait de l’agneau le plus doux le pire des bouchers.
En quelques semaines à peine en effet, je devins une bête de guerre qui n’eut de cesse toute la journée que de trucider en menus morceaux tout ce qui se dressait en face d’elle et même au soir, j’avais beaucoup de peine à calmer ces ardeurs meurtrières à tel point que mes camarades me prirent vite en grippe après m’avoir surnommé « l’exterminateur » ou encore « le tripier »
Après cette guerre sévère, mais victorieuse nos chefs nous offrirent en prime un séjour dans notre capitale où pendant dix jours et dix nuits, je fis une rude bombance au frais de la république.
Cent fois au moins je remis mon dépucelage sur le métier puis, après ces bons coups, j’explorai les antres et les bas-fonds les plus interlopes de cette cité pour m’enivrer à la vie et à la mort avec la pire des racailles qui fut.
Bientôt je repartis en campagne dans un pays plus lointain où la sournoiserie et lâchetés des guerriers ennemis nous firent nous déchaîner comme des diables contre la population civile de tout sexe et de tout âge.
Pendant six mois, ce ne fut que sacs, pillages, tortures, supplices, viols, et massacres impitoyables.
Je mis tant de zèle dans cette boucherie qu’un jour je fis même dégueuler un officier en lui montrant ce qui restait du corps d’un adolescent.
Mais on se lasse de tout, du pire comme du meilleur et me sentant quelque peu en quarantaine et donc en danger dans ce régiment, je demandai enfin ma mutation dans une unité moins « opérationnelle » comme on dit dans l’armée.
C’est ainsi que je devins un sous-officier dans la garnison qui gardait la prison centrale de notre capitale.
Pour tout dire, je passais alors d’un enfer à un autre, mais ce dernier était plus subtil, plus calme, mais combien plus terrifiant aussi.
Cette prison était divisée en deux : Les sous-sols étaient réservés à la misérable lie de la criminalité tandis que les étages supérieurs enfermaient les délinquants dits « sensibles », riches, intellectuels, renommés ou politiques.
J’étais affecté avec ma compagnie à la surveillance de ces bourgeois et autres personnalités bien intéressantes et divertissantes et qui décuplaient au moins notre solde minable en nous gratifiant largement, sonnant et trébuchant, des maigres services que nous leur rendions pour agrémenter « leur séjour »
Je me fis ainsi vite une petite fortune avec des poignées d’herbes pourries à jeter dans une soupe infecte et je n’étais pas le dernier à exercer notre droit de cuissage sur leurs visiteuses de filles, d’épouses voire de mères !
Les étages inférieurs étaient « sous la responsabilité » de l’être le plus ignoble que ce monde n’ait jamais engendré !
On le surnommait « la Gangrène » : Un personnage difforme, tordu, laid, gras, puant, verruqueux, velu, borgne, boiteux, pervers, cruel, stupide et insensible total qui régnait en maître absolu et béat sur tout un peuple d’éternels suppliciés !
Quelque fut le sexe, l’âge ou le délit du malheureux prisonnier qui tombait dans les pattes dégueulasses de la Gangrène, il n’en remontait jamais vivant et en un seul morceau après avoir hurlé de douleurs pendant des jours et des jours.
Pour l’avoir rencontré quelques minutes et pour avoir entendu toutes les rumeurs terrifiantes qui l’entouraient, j’avoue que moi-même, salopard d’entre les damnés, j’ai encore la nausée d’un tel monstre.
Il y avait donc bien pire que moi sur cette terre et somme toute, j’étais heureux de ma condition jusqu’à ce qu’un jour, un officier général nous apporte un ordre d’exécution.
Il s’agissait d’éliminer le moins discrètement possible (je souligne) le prisonnier de la cellule n° 50 qui y croupissaient, malade et comateux, depuis plusieurs années.
Il faut dire que ce n’était pas n’importe qui : Il fut le général en chef d’un des plus grands ennemis que nous n’ayons jamais vaincu et soumis et, en dépit de sa maladie et de sa faiblesse, on l’accusait encore de toutes les séditions et insurrections imaginables dans notre bonne vieille république corrompue et pourrie jusqu’à l’os.
C’est vrai que plus d’un des bourgeois de notre cité (prisonnier ou non) aurait élu roi voire empereur cet étranger moribond, rien que pour se débarrasser un temps de tous les rats puants et gras à chier qui faisaient semblant de les gouverner en s’en foutant plein les poches depuis des décennies !
Le sujet était donc très sensible !
Surtout que parmi mes camarades gardes-chiourmes, beaucoup étaient de la race de ce prisonnier n° 50 qu’ils vénéraient et soignaient comme un dieu !
Mon malheur fut que le général précisa que cet ordre d’exécution émanait du plus haut sommet de l’Etat, du généralissime, du Grand Commandeur lui-même et que compte tenu des mes états de service, j’étais désigné d’office comme bourreau !
Un grand soldat ne peut être tué que par un grand soldat !
Cependant, il ne fallait surtout pas que cette exécution soit attribuée à un citoyen de notre république et il nous fallut alors trouver un bouc émissaire parmi le peuple du condamné.
Nous ne cherchâmes pas longtemps car nous avions depuis quelques jours une jeune recrue de cette origine, un gamin d’à peine seize ans sorti toute frais de sa cambrousse et qui parlait encore mal notre langue : Il était le coupable idéal pour être facilement accusé d’avoir puni sans ancien chef de sa défaite ou de lui avoir ainsi réglé quelques comptes ancestraux.
J’exécutai l’ordre sur le champ en gagnant furtivement la cellule n°50 où j’étranglai sans peine avec mon ceinturon le prisonnier qui dormait : La mort ne l’aura pas même réveillé.
Je fis ensuite appeler notre jeune soldat que j’assommai aussitôt pour lui retirer sa ceinture que j’enroulai autour du cou du cadavre.
J’appelai la garde et le tour était joué.
Le corps du prisonnier n° 50 fut enlevé le lendemain à l’aube et jeté discrètement dans un trou perdu en périphérie de la ville.
L’interrogatoire musclé du jeune soldat commença par le fracassement de ses mâchoires afin qu’il parle le moins possible et vers midi, nous apprîmes que la nouvelle du crime s’était largement répandue dans la cité au point même qu’une sédition agitait déjà le quartier où vivait en majorité une population de la race de la victime.
Pour calmer le peuple, il ne nous restait plus qu’à livrer l’accusé aux émeutiers et je m’en chargeai moi-même afin que rien ne nous échappe, mais je dus assister au supplice…
La mort de ce gamin innocent d’entre les innocents fut longue, très longue et abominable. Ecorché et coupé vif en petits morceaux pendant des heures et des heures, ce qui resta de son corps fut empalé sur un pieu dressé à la hâte dans une rue. Je suis persuadé qu’il vivait encore quand le pic sanglant lui sortit de sa bouche…
Ce sacrifice calma aussitôt la sédition et quelques jours plus tard tout était rentré dans l’ordre : Notre Grand Commandeur avait encore effectué un coup de maître !
Je fus grassement rémunéré de ce crime et cette belle prime ajoutée à ma solde et mes ponctions sur le dos des prisonniers me permirent quelques mois plus tard d’acheter une petite maison de campagne où je me retirai heureux et comblé jusqu’à la fin de mes très vieux jours.
A ce stade du récit, le Scribe du Labyrinthe décèle une obscurité dans le récit de ce spectre et après quelques hésitations, ce dernier complète sa relation de l’exécution du prisonnier n° 50.
En fait, ce soir-là ce n’est pas un général quelconque qui débarqua à la prison : Ce fut le Grand Commandeur lui-même qui répondait ainsi à la requête adressée quelques jours auparavant par le fameux reclus.
J’accompagnai le Généralissime jusqu’à la geôle et sur son ordre, je le laissai y pénétrer seul. Les deux hommes discutèrent calmement plus de deux heures dans cette cellule et finalement, le Commandeur m’appela pour m’informer que le prisonnier suppliait qu’on le tue pour en finir avec la vie de merde qu’il avait désormais.
Le prisonnier me confirma cette supplique par quelques mots malhabiles et me demanda de le faire mourir immédiatement et le Commandeur me dit qu’il acceptait cette demande non sans tristesse.
En vérité je vous le dis, ce soir-là, j’ai vu pleurer le généralissime, le chef d’état, le premier des Romains, l’imperator Julius Caius Caesar tenant la main du roi gaulois Vercingétorix que j’étranglais en chialant aussi.
Martin Lothar, le samedi 3 mai 2008.
Ce sont des textes intéressants (ou pas) qu'il convient de lire calmement, en les sirotant et surtout, en se gardant de commencer par la fin où apparaît la clé, la révélation de l'histoire : sachez jouir de votre plaisir de lire.
Vous trouverez tous les autres spectres par un lien dans la colonne de gauche, tout en haut.
Avertissement
Ce spectre fut un maudit et un damné, une horreur enfin. Les lecteurs réputés d’âme sensible sont priés de bien vouloir
accrocher leurs lunettes comme leur cœur.Je les aurai prévenus hein !
Vingt-quatrième Spectre (Un bourreau)
Tous les pouvoirs sont invités à confesser leur impuissance. (Patrice de la Tour du Pin, Une Lutte pour la Vie.)
Le plaisir d’obéir pousse l’homme à faire des rois et le plaisir de changer, à leur couper la tête. (Alexandre Vialatte, Dernières nouvelles de l’homme)
Mes parents étaient des gueux aussi stupides et aussi sales que les poules qu’ils s’acharnaient à élever entre deux disputes ou deux soûleries. Je les méprisais autant qu’ils me haïssaient et dès que j’eus un poil au menton, je les abandonnai à leur crasse merdeuse pour les oublier à jamais.
Sur le chemin de ma fugue, je rencontrai un recruteur qui m’engagea aussitôt dans une armée en partance pour l’étranger.
Moins de deux jour plus tard, je tuai mon premier homme en le décapitant d’un seul coup d’épée.
J’avoue qu’après la surprise, j’eus une belle joie de voir ce corps sans tête basculer dans le néant en gerbant tout son jus de réséda.
Le sang humain est comme un jeune vin dont l’ivresse aigre-douce fait de l’agneau le plus doux le pire des bouchers.
En quelques semaines à peine en effet, je devins une bête de guerre qui n’eut de cesse toute la journée que de trucider en menus morceaux tout ce qui se dressait en face d’elle et même au soir, j’avais beaucoup de peine à calmer ces ardeurs meurtrières à tel point que mes camarades me prirent vite en grippe après m’avoir surnommé « l’exterminateur » ou encore « le tripier »
Après cette guerre sévère, mais victorieuse nos chefs nous offrirent en prime un séjour dans notre capitale où pendant dix jours et dix nuits, je fis une rude bombance au frais de la république.
Cent fois au moins je remis mon dépucelage sur le métier puis, après ces bons coups, j’explorai les antres et les bas-fonds les plus interlopes de cette cité pour m’enivrer à la vie et à la mort avec la pire des racailles qui fut.
Bientôt je repartis en campagne dans un pays plus lointain où la sournoiserie et lâchetés des guerriers ennemis nous firent nous déchaîner comme des diables contre la population civile de tout sexe et de tout âge.
Pendant six mois, ce ne fut que sacs, pillages, tortures, supplices, viols, et massacres impitoyables.
Je mis tant de zèle dans cette boucherie qu’un jour je fis même dégueuler un officier en lui montrant ce qui restait du corps d’un adolescent.
Mais on se lasse de tout, du pire comme du meilleur et me sentant quelque peu en quarantaine et donc en danger dans ce régiment, je demandai enfin ma mutation dans une unité moins « opérationnelle » comme on dit dans l’armée.
C’est ainsi que je devins un sous-officier dans la garnison qui gardait la prison centrale de notre capitale.
Pour tout dire, je passais alors d’un enfer à un autre, mais ce dernier était plus subtil, plus calme, mais combien plus terrifiant aussi.
Cette prison était divisée en deux : Les sous-sols étaient réservés à la misérable lie de la criminalité tandis que les étages supérieurs enfermaient les délinquants dits « sensibles », riches, intellectuels, renommés ou politiques.
J’étais affecté avec ma compagnie à la surveillance de ces bourgeois et autres personnalités bien intéressantes et divertissantes et qui décuplaient au moins notre solde minable en nous gratifiant largement, sonnant et trébuchant, des maigres services que nous leur rendions pour agrémenter « leur séjour »
Je me fis ainsi vite une petite fortune avec des poignées d’herbes pourries à jeter dans une soupe infecte et je n’étais pas le dernier à exercer notre droit de cuissage sur leurs visiteuses de filles, d’épouses voire de mères !
Les étages inférieurs étaient « sous la responsabilité » de l’être le plus ignoble que ce monde n’ait jamais engendré !
On le surnommait « la Gangrène » : Un personnage difforme, tordu, laid, gras, puant, verruqueux, velu, borgne, boiteux, pervers, cruel, stupide et insensible total qui régnait en maître absolu et béat sur tout un peuple d’éternels suppliciés !
Quelque fut le sexe, l’âge ou le délit du malheureux prisonnier qui tombait dans les pattes dégueulasses de la Gangrène, il n’en remontait jamais vivant et en un seul morceau après avoir hurlé de douleurs pendant des jours et des jours.
Pour l’avoir rencontré quelques minutes et pour avoir entendu toutes les rumeurs terrifiantes qui l’entouraient, j’avoue que moi-même, salopard d’entre les damnés, j’ai encore la nausée d’un tel monstre.
Il y avait donc bien pire que moi sur cette terre et somme toute, j’étais heureux de ma condition jusqu’à ce qu’un jour, un officier général nous apporte un ordre d’exécution.
Il s’agissait d’éliminer le moins discrètement possible (je souligne) le prisonnier de la cellule n° 50 qui y croupissaient, malade et comateux, depuis plusieurs années.
Il faut dire que ce n’était pas n’importe qui : Il fut le général en chef d’un des plus grands ennemis que nous n’ayons jamais vaincu et soumis et, en dépit de sa maladie et de sa faiblesse, on l’accusait encore de toutes les séditions et insurrections imaginables dans notre bonne vieille république corrompue et pourrie jusqu’à l’os.
C’est vrai que plus d’un des bourgeois de notre cité (prisonnier ou non) aurait élu roi voire empereur cet étranger moribond, rien que pour se débarrasser un temps de tous les rats puants et gras à chier qui faisaient semblant de les gouverner en s’en foutant plein les poches depuis des décennies !
Le sujet était donc très sensible !
Surtout que parmi mes camarades gardes-chiourmes, beaucoup étaient de la race de ce prisonnier n° 50 qu’ils vénéraient et soignaient comme un dieu !
Mon malheur fut que le général précisa que cet ordre d’exécution émanait du plus haut sommet de l’Etat, du généralissime, du Grand Commandeur lui-même et que compte tenu des mes états de service, j’étais désigné d’office comme bourreau !
Un grand soldat ne peut être tué que par un grand soldat !
Cependant, il ne fallait surtout pas que cette exécution soit attribuée à un citoyen de notre république et il nous fallut alors trouver un bouc émissaire parmi le peuple du condamné.
Nous ne cherchâmes pas longtemps car nous avions depuis quelques jours une jeune recrue de cette origine, un gamin d’à peine seize ans sorti toute frais de sa cambrousse et qui parlait encore mal notre langue : Il était le coupable idéal pour être facilement accusé d’avoir puni sans ancien chef de sa défaite ou de lui avoir ainsi réglé quelques comptes ancestraux.
J’exécutai l’ordre sur le champ en gagnant furtivement la cellule n°50 où j’étranglai sans peine avec mon ceinturon le prisonnier qui dormait : La mort ne l’aura pas même réveillé.
Je fis ensuite appeler notre jeune soldat que j’assommai aussitôt pour lui retirer sa ceinture que j’enroulai autour du cou du cadavre.
J’appelai la garde et le tour était joué.
Le corps du prisonnier n° 50 fut enlevé le lendemain à l’aube et jeté discrètement dans un trou perdu en périphérie de la ville.
L’interrogatoire musclé du jeune soldat commença par le fracassement de ses mâchoires afin qu’il parle le moins possible et vers midi, nous apprîmes que la nouvelle du crime s’était largement répandue dans la cité au point même qu’une sédition agitait déjà le quartier où vivait en majorité une population de la race de la victime.
Pour calmer le peuple, il ne nous restait plus qu’à livrer l’accusé aux émeutiers et je m’en chargeai moi-même afin que rien ne nous échappe, mais je dus assister au supplice…
La mort de ce gamin innocent d’entre les innocents fut longue, très longue et abominable. Ecorché et coupé vif en petits morceaux pendant des heures et des heures, ce qui resta de son corps fut empalé sur un pieu dressé à la hâte dans une rue. Je suis persuadé qu’il vivait encore quand le pic sanglant lui sortit de sa bouche…
Ce sacrifice calma aussitôt la sédition et quelques jours plus tard tout était rentré dans l’ordre : Notre Grand Commandeur avait encore effectué un coup de maître !
Je fus grassement rémunéré de ce crime et cette belle prime ajoutée à ma solde et mes ponctions sur le dos des prisonniers me permirent quelques mois plus tard d’acheter une petite maison de campagne où je me retirai heureux et comblé jusqu’à la fin de mes très vieux jours.
A ce stade du récit, le Scribe du Labyrinthe décèle une obscurité dans le récit de ce spectre et après quelques hésitations, ce dernier complète sa relation de l’exécution du prisonnier n° 50.
En fait, ce soir-là ce n’est pas un général quelconque qui débarqua à la prison : Ce fut le Grand Commandeur lui-même qui répondait ainsi à la requête adressée quelques jours auparavant par le fameux reclus.
J’accompagnai le Généralissime jusqu’à la geôle et sur son ordre, je le laissai y pénétrer seul. Les deux hommes discutèrent calmement plus de deux heures dans cette cellule et finalement, le Commandeur m’appela pour m’informer que le prisonnier suppliait qu’on le tue pour en finir avec la vie de merde qu’il avait désormais.
Le prisonnier me confirma cette supplique par quelques mots malhabiles et me demanda de le faire mourir immédiatement et le Commandeur me dit qu’il acceptait cette demande non sans tristesse.
En vérité je vous le dis, ce soir-là, j’ai vu pleurer le généralissime, le chef d’état, le premier des Romains, l’imperator Julius Caius Caesar tenant la main du roi gaulois Vercingétorix que j’étranglais en chialant aussi.
Martin Lothar, le samedi 3 mai 2008.
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