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Martin-Lothar

Éloge de l’insolence

23 Juin 2007 , Rédigé par Martin-Lothar Publié dans #Le Dico, #Rabelais, #Quantisme

J’aime bien le mot « insolence »
Je ne sais pourquoi.
Avec le temps, les gens, leurs histoires et leurs gestes, ce substantif a drainé tant de sens et de significations, qu’il est devenu une idée reçues des plus insolentes.

On y lit les trois lettres « SOL » qui nous font incontinent penser au soleil et l’acception actuelle de ce terme (affront, opposition) évoque Prométhée face aux dieux ou Icare dans son vol mortel ou encore les frasques d’Arthur Rimbaud dans son Paris académique et autre jeunesse insoumise.
Au commencement pourtant, l’insolence puise ses racines dans le verbe latin « SOLERE » qui signifiait « avoir coutume de »

Etre insolent est donc rompre avec l’habitude, les usages, les sens commun ; c’est sortir du train-train, de la routine ferroviaire (ou tégévesque) du quotidien.
Le vieux Romain « SOLERE » a été remplacé par le vieux Français « SOULOIR » (1) qui a été prononcé et écrit tous les jours par tous pendant des siècles avant de disparaître complètement.
Ainsi, l’insolent Rabelais disait sans doute à tout va : « Je seux bien écrire, rire, boire et manger »
Pour ma part, je désire souloir conjuguer le verbe souloir dorénavant.
Quel insolent je fais hein !

Notre « SOULOIR » donna à son tour le mot « insolite » qui est en fait moins insolent avec ses origines étymologiques que le jeune « insolent » qui frise le terrorisme, la révolution et au contraire, la réaction.
Car « être insolent », c’est aussi être « réactionnaire » quelque part ; c’est-à-dire, réagir quelque peu contre l’ordre établi, la pensée commune, unique ou encore le « politiquement correct » et sa clique d’idées reçues qui inhibent de plus en plus nos esprits, nos vies et nos sociétés.

Le mot « réactionnaire » a lui aussi changé de sens et de cause au fil de temps tout comme notre bonne, vieille et insolente révolution.
Quant à l’évolution, elle n’a pas le temps d’être ni insolente, ni révolutionnaire, mais elle est réactionnaire nuit et jour celle-là !
C’est vrai qu’il est difficile et souvent courageux d’être insolent.
Et c’est fatigant en plus, surtout dans le désert.

Dans notre monde fourmillant, vibrant qui seut être à la pointe chaque seconde de l’intelligence, du bruit, de la connerie, de la nouveauté et de la mode, le badaud, le poète, le sot lent est un insolent, mais c’est le plus heureux finalement.
L’insolent se « dé-mode » comme il se démode hélas.
Il serait donc salutaire de souloir être insolent
Il faut souloir être insolent avec soi-même, pour commencer…
Tant qu’il y a de la réaction, il y a de l’évolution et donc, de la vie insolente ou pas.

(1) Souloir n’a rien à voir et à boire avec « soûler » qui vient du Latin « SATIS » (assez, satiété) ni d’ailleurs avec la « soule » (du Francique *KEULA,  objet rond) et qui est le jeu ancêtre du rugby.

Fin de loup

 

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B
<br /> Bravo et merci pour ce magnifique recadrage.<br /> Du côté pratique de la mise en oeuvre, voir http://sapiens.over-blog.com/article-un-peu-d-insolence-que-diable-55932317-comments.html#anchorComment :<br /> "Ce coté « Manque aux égards, aux convenances » est le coté qui autorise l’Insolent à sortir des cadres. A reprendre un peu de liberté. Il dénoue les hésitations et l’autocensure excessive, combat<br /> la peur de se tromper et d’être montré du doigt... pour non conformité à l'usage ou à l’IDEE QUE L’ON SE FAIT des règles ou de son image,.<br /> <br /> <br /> Sans une petite dose d’impertinence on ne pense pas « out of the box »... "<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Bacchisio : merci pour votre message et pour le lien vers ce blogue dans le lien que vous avez mis dans le com dans le blogue qui est ainsi en lien vers le mien (etc) Cela étant, l'insolence est<br /> "quantique" (comme tout dans l'univers et dans notre assiette et dans notre slip en plus — et ce n'est pas une autre histoire, néanmoins et enfin)<br /> <br /> <br /> <br />
R
L'insolence consisterait aussi à donner sciemment une fausse étymologie pour rouler lespédants dans la farine, et leur reprocher ensuite de jouer les poseurs. Malignité, pavé dans la mare, l'insolence suppose courage et une certaine rouerie, car elle s'attaque à plus forte qu'elle.<br /> http://grain-de-sel.cultureforum.net/forum.htm
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M
<br /> Rotko : Nous sommes d'accords : L'étymologie comme l'insolence sont des sports !<br /> <br /> <br />
G
Plus rien à lire depuis une semaine ... serait-il insolent d'insinuer que tu as un grand poil dans la patte ?
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G
Belle note bien documentée.Quant à moi (oui, j'aime bien la concession, tous ces bien que, malgré, nonobstant, quant à...) je ne pensais certes pas à Raimbaud quand je me tourne vers ce soleil qui fait plutôt l'insolent en oubliant de se montrer et que brrrrr...donc il suffit s'une substitution s/v pour que la volonté se pare d'un parfum d'insoumission, voire d'individuation.Peut-on souloir pour les autres ?
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S
Je trouves que tu es un saoulant, monsieur le loup. Mais je l'ai déjà dit, je crois :)
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Q
Insolence qu'un sot lance d'un seau l'anse d'un saule ancien !
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D
Moi vous savez les jeux de maux... Nous savons à peine écrire par icitte! ''Insolent'' c'est pas un adjectif pour un bon matelas?Bize
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P
Nicephore soulait rouler sous la table, chaque soir. « Je ne suis pas saoul » soulait-il dire. « Ils suelent médire de moi, je le sais, ces pisse-vinaigres de bistrotiers, mais c’est faux. Je soil boire sans ivresse moi.»
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G
L'insolent est le seul qui, après une déculottée mémorable, se fasse encore traiter de " culotté " . Donc soyez insolent, c'est le meilleur moyen de rester correct en société !
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M
Laouen : Les mots varient aussi souvent que nous, mais ils savent aussi garder leurs racines.Myrtille : Alors, soulons !Tippie : L'été il faut souloir boire beaucoup.Meerkat : Bienvenue. Attention les loups seulent être soulants.Pierre-Jean : Comme l'a fait Laouen, je le conjuguerais comme le verbe "vouloir" auquel il ressemble et dont il est du même ordre : Je seux, tu seux, il seut, nous soulons (!) vous soulez, ils seulent (etc)
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P
Le mot est tombé en désuétude il y a trop longtemps pour qu'il ait une conjugaison codifiée.
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P
Le mot est tombé en désuétude il y a trop longtemps pour qu'il ait une conjugaison codifiée.
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M
Ca alors, un éloge à l'insolence, qu'est-ce que j'aime ça ! Je savais bien que l'amour des loups ne peut pas se tromper dans les chemins vers lesquels il nous emmène.
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T
N'empeche que tu m'as donné soif avec ta note !A la tienne, Etienne... Enfin, Martin !
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M
Une insolation, c'est quand on a la joue toute rouge parce qu'on s'est pris une claque pour excès d'insolence ?Je suis d'accord pour souloir user de souloir !Il suffira que tu le seuilles pour que tous, nous soulions avec toi !
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L
Etonnante l'évolution du mot réactionnaire, qui désormais signifie exactement le contraire de ce qu'il signifiait avant.oui!!! souloisons nous nous même!peux tu stp me donner la conjugaison du verbe souloir, parce que je sèche!je comprends tout à fait ton point de vue, que je partage. Il faut être insolent, et surtout avec soi même, c'est ainsi qu'on avance. où je ne sais pas, mais dans le bon sens, et surtout dans le sens d'être en paix avec soi, et bien dans sa tête.Ce qui logiquement conduit au corpore sano.soyons insolent, soyons quantiques!bises
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